* Le PNAP va assurer léquilibre entre loffre et la demande délectricité durant la période 2008 -2012. * Le secteur de lélectricité nécessitera un investissement de 80 milliards de DH sur la période 2009-2015. * Le Fonds de Développement Energétique annoncé dans la Lettre Royale sera doté de 1 milliard de $ US. * Dautres mesures incitatives à lutilisation des énergies renouvelables sont actuellement en cours détude. * Plus dexplications avec Amina Benkhadra, ministre de lEnergie, des Mines, de lEau et de lEnvironnement. w Finances News Hebdo : Peut-on avoir une idée sur le budget alloué aux actions contenues dans le Plan National dActions Prioritaires ? w Amina Benkhadra : Tout dabord, jaimerais préciser que le Plan National dActions Prioritaires (PNAP) a été adopté à la suite dun diagnostic du secteur de lénergie dans le cadre de létude sur la stratégie énergétique nationale lancée par le ministère de lEnergie, des Mines, de lEau et de lEnvironnement à la fin de lannée 2007. Ce plan a pour objectif dassurer léquilibre entre loffre et la demande délectricité durant la période 2008 -2012 à travers une série dactions qui visent, dune part, le renforcement des capacités au niveau de loffre et dautre part la rationalisation de la consommation délectricité à travers une panoplie de mesures defficacité énergétique aussi bien dans lélectricité que dans la consommation des produits pétroliers. En ce qui concerne le renforcement des capacités de production, le secteur de lélectricité nécessitera un investissement de lordre de 80 milliards de DH sur la période 2009-2015. S'agissant de la demande, le Plan National dActions Prioritaires a prévu toute une série de mesures defficacité énergétique, il sagit notamment de : La généralisation des Lampes à Basse Consommation (LBC) par linstallation de 22,7 millions LBC pour un coût global denviron 540 millions de DH. Cette mesure permettra un effacement à la pointe de 800 MW. Des tarifications incitatives qui permettront un effacement à la pointe de 400 MW et dont le coût sélève à 300 millions de DH et qui sera pris en charge par le Fonds de Développement Energétique. La rationalisation de léclairage public qui permet un effacement à la pointe de 87 MW. Le programme national defficacité énergétique dans lindustrie qui va permettre de réaliser une économie de 360.000 Tep. La généralisation des carburants propres (super sans plomb et gasoil 50 ppm) qui permettra de réduire de manière substantielle les émissions de soufre et de plomb dans latmosphère. Il faut noter que toutes les actions prévues dans le PNAP et dont je nai cité que les principales, feront dans les semaines à venir lobjet dune large campagne de communication qui ciblera tous les publics. En somme, ce qui compte le plus, cest la réalisation des objectifs que nous nous sommes fixés pour assurer léquilibre entre loffre et la demande délectricité, institutionnaliser lefficacité énergétique qui constitue une véritable 4ème énergie et qui permet de réaliser des économies importantes en énergie sans pour autant gêner notre développement économique et social et, comme je le dis assez souvent, il ne sagit point de consommer moins, mais de consommer mieux. w F. N. H. : Dans le même sillage, de combien sera doté le Fonds de Développement Energétique annoncé dans la Lettre Royale ? w A. B. : Le Fonds de Développement Energétique annoncé dans la Lettre Royale que Sa Majesté le Roi a dressée aux participants des Premières Assises Nationales de lEnergie qui se sont déroulées le vendredi 6 mars 2009 à Rabat, a une dotation de 1 milliard de $ US provenant des dons des deux pays frères : le Royaume dArabie Saoudite et lEtat des Emirats Arabes Unis et dune contribution du Fonds Hassan II pour le Développement Economique et Social. w F. N. H. : Ces derniers mois, le Maroc a été sérieusement perturbé par les fluctuations des prix du pétrole. Quelles sont dans ce sens les actions prévues pour assurer une stabilité des prix et un bon approvisionnement du pays ? w A. B. : Effectivement, le marché international a connu, au cours des derniers mois, des fluctuations importantes et les cours du pétrole brut ont connu des variations erratiques. Dans un tel contexte énergétique international marqué par linstabilité et lincertitude, la préoccupation majeure pour le Gouvernement est dassurer la sécurité dapprovisionnement de tous les produits pétroliers. Je signale à ce sujet quen dépit de linstabilité des marchés pétroliers internationaux, lapprovisionnement du marché national en produits pétroliers liquides et en gaz butane seffectue normalement. De même, le Gouvernement accorde une grande importance à la sauvegarde du pouvoir dachat des citoyens et à la compétitivité du secteur industriel marocain. Je rappelle que lEtat consacre annuellement des sommes importantes pour soutenir les prix des produits pétroliers liquides et du gaz butane pour faire face à la hausse des prix pétroliers internationaux. Pour lexercice 2008, la subvention de ces produits a été de 23 milliards de DH. Je signale à cet effet que malgré, la hausse importante du prix du pétrole durant lété 2008, le prix du gasoil qui représente 50% du marché a été maintenu inchangé depuis janvier 2007. Le prix du gaz butane, produit représentant 20% de la consommation, na subi aucun changement depuis le mois de septembre 2000. Ce produit continue à bénéficier dune subvention de 40 DH pour la bouteille de12 Kg et de 11 DH pour la bouteille de 3 Kg, soit léquivalent de 100 à 110% du prix appliqué au consommateur. Par ailleurs, suite à la diminution des cours pétroliers sur le marché international à la suite de la baisse de la demande observée dans les pays industrialisés et dans les grands pays émergents en liaison avec la crise financière et économique que connaît le monde actuellement, le Gouvernement a procédé le 16 février dernier à des baisses de 9% dans le prix du supercarburant, de 26% dans le prix du Gasoil 50 ppm et de 9% dans celui du fuel industriel. w F. N. H. : Dans le même ordre didées, comment le pays se prépare-t-il à la reprise économique mondiale qui se traduira inéluctablement par un surenchérissement des prix des matières énergétiques ? w A. B. : Comme je lai signalé dans la réponse à votre première question, le ministère de lEnergie, des Mines, de lEau et de lEnvironnement a réalisé, conformément aux Hautes Instructions de Sa Majesté Le Roi, que Dieu Lassiste, une étude pour la mise en place dune stratégie énergétique rénovée qui permettra au secteur de lénergie de faire face aux défis et enjeux auxquels il est confronté. Je rappelle quavec la mondialisation, tous les pays sont aujourdhui confrontés aux mêmes défis. Notre stratégie énergétique place la sécurité dapprovisionnement et loffre dune énergie à des prix compétitifs parmi les grandes priorités. Pour revenir à létude sur la nouvelle stratégie du secteur, celle-ci a permis davoir une vision claire sur le court terme avec le Plan National dActions Prioritaires, mais également sur le moyen et le long termes où le charbon a été retenu comme cur du mix électrique avec une optimisation des ressources en gaz disponibles. Le renforcement de léolien, la mobilisation du potentiel national en hydroélectricité ont également été recommandés par létude. Dautres scénarios alternatifs ont été retenus comme par exemple le développement du gaz, le maintien de loption électronucléaire (2020-2030), la valorisation des schistes bitumineux avec la construction dune centrale pilote de 100 MW à Tarfaya, sans oublier le solaire et la biomasse. w F. N. H. : Avec la forte pluviométrie et les actions menées dans le cadre de la production nationale de lélectricité, le problème des délestages est-il déjà derrière nous ? w A. B. : Notre objectif principal est daméliorer notre marge de réserve électrique, indépendamment de la pluviométrie, par le renforcement de la capacité de production (+ de 5.800 MW à lhorizon 2015) et linstitutionnalisation de lEfficacité Energétique dune manière pérenne. w F. N. H. : Avec un taux de 15 %, léconomie énergétique a été revue à la baisse avec un nouvel objectif de 12 % seulement à horizon 2020. Quelles sont les difficultés qui ont motivé une révision à la baisse de cet objectif ? w A. B. : Ce nest pas une révision à la baisse mais plutôt un affinement des projections de notre consommation énergétique durant les dix prochaines années et des économies possibles. Aujourdhui, nous visons une économie entre 12 % et 15% à lhorizon 2020. w F. N. H. : Enfin, concernant les énergies renouvelables, un projet de loi est désormais dans le «pipe». Pensez-vous que le nouveau cadre législatif sera prêt à temps pour porter la part des ER à 10 % dans le bouquet énergétique ? Et ne pensez-vous pas quun effort doit être consenti sur le cadre fiscal ? w A. B. : Le développement des énergies renouvelables constitue une composante majeure de la nouvelle stratégie énergétique dont la mise en uvre requiert des mesures législatives et réglementaires urgentes. A cet effet, le Département de lEnergie et des Mines a élaboré un projet de loi relative aux énergies renouvelables qui sera soumis à lapprobation dun prochain Conseil de Gouvernement. Lobjectif principal de ce projet de loi est daugmenter la part des énergies renouvelables dans le bilan énergétique national et dans la production délectricité, en particulier par une augmentation significative de lutilisation de la ressource éolienne, solaire et de la biomasse. Dautre part, il faut reconnaître que le coût dinvestissement dans les énergies renouvelables, reste cher et que les pays qui ont connu un essor remarquable de ces énergies, ont consacré des encouragements spécifiques pour leur développement. Dans ce cadre, une révision de la fiscalité relative au secteur des énergies renouvelables, opérée en 2000, a consisté en la réduction de la TVA sur les chauffe-eau solaires de 20% à 14%. En 2008, le réaménagement des droits de douane au tarif minimum a été appliqué à certains équipements utilisant les énergies renouvelables. Dautres mesures incitatives sont actuellement en cours détude.