Repeupler les oasis de Tafilalet est désormais un objectif à réaliser à l'horizon de 2015. Un million de palmiers dattiers devraient être plantés à cette échéance, à la faveur d'un montant global de 1,25 milliards de dh, au grand bonheur des défenseurs de l'environnement. - Par Mustapha Elouizi - Les experts et connaisseurs intervenant dans le cadre de la première édition du Salon International des dattes (SIDATTES 2010), le soulignent grandement. La prise de conscience du Maroc de la relation intrinsèque entre environnement et développement durable est désormais un fait avéré. Ce n'est pas tout, car à l'horizon 2030, plus de deux millions de palmiers dattiers devraient renforcer les palmeraies de la région. Ceci dénote, si besoin est, de l'engagement réel et manifeste du Maroc envers les exigences environnementales, mais aussi de la volonté d'intégrer l'ère du développement durable. Ingénieur en chef d'horticulture, Mohamed Berrichi, qui est intervenu samedi, dans le cadre des journées scientifiques des dattes, a étalé à la fois les potentialités du secteur, comme les contraintes qui handicapent son développement, mettant l'accent sur l'importance de l'organisation interprofessionnelle. Chiffre à l'appui, il démontre que l'avenir de ce secteur est bel et bien prometteur. Ainsi, il sera procédé à l'introduction, dans une première étape, de 750.000 vitro-plants sur 4.000 Ha et la mise en place d'une pépinière de production des vitro-plants et de cinq unités de conditionnement des dattes. Les résultats escomptés doivent changer complètement la donne oasienne, puisque non seulement la production doublera d'ici dix ans (de 26 mille tonnes moyennes, à 53 mille tonnes), mais aussi les produits de qualité seront hissés du nombre de 16 à celui de 61 variétés de qualité. Le palmier dattier, arbre providentiel qui joue en effet un rôle prépondérant en matière écologique et environnementale, aide grandement à la création d'un microclimat indispensable au bon développement des cultures sous-jacentes et constitue, par conséquent, le pivot de l'écosystème oasien. Socle fondamental de l'agronomie oasienne, le palmier dattier permet ainsi aux agriculteurs de la région de déboucher sur trois étages de végétation (les cultures saisonnières annuelles ou pluriannuelles, les arbres fruitiers et le palmier dattier). Et outre sa capacité à désaliniser le sol, cet arbre est peu exigeant en ressources hydriques et en terre fertile. Cette initiative est à même également de restaurer l'écologie de l'écosystème oasien, dans la mesure où elle permettra de régénérer et de pérenniser le cadre environnemental des populations soumises à de fortes contraintes naturelles. Il est ainsi un écran de la protection contre les phénomènes d'ensablement et de désertification. La préservation de l'environnement nécessite aussi que cette opération de repeuplement des oasis du Tafilalet soit accompagnée d'une augmentation des variétés génétiques des palmiers dattiers et de la promotion d'une exploitation optimum de cette diversité. La composition variétale actuelle est, en effet, caractérisée par des variétés connues à l'échelle nationale et internationale, telles que le Mejhoul et le Boufeggous qui ne représentent que 26 pc du patrimoine phoenicicole, mais aussi de la variété Nejda résistant au Bayoud. Certes, cela exige de la part des responsables d'aller à l'encontre des forces du marché, mais il suffit, selon certains experts, de développer des marchés alternatifs pour valoriser les produits et les sous-produits des variétés et/ou khalts, qui s'adaptent efficacement aux aléas climatiques et environnementaux. Outre l'avantage que présente l'extension de leur superficie sur le plan environnemental, les palmeraies joueront pleinement leur rôle dans la fixation des populations dans leurs oasis. Etant une source durable d'un aliment de base pour les oasiens, et une matière première pour l'élaboration de produits alimentaires de grande valeur énergétique et diététique, les palmiers dattiers sont ainsi au cÂœur des solutions intégrées possibles contre les maux sociaux engendrés par l'exode rural. Le souci environnemental étant étroitement lié à la question sociale, ce projet prometteur de la plantation d'Un million de palmiers dattiers à l'horizon 2015 profitera à 6.000 agriculteurs et permettra de générer 450.000 journées de travail. Ce serait donc allier l'utile à l'indispensable.