* La fiscalité est un moyen de développer linvestissement et de contribuer à lefficacité énergétique. * Limposition ou lexonération peut contribuer à lorientation des options en énergie. Le volet fiscal ne sera pas abordé lors des premières assises de lénergie qui se tiendront le 6 mars à Rabat. Pourtant, cest un sujet important pour le secteur, que ce soit comme facteur de développement ou comme facteur dincitation. Le Maroc veut mettre en uvre une vision énergétique à lhorizon 2030. Lénergie reste lun des plus importants secteurs pourvoyeurs de recettes fiscales, notamment indirectes à travers la TVA et la TIC. Le pays sefforce dassurer un approvisionnement adéquat du fait de sa quasi-dépendance de létranger et il est primordial quil rationalise sa consommation énergétique. La scène énergétique internationale reste dominée par linégale répartition des réserves des combustibles fossiles et la dissymétrie entre centres de production et de consommation. Ce qui est aussi le cas pour le Maroc. Bien que les ressources en énergie soient suffisantes à lhorizon 2030-2050, la demande énergétique sinscrit dans un mouvement haussier surtout pour les pays émergents. La fiscalité peut être un moyen dorienter les choix énergétiques du Maroc. «Le rôle de limpôt nest pas uniquement économique et budgétaire, mais aussi social et même écologique», explique Youssef Oubouali, professeur de droit fiscal à la Faculté de Settat. Il a souligné que «les pollueurs, via la consommation excessive dénergie, sont lourdement taxés dans les pays développés. Les énergies renouvelables ou les biocarburants bénéficient, pour leur part, non seulement dune exonération mais de plusieurs formes de soutien de la part des gouvernements. Oubouali soutient que «la fiscalité peut être un facteur déterminant dans la maîtrise de la consommation énergétique en pénalisant les grands consommateurs». En analysant la structure fiscale des produits énergétiques marocains, on constate que les produits fossiles sont les plus taxés et lélectricité modérément. Au niveau des hydrocarbures, le butane, le fuel et le diesel sont les moins touchés. Le développement des énergies renouvelables doit aussi passer par des incitations fiscales. Le taux déquipement du Maroc dans ce domaine reste largement inférieur par rapport à des pays similaires. Pourtant, le niveau densoleillement est très encourageant. Il savère que cest une source dénergie alternative très compétitive, surtout pour les zones enclavées. Le niveau de taxation à limportation des équipements en énergie renouvelable reste peu attractif. Et dire que le pays aspire arriver à un niveau de 8% de ces énergies dans le bilan global en 2012. Il est vrai que lEtat veut libéraliser à terme le secteur afin de favoriser la construction et le financement des capacités de production. La fiscalité est aussi un outil incontournable pour encourager lefficacité énergétique tant défendue par Amina Benkhadra, ministre de lEnergie et des mines. En labsence dune politique defficacité énergétique, la demande en énergie primaire va atteindre les 43 millions de TEP (tonne équivalent pétrole). Si lEtat arrive à créer les outils et les mécanismes de cette efficacité, le niveau déconomie dénergie va atteindre les 5 millions de TEP, soit près de 12% de la consommation globale. En parallèle, la consommation électrique sera multipliée par quatre. Elle va passer de 24 TWh en 2008 à 95 TWh sans efficacité énergétique et à 83 TWh avec les mesures appropriées. Ce qui implique la mobilisation de 57% de la demande dénergie primaire au lieu de 41% aujourdhui. Les énergies fossiles pourraient voir leur part passer de 96% à 84%. Lintroduction du gasoil professionnel permettra de réduire lutilisation à grande échelle de ce type de carburant. Dans certains pays comme lAfrique du Sud, les prix du gasoil sont supérieurs à ceux de lessence. La justification du prix du gasoil actuellement est dictée surtout par des considérations purement sociales et pour éviter dentraîner des effets de surcoût au secteur du transport qui a un impact notoire sur léconomie nationale.