Robert Chastel vient de publier une nouvelle édition de son ouvrage "Témoignages et chuchotements: Histoire de Casablanca, des origines à 1952", qui offre, selon l'auteur, "un apport nouveau en images, avec un traitement meilleur". "Cette nouvelle édition est un apport nouveau en images, avec un traitement meilleur", explique Dr. Chastel à la MAP, précisant que la première page de l'ouvrage propose "un trésor" qui apporte au lecteur "le seul vestige de l'ancienne Anfa Mérinide du XVè siècle". "C'est à la voute blanche de cette construction, dépassant les hauteurs des remparts la Casa Blanca", que la ville de Casablanca doit son nom. Elle servit de prison aux captifs des corsaires de Salé au XVIIè siècle, et fut démolie en 1916, avant qu'on ne transfère ses colonnes au Parc Lyautey (Parc de la Ligue Arabe)", ajoute-t-il. "Témoignages et chuchotements: Histoire de Casablanca, des origines à 1952" offre une compilation de témoignages, de récits et de photographies sur l'histoire de la métropole. Les photographies proviennent de la collection personnelle de l'auteur et de documents parus dans les revues et journaux de l'époque. +UNE SAGA D'HISTOIRE PLEINE DE REBONDISSEMENTS+ En 319 pages, contant la saga d'une histoire pleine de rebondissements, on apprend que les premières diligences sont apparues à Casablanca dès 1910, les premiers avions en 1912, le premier télégraphe en 1908, l'installation du premier téléphone en 1913 et que l'organisation des postes au Maroc a commencé dès 1885. Dans ce livre réédité après épuisement de la première édition (parue en 2006), Robert Chastel, un médecin français exerçant à Rabat depuis 1966, et passionné d'histoire et de photographies anciennes, livre une anthologie du "vécu casablancais" illustré de photographies en noir/blanc et en couleurs, et qui repose sur un travail de mémoire depuis l'antique cité d'Anfa du XIème siècle jusqu'à la veille de l'indépendance en 1950. En effet, dans une chronique mêlant récits inédits et anecdotes insolites, l'auteur reconstitue l'évolution d'"une ville pas comme les autres" qui était auparavant "une rade foraine dont on ne prédisait aucun avenir" et qui est devenue au fil du temps la "capitale économique du Maroc et un des plus grands ports d'Afrique". Avec Casablanca, poursuit l'auteur, l'histoire, toujours prolixe, s'est permise toutes les extravagances. De même, des épisodes d'une destinée riche en événements tels le débarquement américain de 1942, la signature du manifeste de l'indépendance en 1944 et "les craquelures" de la présence française en 1952 sont narrées. "D'Anfa saccagée en 1468 par une invasion portugaise, mise à feu et à sang par une escadre française en 1907, bombardée par l'escadre américaine en 1942Œ que d'événements firent d'une médiocre rade foraine dont on ne prédisait aucun avenir, la capitale économique du Maroc et un des plus grands ports de l'Afrique", écrit Robert Chastel dans son avant-propos. Des extraits d'écrits d'époque d'écrivains tels Jean Potocki, William Lempière ou encore le docteur Frédéric Weisgerber, Christian Houel, Henri Croze et Louis de Chenier, sont repris et commentés par l'auteur. "Je me suis plu à remonter le fil du temps. J'ai laissé bruire les rumeurs, j'ai laissé le courant des jours s'effilocher à ma guise. J'ai tenu ce sablier qui mesurait le temps d'une ville, le temps de Casablanca", souligne encore Robert Chastel. +DIX ANS POUR LA COLLECTE DE DONNEES+ Auteur d'un premier ouvrage sur la ville de Casablanca, "Archives photographiques Casablanca 1900-1912" (2007), Robert Chastel a récidivé par cette chronique sur la vie casablancaise. Le travail de collecte des données a nécessité pas moins de dix ans. L'écrivain a effectué beaucoup de recherches à la bibliothèque générale du Royaume. Ensuite, le travail de sélection des témoignages, de réécriture et de mise en page a duré trois autres années. Si l'auteur s'est penché sur Casablanca, "c'est surtout parce que le Maroc moderne est passionnant et que cette grande métropole en est le laboratoire ". Dans son ouvrage, il décrit, témoignages et illustrations à l'appui, le "vieux Maroc", rappelant à cet égard, que Dar Beida (Casablanca) a été fondée en 1770 par Sidi Mohamed Ben Abdallah, sur les ruines de la vieille cité d'Anfa, elle-même envahie et saccagée par les Portugais trois siècles auparavant, en 1468. Moulay El Yazid, fils de Sidi Mohamed Ben Abdallah va laisser la ville dépérir, jusqu'en 1840, date à laquelle Moulay Abdarrahmane la fait renaître au commerce, ayant besoin d'exporter des céréales et de la laine à l'étranger. "Déroutante Casablanca, ambitieuse, industrieuse, individualiste, elle se fait son cinéma, prête à tout pour se rendre intéressante, pour polariser le devant de la scène, et pour accaparer seule les heurts et les brûlures de l'histoire", relève R. Chastel. Cette ville, ajoute-t-il, "atypique par son histoire décousue et ses extravagances, caractérielle pour avoir trop de caractère, ne peut laisser l'historien indifférent". Passionné de l'histoire du Maroc et de photographies anciennes, Robert Chastel, qui se définit comme un "Rbati de coeur", est également auteur de "Rabat-Salé vingt siècles de l'Oued Bouregreg" paru en 1993, et "Une Histoire d'eau Rabat Salé et l'Oued Bouregreg" (2009).