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Feu Abdelkébir Khatibi touchait à différents genres littéraires difficilement dissociables dans son écriture (rencontre)
Publié dans MAP le 14 - 07 - 2010

Feu Abdelkébir Khatibi, tour à tour "poète, romancier et essayiste" a fait l'objet d'un débat, mardi à la villa des arts de Rabat, durant lequel les intervenants ont peiné à classer l'oeuvre de cet auteur qui vaut son pesant d'or, tellement elle touche à différents genres littéraires difficilement dissociables dans son écriture.
- Par Roukane El Ghissassi -
Le professeur Abdessalem Cheddadi (enseignant à l'Université Mohamed-V de Rabat), ayant modéré cette rencontre, qui s'inscrit dans le cadre de la 4-ème édition du Café L 21 initiée par la Fondation ONA en partenariat avec le magazine Littéraire du Maroc, qualifiant dès le départ Khatibi d'auteur "prolifique", a espéré obtenir une réponse à une question dont il donnait l'impression qu'elle le taraudait : Qu'est ce qui peut bien primer dans l'écriture khatibienne : le poétique, le romanesque ou l'autobiographie ? ".
Apportant quelques esquisses de réponse, mais significatives, le professeur Khalid Zekri (professeur à la faculté des lettres à Meknès) a estimé, qu'il sera, certes, difficile de dissocier le poétique du narratif chez cet auteur, étant donné, a-t-il expliqué, que ces deux formes d'écriture s'enchevêtrent dans son écriture, à travers laquelle chaque texte véhicule un rythme, un langage, un souffle et un code interne, sur lesquels viennent se greffer la passion qu'avait cet auteur de la langue. Khatibi n'affirmait-il pas haut et fort que son amour de la langue était "toujours libre pour disposer de ses jours et de ses nuits blanches".
Dans l'essai, cependant, a enchaîné Zekri, "la dimension du +je+, de la subjectivité, sont visibles et s'expriment de manière forte" par rapport à des objets touchant différents champs de langage, du bilinguisme et de l'identité où le " Même" et "l'Autre" se livrent à une confrontation et à un débat qui outrepassent les cadres conventionnels.
L'auteur Khatibi cherchait continuellement à contourner cette distance qu'il considérait mobile et immobile à la fois dans cette pensée autre qui lui permetttait d'entrer "dans une période clarification", affirmait-il dans ses écrits.
L'espace identitaire et la situation transculturelle titillent les concepts du bilinguisme dans son essai "Amour bilingue" notamment, où Khatibi opte pour un cadre romanesque où il va asseoir une approche d'ordre théorique. Dans certains passages de cet ouvrage, d'une grande densité dans le contenu et beauté dans le style, la narration est à la quête de l'essai qui prend en otage le pamphlet. La fiction, quant à elle, n'est plus qu'un prétexte pour exprimer un don de son émotivité qui lui permettait de voir clair.
Evoquant, par ailleurs, la passion que manifestait Khatibi pour les artistes-peintres, le professeur Zekri a estimé que s'il devait y avoir un lieu d'énonciation chez cet écrivain, ce serait bien celui de "l'art" auquel Khatibi a consacré bon nombre d'écrits, à tel point que certains critiques dans la salle, lors de cette rencontre, ont estimé que si "Khatibi n'était pas écrivain, il aurait été artiste".
S'attardant également sur la prolixité de ses ouvrages, le professeur Hassan Moustir (faculté des Lettres à Rabat) a, pour sa part, estimé l'Œuvre de Khatibi comme étant de "protéiforme" qui reste marquée, a-t-il souligné, par "un foisonnement et un croisement de cheminements dans l'écriture qui n'exclut pas, toutefois, un fonds investi dans la trame poétique et narrative".
Lorsque Khatibi écrit, il donne un point de départ à son projet d'écriture, qui n'est autre qu'une réaction par rapport à un certain repli identitaire, et désire du même coup l'inscrire dans une vision globale et universelle, a expliqué ce professeur de littérature.
Cet auteur se projette en permanence dans un univers nouveau, qui relève du "féerique", à l'instar de l'atmosphère dans laquelle l'écrivain français Chateaubriand installe son lecteur. Le passé il n'en a cure et n'en a rien à ajouter. Le futur en revanche, il le voit s'accumuler devant lui : "de l'amour, que de l'amour", clamait-il comme les mystiques.
Le roman "Un été à Stockholm" ou encore "Triptyque à Rabat", qui épouse manifestement le canevas de la structure romanesque, illustrent parfaitement cette situation où Khatibi provoque un effet de "défamiliarité", étant donné que son écriture n'a jamais été confinée et conditionnée à un espace ou un lieu quelconque, a ajouté le professeur Moustir.
Abordant un tout autre registre du discours khatibien, le professeur El Hachlaf Mostafa (faculté des Lettres à El Jadida) a, quant à lui, qualifié Khatibi de "grand stratège" qui a su "convertir ses écrits sociologiques en plusieurs genres romanesques, poétiques et essais".
Le professeur El Hachlaf, qui évoquait sa rencontre avec Khatibi qui avait porté au départ sur "l'identitaire", a dit : cet auteur a "mis sens dessus-dessous les choses chez moi".
L'écrit khatibien, par son retour récurrent et constant sur l'identité interculturelle, place toujours en avant "un moi" de l'être bilingue, qui est à fois juge et partie de son "rapt culturel".
Le français n'est pas ma langue maternelle, j'y suis venu par un heureux hasard et je porte dessus le regard d'un "étranger professionnel", disait Khatibi.
Cette notion freudienne d'étranger professionnel que Khatibi souligne, est-elle un aboutissement ? ou un éternel retour ? ou une relique de la fracture culturelle ?.
"Lorsque vous rentrez chez Khatibi", ajoute professeur, un ton ému, "il vous contamine, les choses se complexifient à vos yeux". Cet auteur, qui a légué plus d'une trentaine d'ouvrages, dont 19 sont des essais, était intéressé par un récit qui s'inscrit dans "une portée universelle" et qui porte une réflexion théorique devant être le lieu d'une interrogation qui secoue le lecteur pour éveiller sa vigilance.
Khatibi "syntaxier" également, tenait à rester soi-même en permanence dans plusieurs traductions. Lorsqu'il écrivait, il était dans la situation d'un "équilibriste" qui ne pouvait se permettre de vaciller. Concis dans écriture, Khatibi étai, comme le sont les maîtres dans leurs plaidoiries, a renchéri le professeur. Son ouvrage "Vomito Blanco: le sionisme et la conscience malheureuse" en est le témoin vivant .


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