* La troisième révolution industrielle dans le monde est centrée sur les énergies vertes, notamment les énergies renouvelables. * Lobjectif de porter la part des ER à 10% est tout à fait réalisable. Cela est même en cours, car il suffit quil y ait 1.000 MW déolien installés dici 2012. * Malheureusement, la Loi de Finances 2009 na rien apporté de nouveau pour encourager cet objectif. Lespoir se fonde davantage sur le Fonds de Développement énergétique. * Sur le plan fiscal, lEtat doit intervenir pour aider à généraliser lutilisation de ces technologies à laide de crédits bonifiés, par exemple. * Le point avec Saïd Mouline, président de lAssociation Marocaine des Industries Solaires et Eoliennes et président de la Commission Environnement à la CGEM. - Finances News Hebdo : Un projet de loi sur les énergies renouvelables est désormais dans le pipe. Pensez-vous que le nouveau cadre législatif sera prêt à temps pour porter la part des ER à 10 % dans le bouquet énergétique ? - Saïd Mouline : Je voudrai tout dabord souligner le nouveau contexte international. Dans le monde, une troisième révolution industrielle est en marche, fondée sur les industries vertes, en général et les énergies renouvelables, en particulier. Très récemment, le nouveau orésident américain a annoncé un plan de 90 milliards de dollars seulement pour les énergies renouvelables. En Californie, le secteur privé investit des milliards de dollars pour rendre lénergie solaire photovoltaïque compétitive (léolien lest déjà). La formule de relancer léconomie par léconomie verte dans le contexte mondial actuel savère de plus en plus une solution aux problèmes économiques, énergétiques et écologiques que nous vivons. Chez nous, si on considère le bilan énergétique, si on enlève le bois de nos forêts qui est malheureusement utilisé de façon anarchique, les énergies renouvelables ne dépassent pas les 3%, hydraulique compris. Pour répondre à votre question, porter la part à 10% est tout à fait réalisable. Cela est même en cours car il suffit quil y ait 1.000 MW déolien installés dici 2012 (en comparaison, lEspagne installe 1.000 MW chaque année depuis plus de 10 ans). Cest la formule «energipro» de lONE qui permet aujourdhui au secteur privé dinvestir dans ce secteur. En effet, concernant léolien, aujourdhui il y a un réel engouement de la part du secteur privé. Lexpérience dune cimenterie qui a réalisé son propre parc éolien de 10 MW a créé des émules. Il y a là une niche importante et il fallait la faciliter. Loffre de service de lONE destinée aux industriels intéressés par lautoproduction à partir dénergies renouvelables, va dans ce sens. Elle comprend 2 volets. Dabord, assurer le transit sur le réseau national électrique haute tension des points de production vers les points de consommation, ce qui permettra à des usines où il ny a pas suffisamment de vent de ramener lélectricité dorigine éolienne de régions plus ventées. Ensuite, le rachat de lexcédent produit et non consommé par les autoproducteurs moyennant une rémunération de 60% du prix de vente. Nous ne pouvons que nous en féliciter même si nous aurions préféré une rémunération identique au prix de vente de lONE. En comparaison avec lEurope, le rachat du KWh éolien est supérieur parfois de 40% au prix de vente. Il est clair que si le projet de loi est rapidement adopté, cela accélérera les investissements. Mais je pense que le projet de loi doit surtout accompagner les autres énergies renouvelables, solaire, thermique et photovoltaïque, biomasse, - F. N. H. : Ne pensez-vous pas quun effort doit être consenti sur le plan fiscal ? - S. M. : Vous savez, la fiscalité verte peut être bénéfique pour les revenus de lEtat. Il suffit de taxer un peu plus les produits qui consomment le plus dénergie et de taxer moins ceux qui consomment moins et qui diminuent notre dépendance et notre facture énergétique. Si on veut orienter un marché (nous le faisons déjà pour le diesel qui est fiscalisé autrement que le super) la fiscalité a un rôle important à jouer. Mais pour lefficacité énergétique et pour les énergies renouvelables, cest surtout les mesures daccompagnement pour aider les particuliers à acquérir ces technologies qui sont nécessaires. Je mexplique : pour acheter un chauffe-eau solaire ou une lampe basse consommation, le prix dachat est plus cher que pour les autres technologies énergivores. Le consommateur qui na pas les moyens se retourne vers celles quil peut payer, même si in fine, elles lui coûteront plus cher. Cest là où il faut intervenir pour aider à généraliser lutilisation de ces technologies par des crédits bonifiés, par exemple. - F. N. H. : Dans le même sillage, qu'a apporté la Loi de Finances 2009? - S. M. : Pas grand-chose, malheureusement ; mais cest surtout sur le nouveau Fonds Energétique issu dune décision royale que se portent désormais nos espoirs. Ce fonds doté dun milliard de dollars peut être un formidable levier pour aider au développement des énergies renouvelables, à lefficacité énergétique et au développement dune industrie dans ce secteur très créateur demplois. - F. N. H. : Dans quelle mesure la transformation du CDER en agences pourrait-elle contribuer au développement des énergies renouvelables au Maroc? - S. M. : Il y en avait bien besoin. Létape des projets pilotes dans ce secteur est révolue. Les énergies renouvelables sont déjà là. Les programmes internationaux lancés par plusieurs pays pour aller plus vite montrent clairement que la course est ouverte. Notre pays, vu ses gisements (solaires, éoliens, côtiers) a définitivement une carte à jouer. La nouvelle agence se doit dêtre lacteur sur le terrain pour aider à mettre en pratique les objectifs ambitieux dénergie renouvelable du gouvernement dans ce secteur (10% en 2012 et 20% en 2020) et defficacité énergétique (12% déconomie en 2020 et 15% en 2030).