L'ancien représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Erik Jensen, a mis en garde, jeudi à New York, contre les risques d'un "Sahelistan" aux portes du Maghreb si la question du Sahara n'est pas résolue rapidement. "Il faut résoudre la question du Sahara pour faire face aux menaces à la sécurité et à la stabilité dans la région du Sahel", a affirmé Erik Jensen qui s'exprimait devant la 4ème commission de l'Assemblée générale de l'ONU. Et de pointer du doigt "la prolifération d'activités terroristes et de trafic en tout genre dans la région où meurtres et enlèvements deviennent monnaie courante, ce qui illustre d'autant plus, a-t-il insisté, la vulnérabilité de cette région". Plus le processus de règlement de ce conflit "s'enlisera, plus les positions vont se raidir, les frustrations s'exacerber et la probabilité de troubles et d'instabilité régionale s'accroître", a averti M. Jensen. Cette "sombre perspective" ne peut l'emporter sur une solution politique négociée basée sur le réalisme et le compromis telles que soulignées par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a dit cet ancien haut responsable onusien, qui a exercé dans la région de 1993 à 1998. La proposition marocaine d'autonomie, qualifiée par ce même conseil de sérieuse et crédible, est à même, d'après lui, de constituer une base pour les négociations et mettre un terme à ce conflit. Il a rappelé, à cet égard, à l'assistance que, lors des négociations menées en 1996, sous sa supervision, le polisario avait, pourtant, accepté l'idée de discuter d'une solution politique fondée sur l'autonomie. Les ministres des Affaires étrangères français et espagnol ne s'y sont pas trompés quand ils ont souligné, il y a quelques jours, la "nécessité urgente d'arriver à une solution juste, durable et mutuellement acceptable", a tenu à souligner M. Jensen devant les représentants des Etats membres de l'ONU. Pour l'ancien représentant du Secrétaire général de l'ONU, auteur de l'ouvrage "Sahara : Anatomie d'une impasse" (2005), toute solution négociée est préférable au statu quo actuel qui a conduit à la dégradation de la situation dans la région à cause de ce conflit artificiel qui mobilise depuis 35 ans les ressources et énergies des pays de la région au détriment du développement économique et social. Il a attiré, à cet égard, l'attention sur le danger potentiel auquel sont exposées les populations dans les camps, privées de conditions de vie décentes, et entièrement dépendantes de l'assistance humanitaire. Erik Jensen a rappelé, dans ce contexte, qu'en dépit de la recommandation contenue dans le dernier rapport du Secrétaire Général de l'ONU sur le Sahara, l'Algérie continue d'empêcher le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) de mener le recensement des populations dans les camps de Tindouf et ce conformément à son mandat.