* Les nouveaux défis ne sont pas uniquement liés à la hausse du prix du pétrole ou à lépuisement des réserves dhydrocarbures, mais davantage au changement climatique. * Les tendances actuelles de consommation et de production dénergie se traduisent par des émissions de gaz à effet de serre qui devront être, en 2050, supérieures à ce que la communauté des scientifiques juge acceptable. * En la matière, le Maroc a du chemin à parcourir. Energie et développement durable, telle est la thématique de la conférence organisée récemment par la Fédération de lEnergie. Étaient présents à cette rencontre de nombreux experts, venus des quatre coins du monde, pour débattre de cette équation devenue complexe et dont la variable « développement durable » est déterminante. A noter que depuis la session parlementaire tenue en octobre dernier, le Souverain avait institutionnalisé le développement durable comme élément-clé de toute stratégie de développement. Et depuis lors, le patronat na pas cessé de sensibiliser les entreprises pour quelles intègrent lefficacité énergétique dans leurs stratégies. Aussi, la crise financière internationale sest-elle traduite par une crise économique au Maroc tout en révélant un certain nombre dinefficiences. Elle a mis à nu un mode de production très peu soucieux du contexte naturel, un équilibre précaire des matières premières, une désertification et une problématique du réchauffement climatique de plus en plus urgente. Le réchauffement climatique savère aujourdhui une réalité prouvée. Parce que les tendances actuelles de consommation et de production dénergie se traduisent par des émissions de gaz à effet de serre qui devront être, en 2050, supérieures à ce que la communauté des scientifiques juge acceptable. Daprès A. Alaoui, président de la Fédération de lEnergie, un citoyen des USA consomme chaque année 8 tonnes équivalent pétrole. En Asie, un citoyen chinois consomme moins dune tonne équivalent pétrole par an et veut davantage de croissance économique et davantage de richesse. Il conclut que si les Chinois étaient aujourdhui équipés comme le sont les Européens, ils posséderaient 700 millions de voitures consommant la totalité de la production de pétrole du Moyen-Orient, soit 60% de la production mondiale. Lenvironnement au second rang Le Maroc sy est pris tardivement et la crise internationale pourrait être considérée comme un déclencheur dune nouvelle stratégie où lenvironnement est le nud du futur. «Les modes économiques au Maroc sont peu soucieux de lenvironnement, doù limpérieuse nécessité de sinscrire désormais dans le développement durable, de procéder à des lectures croisées des stratégies sectorielles », annonce T. Mouline, directeur de lInstitut Royal des Etudes Stratégiques. Il sempresse dajouter : « Jusquà présent, le Maroc ne dispose pas dune politique de littoral ». Pedro Moraleda, Directeur général de lObservatoire Méditerranéen de lEnergie, a, par ailleurs, axé son intervention sur les perspectives énergétiques en Méditerranée au niveau du développement durable. Il a expliqué que la demande globale en énergie devrait doubler en 2030 par rapport à son niveau en 1990. La croissance de lélectricité au Sud va tripler celle du Nord avec toutes les émissions de CO2 qui en découlent. Les premiers challenges qui se posent sont : comment équilibrer loffre et la demande ? Les opportunités sont limpérative utilisation rationnelle de lénergie, le développement des énergies renouvelables, lexploitation du crédit carbone A linstar des pays du Sud de la Méditerranée, le Maroc verra sa consommation en énergie doubler en 2030. Cette hausse de la consommation entraînera dans son sillage le problème de la sécurité des approvisionnements, le déficit de la balance des paiements et le réchauffement climatique. Aujourdhui, la notion de développement durable fait lobjet dun large consensus. Lidée sous-jacente est la suivante : le développement sans respect de lenvironnement engendre des déséquilibres, des dysfonctionnements et des blocages qui, tôt ou tard, remettront en cause le développement durable. Encore faut-il savoir que se préoccuper de lenvironnement en oubliant le développement nest pas envisageable. Il savère par ailleurs que sans développement les inégalités tant sociales que territoriales saggraveront. Cest pourquoi le Souverain a insisté sur la recherche de points déquilibre nouveaux entre ces notions de développement et de durabilité. En effet, si dans les pays développés, les pouvoirs publics ont pris à bras le corps cette problématique, au Maroc les choses traînent encore. A entendre les discours de nos responsables, la situation est alarmante et la marge de manuvre est limitée. En raison des priorités et des frustrations dune frange de la population, la priorité restera la croissance économique. Ils demeurent par contre optimistes et considèrent que des innovations pourraient changer radicalement lorganisation des systèmes électriques si, par exemple, était mise au point une technologie pour stocker lélectricité. Ils comptent énormément sur lénergie nucléaire et les énergies renouvelables qui pourraient apporter une contribution significative à lapprovisionnement en énergie dans des conditions économiques et environnementales plus acceptables.