Le Maroc prépare sa révolution énergétique et suit la tendance mondiale de la diversification des énergies. Amina Benkhadra, la ministre de l'Energie, a annoncé la mise en place d'un important projet d'énergie électrique d'origine solaire dans le Royaume chérifien d'ici à 2020. L'annonce a été faite ce lundi depuis Ouarzazate (sud du Maroc) en présence du roi Mohammed VI et de la secrétaire d' Etat américain Hillary Clinton, en visite officielle au Maroc. Le projet surprend par son ambition et son coût, estimé à 9 milliards de dollars. Choisis en raison de leur potentiel solaire, les cinq sites d'implantation du programme - Laâyoune (Sahara), Boujdour (Sahara Occidental), Tarfaya (au sud d'Agadir), Ain Beni Mathar (centre) et Ouarzazate - devraient bientôt accueillir des installations solaires de pointe, composées de capteurs photovoltaïques et de mécanismes d'énergie solaire thermiques. D'une superficie de 10 000 hectares, les sites, une fois en fonction, devraient ainsi produire jusqu'à 2 000 mégawatts, soit « une économie annuelle d'un million de tonnes de pétrole », selon Amina Benkhadra. Le Maroc dépend de l'énergie pétrolière à hauteur de 95% Possédant des ressources énergétiques et minières faibles, le Maroc est à 95% tributaire de l'énergie pétrolière et la majorité des hydrocarbures est importée. Cette dépendance extrême pousse depuis quelques années le pays à diversifier son offre énergétique. « Il est fondamental de réduire notre dépendance énergétique, notamment vis-à-vis des pays européens. « L'annonce de lundi est une très bonne initiative » », se réjouit Mohammed Garoum, président de l' Association maroco-française de l'energie et de l' environnement. Projets de loi, engagement de l'Office national de l'électricité (ONE) à accompagner les investisseurs privés dans le domaine des énergies renouvelables, promotion des capteurs solaires dans les habitats et les sociétés, les mesures se sont ainsi multipliées depuis une dizaine d'années dans le pays pour favoriser au mieux le développement d'énergies alternatives à celle fournie par l'or noir. « On sent désormais une véritable cohésion entre le pouvoir politique, les techniciens de ces nouvelles énergies et le monde économique, explique Mohammed Garoum. Ce projet marque un tournant décisif ». Il s'attaque pour la première fois à l'ensemble du territoire chérifien alors que jusqu'ici de telles initiatives consistaient en des tentatives ciblées pour électrifier les communautés rurales. A un mois de la conférence internationale sur le changement climatique, qui se tiendra à Copenhague (Danemark), le Maroc envoie un signal fort à la communauté internationale. « Les pays en développement sont prêts au changement. Aux pays développés, conclut Mohammed Garoum, véritables responsables des gaz à effets de serre, d'agir ».