La conférence des Nations Unis sur le changement climatique qui s'ouvre, ce lundi à Copenhague, constitue, de l'avis de nombre de climatologues et d'écologistes, un rendez-vous crucial pour les dirigeants du monde entier pour prendre des mesures concrètes en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, tenues pour responsables du réchauffement de la planète. -Par Mohammed Hamiddouche-. Face à l'actuel dérèglement climatique aux lourdes conséquences pour des milliards de personnes de par le monde, les dirigeants des Etats industrialisés et des pays émergents participant au sommet de Copenhague, sont appelés à surmonter leurs divergences et à s'accorder sur les mesures à prendre dans le cadre d'un nouvel accord global de lutte contre le changement climatique qui doit entrer en vigueur en 2013 après l'expiration du protocole de Kyoto. ?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /
Le changement climatique: des consequences devastatrices Dans le plus optimiste des scénarii, les conséquences du changement climatique pourraient être tragiques dans plusieurs parties du monde. Catastrophes naturelles, inondations côtières, sécheresse, bouleversement des équilibres des écosystèmes, exodes, famine et maladies sont autant de menaces qui pèsent sur la planète et l'humanité. Et ce sont les pays les plus pauvres, responsables de 2 pc seulement des émissions de gaz à effet de serre, qui payent et payeront le plus lourd tribut du réchauffement climatique.
D'après le président du comité d'organisation du 7e Forum mondial sur le développement durable, Salifou Sawadogo, les pays africains estiment à 65 milliards de dollars le montant des réparations et dédommagements liés au changement climatique. Au Maroc, la dégradation de l'environnement coûte plus d'un milliard de dollars par an, une facture très élevée pour un pays qui se bat tant que mal pour éradiquer la pauvreté, relève la Banque mondiale.
Selon le Forum humanitaire mondial, chaque année 300.000 personnes meurent et 325 millions sont durement affectées par le réchauffement climatique essentiellement dans les pays en développement.
Face à cette situation, il est donc urgent que le monde dans sa globalité prenne des mesures adéquates pour lutter contre le réchauffement climatique. Les scientifiques préconisent, dans ce sens, le développement de sources d'énergie alternatives et un changement de nos modes de vie et de notre modèle de croissance.
Pour de nouveaux modes de production et de consommation
Le réchauffement climatique est dû en grande partie à la forte utilisation des énergies fossiles pour les transports et l'industrie.
Dans une perspective de développement durable, les scientifiques recommandent de développer des alternatives écologiques à l'exploitation et à la production d'énergie à partir des énergies fossiles, notamment par des énergies renouvelables, et mettre en oeuvre une politique forte d'économies d'énergie.
Ils appellent aussi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les pays développés de 40 pc d'ici à 2020 et de 80 à 95 pc d'ici à 2050, tout en mettant en garde qu'au cas où rien ne serait fait, les émissions mondiales devraient atteindre leur pic en 2017, avec comme conséquences une masse de plus en plus importante de gaz carbonique dans l'atmosphère et des dégâts et souffrances humaines considérables.
Les spécialistes avertissent que d'ici la fin du siècle, la poursuite du réchauffement climatique se traduira par une hausse des températures de la planète de 4 à 6 degrés par rapport à l'ère pré-industrielle, et une montée du niveau de la mer qui pourrait atteindre, selon les régions, 1,4 mètre d'ici 2100.
Or, à ce jour, les engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays les plus industrialisés sont loin d'être à la hauteur des enjeux et restent en deçà des niveaux souhaités par les scientifiques.
En effet, les Etats-Unis et l'Union européenne qui représentaient en 2007 respectivement 20 et 14 pc des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ne se sont engagés à réduire leurs émissions respectives que de 17 et 20 pc seulement d'ici 2020.
L'inaction sera fatale
Un rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat estime que le coût d'une limitation à 2 degrés de la hausse des températures ne dépasserait pas 0,12 pc du PIB mondial.
Ce rapport montre ainsi que les coûts induits sont tout à fait modestes et qu'il est économiquement et techniquement possible d'obtenir des réductions d'émissions assez importantes pour limiter le réchauffement à deux degrés.
A ce prix peu élevé, qui suscite tant d'espoir chez les scientifiques avides de voir les décideurs se rassembler à Copenhague autour d'un projet politique mondial à la hauteur des enjeux que le monde va devoir affronter dans les décennies à venir, l'on pourra réduire le risque d'une dégradation climatique majeure et garantir aux générations futures une planète viable.
La balle est désormais dans le camp des gouvernements. Dès lors, il leur appartient d'agir rapidement et sans détours, car c'est tout l'avenir de l'humanité qui est en jeu.