La crise des énergies a été mise en stand by par la crise actuelle, mais elle reste une réalité. Conscient de sa dépendance énergétique, le Maroc peut profiter de ses ressources en énergies renouvelables pour doper sa croissance dans un futur proche. Si le développement durable passe pour être réservé à l'élite des pays développés, il faut casser les idées préconçues. En cette période de crise, les modèles économiques sont sérieusement remis en question. Le rapport Stern sur l'énergie émet un avis clair, «si nous agissons maintenant, le coût de l'action sera très inférieur à l'adaptation plus tard». Une des thématiques développées parmi les nombreuses traitées lors des premières assises de l'énergie est celle de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables au Maroc. Michèle Pappalardo, commissaire générale au développement durable en France, met en évidence un fait, «la crise des ressources naturelles, énergétiques et des matières premières est atténuée par la baisse de la demande mondiale, il s'agit juste d'un effet d'actualité; à la sortie, les problèmes seront autrement différents». En effet, si les prix des matières premières ont connu une envolée avant la crise, cette situation s'est atténuée par la baisse générale de la demande suite à la contraction de l'activité économique. D'autant que les pays en développement doivent recourir aux énergies afin de subvenir à leurs besoins de croissance. C'est particulièrement le cas du Maroc comme le rappelle Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, «le Maroc, en plein développement économique et social, peu pourvu en matière énergétique, satisfait ses besoins croissants en énergies, en s'approvisionnant à plus de 97% de l'extérieur». Cette situation rend le Royaume chérifien vulnérable aux fluctuations des marchés et à la volatilité de leurs cours. Voir l'énergie autrement Avec une demande en énergie primaire accrue de 5% par an et une croissance de consommation électrique qui augmente de 8% par an, les experts tirent de nombreuses sonnettes d'alarme. Pourtant, le Maroc offre un «potentiel extraordinaire» en matière d'énergies renouvelables, une autre source d'énergie pour le développement économique du pays. La nouvelle stratégie pour le secteur énergétique est d'ailleurs articulée autour des énergies renouvelables dont l'objectif est d'atteindre, en 2012, 10% dans le bilan énergétique et 18 % dans le bilan électrique. Citons pour exemple, l'éolien et le solaire qui font partie d'un plan de développement à court et moyen terme et dont cinq contrats programmes par régions ont été signés lors des assises. Au-delà d'une simple considération environnementale, il s'agit déjà d'une réalité. Ainsi l'ONE a relevé son seuil d'autoproduction de 10 à 50 MW en recourant aux énergies renouvelables. Saïd Mouline, président de l'association marocaine de l'industrie solaire met en avant qu'avec son taux d'ensoleillement, «une nouvelle économie se prépare et que le Maroc a une carte à jouer ». D'ailleurs son intégration au Plan solaire Méditerranéen, projet de l'Union pour la Méditerranée, prouve le potentiel latent qui existe au Maroc. Malheureusement, ce potentiel pourrait être mieux exploité selon Amal Hadouche, la directrice du Centre de développement des énergies renouvelables. Il manque au Maroc selon elle, «un cadre légal clair, une aide à l'accompagnement, un développement de pôle de compétence et un fonds de développement énergétique». Des lacunes qui devraient être comblées incessamment grâce à la place qu'occupent désormais les énergies renouvelables dans les orientations stratégiques du Maroc. ■