Le football marocain a une fois encore été à la dérive et failli à sa mission. Et ce ne sont pas les argumentations qui manquent. Par Salah AOUNI L'année 2009 a été marquée par une chute vertigineuse du ballon rond national au classement FIFA, passant de la 41è à la 67è position, derrière le Bénin, le Burkina, le Gabon.N'est-ce pas là, si besoin est, une attestation certifiée de cette régression ? Une autre saison catastrophique vient donc prolonger la spirale négative des échecs des Lions de l'Atlas, icône de ce sport le plus populaire et surtout le plus doté en termes de moyens. Quoique la Fédération royale marocaine de football (FRMF) soit l'une des plus nanties du Continent, les résultats ne suivent pas. La belle illustration en était la double élimination du Maroc de la CAN et du Mondial 2010, au terme d'un scénario des plus tristes de l'histoire du football national. En effet, jamais les Lions de l'Atlas n'ont été aussi ridiculisés qu'au cours de ces éliminatoires marathoniennes achevées sans la moindre victoire et surtout avec trois défaites, dont une humiliante concédée à Casablanca devant le Gabon en ouverture du groupe A. C'est aussi sur une "fabuleuse" contre-performance que l'aventure s'est achevée après un revers (0-2), très attendu cette fois, contre les Lions Indomptables du Cameroun, venus à Fès enfoncer le dernier clou dans le cercueil des Lions de l'Atlas. Et ils étaient pourtant quatre entraîneurs (le sélectionneur Hassan Moumen et ses adjoints Ammouta, Sellami et Bennaciri) à contribuer à cette débâcle, après avoir été appelés à la rescousse à mi-chemin, en vain, en remplacement du Français Roger Lemerre, limogé pour manque de résultats (une défaite et 2 matches nuls). Cette gestion "à quatre", une des anecdotes du football moderne, a mis à nu l'amateurisme des dirigeants du football national et la limite de leurs compétences. Les Marocains suivront ainsi le premier Mondial "africain" sans les leurs, absents de la plus haute messe footballistique planétaire pour la troisième édition consécutive. Pour les phases finales de la CAN, l'équipe nationale s'absentera pour la première fois depuis 1996 en Afrique du sud. Ce feuilleton dramatique plié et la mission de ce quatuor finie, l'équipe nationale traverse actuellement un passage à vide, qui lui aurait toutefois servi de recul avant de passer aux choses sérieuses. +A Quand le professionnalisme?+ Ce bide retentissant s'est fait ressentir également au niveau des clubs nationaux qui étaient incapables de se frayer une position honorable sur les échiquiers régional et continental. Hormis un parcours au goût d'inachevé du Wydad de Casablanca, battu en finale de la Ligue des champions arabes pour la deuxième année de suite, la présence marocaine sur les scènes arabe, régionale et continentale a été des plus sombres. La formation des FAR, l'Ittihad de Khémisset et le Moghreb de Fès ont été éliminés des compétitions de la Ligue des champions et de la Confédération africaine (CAF) sans avoir eu même la sensation d'y avoir participé. Outre les résultats, les clubs nationaux de l'élite (divisions 1 et 2), dans leur grande majorité, végètent toujours dans l'amateurisme et peinent à se débarrasser de ce statut d'associations qui leur colle à la peau, en particulier sur le volet de la gestion dans toutes ses formes (administration, finances, technique). L'infrastructure reste également une faiblesse majeure pour le football national. En ces temps du troisième millénaire et de la mondialisation, des clubs de l'élite sont contraints de recevoir loin de leurs bases, privés de leur public et soumis à davantage de dépenses, à défaut de posséder des stades aptes à abriter des matches du Championnat national (D2) ! Le professionnalisme du football national et sa mise à niveau sont censés apporter des réponses à toutes ces problématiques qui ne font que barrer le chemin vers le bon port d'un sport appelé à mettre sa pièce dans l'édifice pour l'accompagnement des mutations et des chantiers colossaux lancés dans le pays. +Le football féminin, parent pauvre de la FRMF+ Lorsque l'élite se trouve dans une situation peu enviable, c'est forcément les catégories inférieures qui en payent les frais. Et c'est tout à fait logique que les résultats obtenus au niveau des jeunes restent en deçà des aspirations, pis encore lorsqu'il s'agit d'un championnat féminin, dernier souci des responsables. Dans les catégories masculines des -18 et -16 ans, le Maroc s'est contenté de la 3è place aux tournois de l'Union nord-africaine (UNAF) disputés respectivement à Tripoli et à Kenitra, tandis que la sélection des -21 ans a terminé au pied du podium lors des Jeux de la Francophonie à Beyrouth. Concernant la gente féminine, la Fédération a eu le courage en fin de lancer cette année le championnat national seniors, mais la saison a débuté par de multiples forfaits, tantôt pour manque de moyens, tantôt pour indisponibilité de terrain. Et c'est parti donc pour une saison expérimentale, pourtant appelée à mettre en évidence les efforts consentis pour la promotion et la vulgarisation de cette catégorie. En cet état des choses, il serait aberrant d'imaginer l'évolution, voire même l'existence d'une sélection nationale féminine capable de rivaliser à haut niveau, du moins sur le plan continental.