La hiérarchie du handball continentale s'est, une nouvelle fois, confirmée à Casablanca et seul le travail souterrain et un encadrement dans la sérénité des jeunes catégories peuvent "casser cette pérennité " pour la beauté du spectacle, a affirmé le président de la Confédération africaine de handball, le Béninois Mansourou Aremou. -Khalid Abouchoukri- Si chez les hommes, les maghrébins ont réaffirmé, à Casablanca, le statut qu'ils se sont forgés depuis des lustres en faisant le plein du carré d'or, l'état est même "endémique" dans le tournoi féminin avec la domination outrageante des angolaises de Petro, qui ont signé leur quatorzième titre d'affilée. "Un gros et inlassable travail de fond est absolument indispensable " pour restructurer, construire et progresser avec régularité pour bousculer la hiérarchie, a estimé, M. Mansourou dans un entretien accordé à la MAP, à l'issue de la 32ème ligue des champions (Casablanca 21-31 octobre). Il ne faut point espérer des recettes de sorcières pour devenir compétitif mais "mener un travail à la base, qui exige du temps et des efforts de longue haleine", insiste-t-il. En bons avisés, les tunisiens, nouveaux champions africains (hommes), sont venus conforter les propos du patron de la CAHB. Le sacre à Casablanca a été le point d'orgue du travail en profondeur effectué par l'ES Sahel, en 2007, avec le rajeunissement de l'équipe, récoltant ainsi ses fruits en inscrivant pour la première fois leur nom au palmarès après deux échecs de l'Espérance de Tunis en 1993 à domicile contre Al Ahly (Egy) et à Abidjan en 2005 face au Mouloudia d'Alger. " Nous avons construit patiemment en investissant pleinement et durablement dans les jeunes", a expliqué le chef de la délégation tunisienne à ce championnat Gana Kamel, qualifiant ce résultat de " victoire de l'ambition, de la jeunesse et du travail sérieux ". Il est frustrant de " laisser perdurer la domination des angolaises qui ôte tout suspense aux compétitions" féminines, chose à laquelle semblent, désormais, se résigner les autres. Cela n'enlève rien à la valeur et au mérite intrinsèques de Petro ainsi qu'à son travail souterrain, dans les jeunes catégories. "Ce même travail serein doit être fait ailleurs, dans les autres pays ", appuie le président de la Confédération. Au lieu de s'accommoder de cette " soumission ", les autres doivent "s'habituer à prendre leur responsabilité de formation et d'encadrement " des jeunes tout en veillant à " stabiliser et à pérenniser ce travail", conseille M.Mansourou, qui s'est félicité du nombre des équipes engagées à Casablanca, 27 dont dix féminines, un record de participation qui traduit un réel engouement. Dans le but de promouvoir la discipline au niveau continental, la CAHB compte lancer l'année prochaine, les championnats des jeunes filles après ceux des cadets et juniors (garçons) en vue de contribuer à l'amélioration de la qualité du produit féminin. Le fossé commence, toutefois, à être réduit entre l'Angola et certaines autres nations africaines, fait-il remarquer. Lors de la coupe d'Afrique des Nations, en janvier dernier au Caire, le sept féminin angolais n'a eu raison des tunisiennes en finale qu'à la différence d'un but, cite-t-il en exemple puisque "plus on monte dans la gamme préparation et formation plus l'écart de la suprématie se réduit ". En compétitions de clubs à Casablanca, les congolaises de l'Inter ont aussi fait douter les incontestables favorites en faisant jeu égal particulièrement en première période avant de se mettre sur les genoux en seconde. Si le résultat n'était pas au rendez-vous, l'équipe a fière allure. La force mentale a pesé lourd sur la fin tout comme la fatigue sur la bonne qualité du jeu. L'impact de l'épuisement après dix jours de compétitions a été perceptible en demi-finales avec des scores fleuves. "La CAHB doit changer, à l'avenir, de formule de programmation afin de permettre aux équipes de récupérer pour fournir un meilleur spectacle", a suggéré M. Mansourou Aremou. La crédibilité des compétitions est un autre challenge à relever pour la CAHB qui, de " façon ferme, a décidé de faire le ménage " en disqualifiant quatre formations pour non régularisation des frais de participation. Les mentalités doivent changer. " Ou les équipes viennent ou elles ne viennent pas ", la CAHB " ne tolérera plus d'être devant le fait accompli par des formations refusant de s'acquitter de leurs droits " une fois sur place, faisant endosser à l'organisateur des frais colossaux supplémentaires. Elle va aussi dire basta aux désistements de dernière minute ou après tirage au sort " si ce tirage les fait frémir ", ce qui décrédibilise la discipline, a regretté Mansourou qui est à mi parcours de son mandat de quatre ans et qui désire " donner de bonnes habitudes à ces équipes ". L'instance dirigeante du handball africain commencera ainsi à faire " un peu d'ordre en exigeant une caution non remboursable" afin d'amener les équipes à confirmer leur engagement de participation, a-t-il dit.