Le Maroc a appelé, lundi à Genève, à éviter toute surenchère ou politisation du processus d'examen du Conseil des Droits de l'Homme (CDH) de l'ONU, invitant à appréhender ce processus avec un esprit de réalisme et de pragmatisme, en se focalisant sur les attentes de la Communauté internationale dans le Conseil. Intervenant lors de la 1ère Session du Groupe de travail intergouvernemental sur la révision des travaux et du fonctionnement du Conseil des Droits de l'Homme, l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Office des Nations unies à Genève, M. Omar Hilale, a fait remarquer que la révision du CDH représente une réelle opportunité pour la communauté internationale afin d'améliorer le travail et le fonctionnement de cet Organe et renforcer ses capacités à remplir pleinement son mandat. L'objectif, a-t-il poursuivi, est également de garantir une meilleure participation de tous les acteurs concernés et d'établir un vrai dialogue basé sur la coopération et l'entente mutuelle et in fine, réussir la noble mission d'améliorer les conditions des droits de l'Homme pour tout le monde et mettre un terme aux violations de ces droits partout où elles se passent. Le diplomate marocain a souligné que la révision du Conseil des Droits de l'Homme, instance qui représente le temple des droits de l'Homme et qui devrait à ce titre, servir d'espace de dialogue, de coopération internationale et d'entente mutuelle, doit être un processus à double voie. Il s'agit en premier lieu d'encourager le dialogue et l'écoute d'autrui. Autrement dit, faire preuve de flexibilité et accorder l'attention appropriée à toutes les propositions qui seront présentées durant ce processus, a-t-il expliqué. M. Hilale a insisté, en second lieu, sur la nécessité d'éviter toute surenchère ou politisation de ce processus et de l'appréhender avec un esprit de réalisme et de pragmatisme, en se focalisant sur les attentes de la Communauté internationale dans le Conseil. Il a fait savoir, dans ce contexte, que le Maroc adhère totalement et pleinement à l'ambition du Préside de sanctionner ce processus par un document consensuel, notant avec satisfaction que le consensus n'est pas uniquement un état d'esprit mais un modus operandi devant présider à cette révision. La promotion et la défense des droits de l'Homme ne sont le monopole ni d'une délégation, ni d'un groupe régional ou un groupe de pays, mais une obligation internationale incombant collectivement et individuellement à chaque pays, a estimé l'ambassadeur marocain. Il a souligné que le Paquet institutionnel doit à cet effet, être préservé et que ses acquis, difficilement obtenus, ne doivent être altérés ni par une relecture ni un peaufinage politique, en particulier l'agenda et le cadre du programme de travail du Conseil. Après avoir fait observer que le Conseil des Droits de l'Homme représente, en lui-même, un développement majeur par rapport à la Commission des Droits de l'Homme dans la promotion et la protection des droits de l'Homme au niveau onusien, M. Hilale a signalé que la création de ce Conseil, bien que récente, a permis de contribuer au dépassement des clivages, de la politisation et des doubles standards de la Commission. Les méthodes de travail du Conseil des Droits de l'Homme favorisent un climat de dialogue et de respect mutuel et le CDH a minimisé, à un certain degré, la culture du blaming and shaming, a ajouté le diplomate marocain, expliquant à cet égard que la mise en place de l'Examen Périodique Universel, comme un mécanisme d'examen par les pairs, a mis, à pied d'égalité, tous les pays du monde et que la tendance de présenter des initiatives par le biais de plateformes interrégionales a démontré que le dialogue et la coopération peuvent aboutir au consensus. Il a aussi précisé que la création d'un think-tank du Conseil, en l'occurrence le Comité consultatif, a contribué à mettre au service du Conseil une expertise hautement qualifiée et diversifiée avec des mandats bien définis, ajoutant que l'exemple par excellence est la Déclaration des Nations Unies sur l'éducation et la formation aux droits de l'Homme qui a constitué la première mission accomplie avec succès par le Comité en matière de développement de nouvelles normes internationales. Il a également signalé, dans ce même contexte, que la tenue de sessions tout au long de l'année a permis de garder une attention et un engagement constants de la part des Etats aux questions des droits de l'Homme. "Avec ces nombreux acquis et malgré la persistance regrettable de certaines pratiques de la défunte Commission, le Conseil est en mesure de remplir pleinement sa noble mission", a soutenu M. Hilale, soulignant qu'à cette fin, il est nécessaire de "conjuguer nos efforts et de faire preuve de volonté politique et d'engagement résolu par tous afin d'atteindre notre objectif commun d'améliorer le fonctionnement du Conseil". "C'est pour cela que nous devons être à la fois ambitieux et réaliste, ouvert aux sensibilités et suggestions des autres, mais flexible lorsque le consensus est en jeu", a-t-il conclu.