* Les réflexions doivent être menées entre les professionnels et les autorités pour créer un système simple et adéquat. * Malgré son exonération, lagriculture marocaine est pénalisée par les impôts indirects. * L'imposition permettra aux entreprises de récupérer la TVA sur certaines de leurs dépenses. La fiscalisation de lagriculture fera son retour en 2014. Cest le Souverain qui en a fait lannonce lors du discours du 20 août. Lexonération aura duré 30 ans. Les agriculteurs et lAdministration fiscale auront 5 ans pour se préparer. Le Plan Vert, présenté lors des Premières Assises de lagriculture à Meknès, a fait référence à la question. A travers lexonération, le Maroc voulait toujours donner un coup de pouce à un secteur très névralgique du pays. Outre leur impact sur le PIB et la croissance, les enjeux sociaux de lagriculture sont énormes. Le secteur assure lemploi pour près de la moitié de la population active. Cest aussi la seule source de revenu pour plus de 80% des ménages ruraux. En labsence dun système de subventions adéquat à linstar des grandes nations agricoles, le pays a voulu soutenir les produits marocains à lexport face à la concurrence acharnée des produits des autres pays. La fiscalisation est aussi un moyen de lutte contre linformel. Mais quel type de fiscalité faudrait-il adopter ? Lancien système qui existait jusquen 1983 a montré ses limites. Malgré un poids conséquent de lagriculture dans le PIB qui dépassait les 15%, les recettes fiscales générées par le secteur sont restées limitées à 5% avec des difficultés en matière dévaluation, de contrôle et de recouvrement. «Des réflexions doivent être menées pour instaurer un système simple et adéquat permettant de mener à bien la politique de lEtat en la matière et surtout ne pas pénaliser les petits exploitants», indique-t-on auprès de la Confédération marocaine de lagriculture (Comader). Une fiscalité incitative et sélective est la meilleure option. Le nombre demplois créés, les investissements alloués, les régions investies, le respect de lenvironnement, lutilisation rationnelle de leau, le potentiel à lexport figurent parmi les sujets qui peuvent donner lieu à des avantages fiscaux. Limposition de lagriculture, qui va concerner vraisemblablement lImpôt sur le revenu, donnera lieu à des difficultés pour lévaluation de la matière imposable. Une bonne partie des agriculteurs marocains ont moins de trois hectares. Des parcelles leur permettant juste dassurer une culture de subsistance ou vivrière. Cette donnée laisse à penser que près de 80% des exploitants marocains seront exonérés de facto. Leur revenu est déjà en deçà des 24.000 DH par an et il concerne des ménages et non des individus car lauto-emploi est très présent. LAdministration fiscale se focalisera surtout sur les 20% des agriculteurs dits moyens ou grands et qui sont implantés généralement dans les périmètres irrigués. Les cultures concernées sont à forte valeur ajoutée et destinées essentiellement à lexport. Une imposition progressive permettra dassurer une justice fiscale. Mais le Fisc a-t-il les moyens dassurer sa mission, notamment la couverture du territoire national ? Il est clair que certaines tâches seront déléguées au ministère de lIntérieur via les communes. Par ailleurs, la fiscalité doit tenir compte des types dactivité, de la région concernée, des difficultés de commercialisation. La fiscalisation de lagriculture permettra à coup sûr de générer de nouvelles recettes pour lEtat. Certaines exploitations sont très performantes et dégagent des bénéfices et des chiffres daffaires importants. Les coopératives, vu leur statut dorganisme à but non lucratif, sont exonérées doffice, mais un amendement a prévu quelles seront imposables à partir dun certain niveau de chiffre daffaires. Le cas de Copag est le plus typique. Cette coopérative, basée à Taroudant, a continué son expansion malgré sa soumission à limpôt. Lors du Salon de lagriculture tenu à Meknès, plusieurs exploitants ont confirmé que le secteur nest exonéré quau niveau de la fiscalité directe. Alors que la fiscalité indirecte continue de pénaliser leur activité. Le coût de lénergie est payé à plein tarif, que ce soit le gasoil ou lélectricité. Certains intrants sont aussi imposables. Le matériel agricole est exonéré de droits de douane et autres taxes indirectes, mais les pièces de rechange sont taxées.