Le financement rural et agricole constitue, plus que tout autre secteur, "un levier déterminant" pour la création de richesses, a affirmé le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, M. Aziz Akhannouch. S'exprimant, jeudi à Marrakech, à l'ouverture du 3-ème Congrès international sur le financement rural et agricole, M. Akhannouch a relevé qu'il s'agit là de fournir les meilleurs outils d'accompagnement aux opérateurs économiques et d'adapter la pratique financière, notamment en termes de gestion du risque, aux contraintes particulières des cycles économiques agricoles. Il a, dans ce contexte, fait observer que l'enjeu pour la finance agricole aujourd'hui au Maroc consiste à s'adapter à l'environnement rural et agricole pour accompagner l'implication de plus en plus forte des pouvoirs publics en faveur de cet environnement. Cette rencontre internationale, placée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, se tient à un "moment déterminant" pour le secteur agricole au Maroc, a-t-il dit, rappelant à cet effet que sous l'impulsion du Souverain, le Royaume avait adopté depuis deux ans le plan "Maroc Vert" comme stratégie de relance de ce secteur. Ce plan, a-t-il précisé, "porte l'ambition d'une agriculture moderne, compétitive, exportatrice et capable d'éradiquer la pauvreté en intégrant les petites exploitations dans les circuits économiques structurés et en pérennisant les revenus des petits agriculteurs". Les modèles d'agrégation préconisés par ledit plan et qui ont fait leur preuve permettent de contourner de lourdes contraintes, dont la taille très réduite des exploitations ou la contrainte de leur statut juridique, plus particulièrement la difficulté d'accès au financement, a-t-il ajouté. Le ministre a fait remarquer que l'approche nationale en la matière est aujourd'hui confortée par l'appui de partenaires bailleurs de fonds tant nationaux qu'internationaux qui ont "pleinement souscrit" au plan "Maroc Vert" dont l'objectif en termes d'investissements représente plus de 10 milliards de dollars à l'horizon 2020. M. Akhannouch a, à ce propos, signalé que le Crédit agricole du Maroc est "pleinement engagé" dans ce plan, notant que cet organisme, à travers la mobilisation d'une enveloppe financière significative, a renforcé son intervention historique dans le secteur agricole et son rôle de partenaire auprès de l'Etat. Ce partenariat, a-t-il expliqué, revêt un caractère d'innovation dans la mesure où il s'appuie sur différents types de financement, dont le financement classique de l'investissement et les crédits de campagne, le financement par microcrédit et le financement des catégories non éligibles aux financements classiques à travers un mécanisme original de fonds de garantie. Pour sa part, le ministre thaïlandais des Finances, M. Korn Chatikavanij, a plaidé pour la confrontation des expériences et le partage des échecs et des succès pour améliorer et faciliter les procédures d'accès des agriculteurs au financement. Il a également appelé à tirer profit de ces assises internationales en engageant un débat de fond sur la situation précaire que vivent les agriculteurs de par le monde et sur les moyens à même de faire face aux multiples problématiques qui entravent la promotion du secteur agricole. Auparavant, le président du directoire du Groupe Crédit agricole du Maroc, M. Tariq Sijilmassi, a indiqué que la tenue de cet événement d'envergure survient alors que le monde est confronté à des crises majeures pour lesquelles les institutions de crédit agricole sont fortement interpellées. Dans ce cadre, il a cité la crise financière internationale qui rend plus difficile l'accès aux crédits et qui a élargi les disparités et accentué la pauvreté, la crise alimentaire avec les fluctuations des prix des denrées alimentaires et le renchérissement d'un nombre de produits, ainsi que les défis liés au développement durable. Les Crédits agricoles de par le monde sont appelés aujourd'hui à se concentrer davantage, à oeuvrer au mieux pour le bien-être du secteur agricole, à réinventer le métier et à porter un regard sur ces milliards de personnes qui vivent dans la ruralité, a-t-il dit. Les autres intervenants ont été unanimes à souligner que le financement de l'activité agricole reste confrontée à plusieurs problématiques, estimant que la question de l'alimentation aura des conséquences, qu'on le veuille ou non, sur l'ensemble de la communauté internationale. Ils ont, à cet égard, préconisé le développement du microcrédit en matière agricole et rural, l'organisation de la filière, l'échange des expériences et des idées, la mutualisation des savoir-faire, la transformation de la diversité en chances et atouts ainsi que la prise de conscience que le problème de l'alimentation est une responsabilité partagée. Organisé par le Groupe Crédit agricole du Maroc et l'Association de Crédit agricole pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord (NENARACA), ce forum de deux jours réunit plus de 300 dirigeants des institutions et organismes de financement dédiés au monde agricole et rural ainsi que des représentants des institutions financières internationales, dont la Banque mondiale, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Fonds international de développement agricole (FIDA). Ce congrès, qui s'insère dans la droite ligne du Sommet du Millénaire, propose notamment de mettre en avant le rôle majeur des institutions financières dédiées au financement agricole et rural, stimuler l'échange et la mutualisation des expériences à l'échelle internationale et de réfléchir au renforcement des actions menées par ces organismes. "Le risque en agriculture", "Nouvelles méthodes de financement et pratiques innovantes" et "Négociations climatiques : Quelles implications pour l'agriculture" sont les trois principaux axes à l'ordre du jour de cette rencontre.