Moment fort du festival international du film de Marrakech (FIFM), l'hommage rendu au cinéma français s'est transformé, samedi soir, en une tribune pour encenser le pays qui a donné naissance aux premières images sur grand écran. Le temps d'une cérémonie, certes, courte mais chargée de symbolique, au Palais des Congères, le monde du cinéma a réservé une standing ovation aux représentants du 7ème art hexagonal. La France, berceau du cinéma, a été fêtée comme il se doit. L'Etoile d'or a été, ainsi, remise à Catherine Deneuve, grandissime figure du cinéma français, et Costa Gavras, cinéaste et président de la cinémathèque française, des mains de Martin Scorsese. Un instant de solennité immortalisé par les crépitements des flashs. "Le cinéma français nous a transmis la foi et l'amour du cinéma", lance d'emblée le réalisateur Martin Scorses (Taxi Driver, Shutter Island...) qui n'a pas tari d'éloges à l'égard du 7ème art français. "Je remercie le festival pour cet hommage et je suis honoré de remettre l'Etoile d'or ce soir. Une étoile qui consacre la qualité, la diversité ainsi que le caractère novateur et libre du cinéma français", a-t-il dit. En arrière plan, posait gracieusement une brochette d'acteurs et de cinéastes de l'Hexagone venus prendre part à la cérémonie d'hommage. Une constellation d'une cinquantaine d'acteurs et de réalisateurs français ont fait le déplacement dans la cité ocre pour la circonstance, dont Sophie Marceau, Vincent Perez, Agnès Varda, Jean du Jardin et plusieurs autres célébrités. Mis à part l'aspect cérémonial, cet hommage au cinéma français se traduira également à travers la projection de 75 films représentant l'évolution du cinéma français durant les trente dernières années. Une sélection qui propose au public de Marrakech un échantillon très large de ce cinéma avec des entrées multiples. Le bal s'est ouvert le soir même avec la projection du long-métrage "Un Balcon sur la mer" de la réalisatrice Nicole Garcia. +L'influence française+ La première projection devant les spectateurs avait eu lieu en France en 1895 et c'est, d'ailleurs, à partir de ce pays que le 7è art s'est lancé en tant qu'art et industrie. La France exerce depuis plus d'un siècle une influence majeure sur le cinéma européen et même mondial, des Frères Lumière à Amélie Poulain, de la Nouvelle Vague à l'avant-garde et de Georges Méliès au Centre national de la cinématographie. Toutefois à partir des années 1980 et avec le développement de la télévision, le cinéma français, à l'instar d'autres pays, a tenté de cohabiter avec cette redoutable concurrence. Aujourd'hui, le cinéma français coûte plus cher qu'il y a trente ans. Le budget d'un film a doublé voire triplé par rapport à il y'a une vingtaine d'années. Pour Serges Toubiana, directeur général de la cinémathèque française, "le cinéma français est devenu un artisanat de luxe. Le risque économique et artistique n'est plus le même. Chaque film est un coup de dé". Enfin, s'il y a quelque chose qui distingue le cinéma hexagonal durant les trente dernières années c'est bien la grande diversité des auteurs et les croisements entre différentes générations de cinéastes.