L'ancien représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Erik Jensen, a affirmé, mercredi à New York, que le recensement des populations dans les camps de Tindouf est une «obligation juridique qui relève du mandat du Haut Commissariat aux Réfugiés» (HCR) et à laquelle l'Algérie doit se soumettre. Il est «difficile de fournir une aide humanitaire dans les camps de Tindouf», en Algérie, en l'absence d'un recensement exhaustif des populations vivant dans les camps, a affirmé M. Jensen qui s'exprimait devant la 4-ème Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies. «Nous ne connaissons pas le nombre précis puisque le Haut commissariat aux Réfugiés n'a jamais été autorisé à faire le recensement d'usage»des populations très dépendantes de l'assistance humanitaire, vivant au «sud de l'Algérie dans un désert rocailleux ou peu de chose pousse et où les chameaux eux-mêmes ont du mal à survivre», a-t-il ajouté. «Nous connaissons le danger potentiel auxquels sont exposées les populations privées de conditions décentes de vie et sans aucun espoir d'aspirer à un avenir meilleur», a regretté ce fin connaisseur du dossier qui a exercé dans la région de 1993 à 1998 et qui a préféré «plaider pour des actions réalistes» devant les représentants des Etats membres de l'ONU. Le Haut commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, Antonio Guterres, qui vient d'effectuer une tournée dans la région, a reconnu ce problème et a insisté sur le fait que le recensement doit avoir lieu, a rappelé M. Jensen, pour qui une solution serait que les pays donateurs «exercent une pression» afin que ce recensement soit entrepris. Auteur d'un ouvrage intitulé «Sahara : Anatomie d'une impasse» (2005), Erik Jensen est largement revenu sur l'initiative marocaine d'autonomie. Cette initiative qualifiée de «sérieuse et crédible» par le Conseil de Sécurité de l'ONU a enclenché une dynamique pour les pourparlers, a relevé ce haut fonctionnaire international. Dans cette dynamique, les pays de la région ont un «très grand rôle à jouer», a-t-il insisté. Il a évoqué, à cet égard, le coût de la non intégration régionale en Afrique du Nord, une région aux ressources naturelles et humaines considérables, située dans un carrefour stratégique. Une région dont le tiers de la population a moins de 15 ans et qui, si elle est «désabusée et frustrée, peut constituer un terreau fertile pour les extrémistes», a-t-il mis en garde, faisant observer que le «désert, avec une faible densité et des frontières poreuses et incontrôlables, offre une large étendue pour tout genre d'action». «Car la menace terroriste perçue par les Etats-Unis et l'Europe est +bien sérieuse+», a-t-il averti, appelant «dans l'intérêt de toute la région et du voisin européen que les Etats du Maghreb fassent preuve de volonté politique pour résoudre un conflit, qui plus qu'aucun autre, entrave le futur des peuples du Maghreb».