Des ONUs internationales opérant dans le domaine de l'aide humanitaire ont tiré la sonnette d'alarme quant à la dégradation de la crise alimentaire dans plusieurs pays de l'Afrique subsaharienne et particulièrement au Sahel. Parmi les pays les plus affectés par cette crise alimentaire aigue, figure le Niger où des millions de personnes se trouvent menacées par la famine après une saison agricole aux maigres récoltes à cause de la sécheresse. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a lancé un appel urgent pour la collecte d'un montant de 3,3 millions de dollars afin de pouvoir fournir "une aide cruciale et potentiellement salvatrice à 385.000 personnes au Niger", selon un communiqué dont copie est parvenue à MAP-Dakar. Cela représente une nette augmentation des besoins en fonds par rapport à un appel d'urgence initial lancé en mars, indique la FICR, expliquant que ce nouvel appel aux donateurs reflète "une aggravation de la situation pour des millions de Nigériens". Une nouvelle évaluation publiée par le gouvernement du Niger en mai dernier a montré que le nombre de personnes touchées par l'insécurité alimentaire, qualifiée de sévère, est passé de 2,7 à 3,3 millions de personnes, précise la représentation régionale de la FICR basée à Dakar. Au total, près de la moitié de la population du pays, soit 7,1 millions de personnes, est confrontée à des pénuries alimentaires aigues, souligne-t-on. Depuis mars, les volontaires de la Croix-Rouge au Niger sont intervenus auprès des familles dans plus de 210 villages répartis sur trois régions du pays. Au total, en collaboration avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM), les volontaires de la Croix-Rouge ont distribué des vivres à plus de 12.000 personnes et prévoient d'atteindre plus de 100 000 autres courant juillet. D'autre part, l'Ong humanitaire "Oxfam" dresse un tableau des plus sombres concernant la situation alimentaire dans plusieurs pays du Sahel, avertissant que cette crise alimentaire risque de tourner rapidement au "désastre" à défaut d'une intervention urgente de la communauté internationale. Les responsables de l'antenne de l'Ong à Dakar ont assuré, dans une conférence de presse, qu'il est urgent de "sensibiliser les gouvernants et la communauté internationale à l'ampleur et la sévérité de la crise alimentaire qui secouent différents pays du Sahel, en particulier, le Niger, le Tchad et le Mali mais aussi le nord du Nigeria, la Mauritanie et le Burkina Faso". La situation est telle que des femmes sont réduites à casser des fourmilières pour récupérer quelques graines où à partir toute la journée à la recherche de plantes sauvages pour subvenir aux besoins vitaux de leurs progénitures, racontent les responsables de l'Ong. Au Mali, au nord du Niger et dans plusieurs régions du Tchad la faiblesse des pluies en septembre dernier s'est traduite par une importante chute de la production agricole et une forte dégradation des zones pastorales qui a occasionné la décimation de 40 pc du cheptel, précise-t-on de même source. Les populations, particulièrement en milieu rural, ont tout misé sur les semis au début de la saison agricole et se trouvent actuellement dans l'incapacité d'acheter des céréales sur le marché. La flambée des prix des céréales et des matières de première nécessité sur les marchés intervient pour aggraver cette situation de précarité, selon l'Ong qui estime que 10 millions de personnes sont dans un besoin urgent d'aide alimentaire dans ces trois pays.