La gestion de la grande mosquée d'Alger revient à Dessau-Soprin. La société québécoise (Canada) a annoncé, mardi, qu'elle a remporté l'appel d'offres international en signant un contrat de 2,2 milliards de dollars (environ 1,6 milliard d'euros). Selon les informations de l'agence Presse Canadienne, la compagnie était en lice avec des entreprises française, américaine et québécoise. La troisième mosquée la plus grande du monde Evoquant les atouts qui ont permis de faire la différence, le président de Dessau-Soprin, déjà très présente dans le pays maghrébin, estime que les technologies nord-américaines ont constitué un atout non négligeable. Les Algériens « apprécient aussi la capacité d'intégration de la main-d'oeuvre. On travaille beaucoup en collaboration avec eux. On leur enseigne comment réaliser les projets. Nous avons un bureau permanent à Alger, avec quelque 150 personnes, essentiellement des Algériens, à qui on enseigne les façons de faire nord-américaines », a ajouté Jean-Pierre Sauriol. Dans un communiqué, le numéro un de Dessau-Soprin explique : « Nous sommes fiers de la confiance que nous témoigne le gouvernement algérien pour la réalisation d'un projet aussi prestigieux ». « Prestigieux » car, lorsque le projet sera terminé, au bout d'environ six ans, la mosquée d'Alger sera la troisième plus grande du monde, après la Mecque d'Arabie Saoudite et la mosquée Hassan II du Maroc. Collaboration algéro-québécoise La réalisation de cet ouvrage avait été décidée lors du Conseil des ministres du 28 septembre 2004, qui s'était tenu sous la présidence du chef de l'Etat algérien Abdelaziz Bouteflika. Le 2 décembre de la même année, le Conseil de gouvernement adoptait un décret exécutif créant une agence nationale de réalisation et de gestion de la grande mosquée. C'est cet établissement public à caractère industriel et commercial qui travaillera en collaboration avec Dessau-Soprin, de même qu'une vingtaine d'autres organes et de ministères. « Des ingénieurs et des gestionnaires de Dessau-Soprin assureront la supervision et la validation technique, tandis que l'ingénierie détaillée va se faire localement », a précisé Jean-Pierre Sauriol. L'agence algérienne aura, elle, pour tâche de « permettre une gestion et un suivi soigné de ce projet et réunira également pour l'avenir les conditions appropriées à son entretien et sa gestion », d'après le communiqué du Conseil du gouvernement du 2 décembre 2004. Il faudra au moins cela pour remplir le contrat, dont l'exécution devait commencer en 2006. La mosquée, d'abord, qui sera construite dans la commune de Mohammadia, face à la baie d'Alger (15 km de la capitale). L'édifice se compose notamment de cinq branches s'élançant vers le ciel et symbolisant les cinq piliers de l'islam : la Chahada (profession de foi), la Zakat (l'aumône), la prière, le jeûne et le pèlerinage. Il logera en son sein le « plus grand minaret du monde », avec ses dix étages auxquels on accédera en ascenseur. La salle de prière pourra à terme accueillir jusqu'à 120 000 fidèles, dont 80 000 sur l'esplanade. De quoi soulager la mosquée Djamaâ el Kebir, qui peinait à répondre aux besoins. Création d'emplois En plus du lieu de recueillement, d'autres constructions sont prévues. « (…) Entre autres, plusieurs structures culturelles et religieuses, une salle de conférences de plus de 1 500 places, une maison du Coran, un centre des sciences culturelles, trois bibliothèques et médiathèques, un amphithéâtre, un espace scientifique, un hôtel de 300 chambres, un centre commercial, des restaurants, des espaces verts et un parc de loisirs », énumère le communiqué de Dessau-Soprin. Il faudra également se pencher sur le développement des voies routières et des transports en commun. Au final, l'ensemble du projet vaudra quelque six milliards d'euros. « De plus, Dessau-Soprin prévoit la création d'une centaine d'emplois incluant l'embauche de ressources locales, pour le plus grand bénéfice de tous les partis impliqués », a souligné Jean-Pierre Sauriol. Selon La Presse Affaires, « 80% de ces emplois devraient aller à des Algériens ; les 20% restants sont destinés à des Canadiens et sont des emplois hautement qualifiés ». Le quotidien algérien Jeune Indépendant, qui parle de « l'un des plus grands projets que connaîtra l'Algérie sous le règne du président Bouteflika », voit plus grand. Il estime que « le projet mobilisera pas moins de 400 artisans ». Si tout se déroule comme prévu, la grande mosquée d'Alger deviendra bel et bien, comme le souhaite le chef de l'Etat, le reflet exclusif de la culture nationale.