Les mémorables chansons de Lemchaheb et les rythmes et danses gnaouis de Hamid Lkasri ont captivé les foules venues pour assister, jeudi, à la troisième soirée artistique de la cinquième édition du festival culturel d'Errachidia. Dédiée au patrimoine, le spectacle offert lors de cette soirée a tenu toutes ses promesses, les milliers de gens venus d'un peu partout ne sont pas restés sur leur faim. Ils ont tous fait un voyage dans les dédales des rythmes variés, des registres différentiels et d'instruments et costumes hauts de couleurs. Du Hajhouj pénétrant de Hamid Lkasri à la stridente mandoline chère à feu Moulay Cherif Lamrani, du texte toujours engagé aux mots à inspiration spirituelle et des costumes traditionnels en blanc, noir et rouge des Gnaoua aux fidèles tenues étincelantes en jaune et rouge, la scène de la place Hassan II a rarement vécu autant d'éclat. Et pour finir en beauté ce spectacle harmonique, les deux formations musicales ainsi que la troupe d'Al Gadra de Guelmim avec ses costumes sahraouis en blanc et bleu, ont interprété un morceau fusion, qui a émerveillé et ébahi par ses couleurs, sa musique riche de rythmes et de registres. Les aires musicales de Hamid Lkasri et ses parfaites fusions auront ainsi donné la preuve que ce natif de Ksar Lekbir reste l'un des chanteurs gnaouis marocains les plus en vue actuellement. Sa capacité à électrifier le public, à raviver les corps des petits comme des grands, grâce notamment à ce style hamdouchi et cette voix envahissante, est désormais incontestable. Les chants des légendaires "Lemchaheb" ont, pour leur part, illuminé à la faveur de ses étincelles cette douce et fraîche soirée. De véritables retrouvailles pour la génération "Lemchaheb", revisiter ce répertoire appris par coeur étant, en effet, un agréable exercice nostalgique. Pour les jeunes générations, il s'agit, bel et bien, d'une découverte en direct, mais sans pour autant avoir des problèmes pour répéter en choeur leurs immortelles chansons Lakdar, Laâfou. Si ce n'étaient ces coupes de cheveux changées, ces styles d'habits de jeunes modifiés, l'on croirait facilement qu'on vivait les années 70 du siècle précédent. Egale à elle-même, la troupe populaire est donc restée fidèle à son style artistique, à son rayonnement et à ses vibrations. Certes, les voix ne résonnent plus du même timbre tonique, mais ce qui est sûr est que le style musical "Lemchaheb" a marqué à jamais la sphère artistique marocaine.