Alors que la plupart de nos confrères choisissent de publier des dossiers sur les hauts salaires des cadres ou des grands commis de l'Etat, Le Journal Hebdomadaire a décidé de se pencher sur les bas salaires. Des personnes qui touchent moins que le SMIG légal et qui s'en sortent, tant bien que mal, en adoptant le système D ou en s'appuyant sur l'entraide sociale et familiale. Cela devient de plus en plus difficile avec le niveau de vie qui ne cesse de grimper et le renchérissement constant des prix. De la femme de ménage, qui trime de longues journées, aux employés de l'entraide nationale qui perçoivent moins de 600 DH par quinzaine, quand il y a du travail bien sûr, en passant par les ouvriers agricoles ou encore les marchands ambulants… On est loin du SMIG national (1931 DH/mois) ou encore des derniers résultats de l'enquête du Haut commissariat au plan (HCP) sur le revenu mensuel moyen des ménages marocains. Cette dernière révèle que celui-ci s'élève à quelque 5 300 DH. La réalité est toute autre. Des milliers de familles marocaines vivent avec moins de 50 dirhams/jour soit environ 1500 à 2000 dirhams par mois. Il ressort de cette enquête, réalisée sur un échantillon de 7 200 ménages, que près de 20% des ménages ont un revenu mensuel de moins de 1 930 DH, 40% moins de 2892 DH, 60% moins de 4 227 DH et 80% moins de 6 650 DH. Pour ce qui est de la concentration de la masse des revenus des ménages, 20% des ménages ayant les revenus les plus élevés s'accaparent 52,6% de la masse totale des revenus, tandis que 20% de ceux ayant les revenus les plus faibles se partagent 5,4% de la masse totale des revenus. Le plus intéressant dans l'étude du HCP, présentée il y a quelques mois, est le constat que la croissance ne peut pas, à elle seule, réduire la pauvreté. Pour ce faire, il faudrait que ce soit une croissance à deux chiffres sur une longue période. A contrario, la réduction des inégalités serait plus efficace pour contrer la misère. «L'impact de la réduction de l'inégalité sur la baisse de la pauvreté est plus efficace que celui de la croissance», explique-t-on du côté du HCP. Si on parvient à réduire les inégalités de 1%, la pauvreté baisse de 5,9%. Alors qu'un taux de croissance de 1% ne fait reculer la pauvreté que de 2,9%. Plusieurs pistes peuvent être creusées pour la réduction des inégalités. Quelques chercheurs préconisent l'accès direct à des prix préférentiels, au profit d'une population ciblée, aux services publics de base (transport, éclairage, eau potable, scolarité, logement à bas prix…) et aux produits de première nécessité (huile, sucre, farine, gaz…). «Cela peut se faire également en accordant des aides directes au profit des ménages nécessiteux», soutient Najib Boulif député péjidiste et économiste. Encore faut-il trouver cette population cible. A cet égard, la carte de la pauvreté réalisée il y a quelques années peut être utile. De même que le ciblage des démunis réalisé pour le Ramed (Régime d'assistance médicale aux économiquement démunis) devrait y contribuer. Par : Fédoua Tounassi LE journal Hebdo (MAROC)