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Le premier immigrant japonais au Canada arriva en 1877

Japon. Le premier immigrant japonais au Canada arriva en 1877, mais ce ne fut qu'aux environs de 1885 que ses compatriotes suivirent son exemple en plus grand nombre - sous la forme d'une colonie de pêcheurs actifs au large de la Côte ouest. En 1900 cependant, plus de 4000 agriculteurs, pêcheurs et ouvriers s'étaient déjà établis en Colombie-Britannique; en 1986, il y avait quelque 54 500 Japonais ou Canadiens japonais au Canada.
La plupart des formes de la musique traditionnelle japonaise ne peuvent exister en dehors du Japon car elles sont partie intégrante d'un tout culturel. Une faible quantité de musique japonaise transplantée au Canada (et ailleurs hors de la mère patrie) a survécu grâce au zèle d'un petit nombre de fervents praticiens. Avant la Deuxième Guerre mondiale, l'activité musicale des communautés japonaises le long de la Côte ouest était restreinte, sauf au coeur des sociétés Utai et Shi-gin : la première intéressée au chant du théâtre nô, et la seconde au chant de la poésie dans le style classique chinois. L'existence de telles sociétés reposait sur la présence de professeurs familiers avec ces arts et aptes à les transmettre aux autres suivant la tradition orale habituelle.
Le déplacement des Japonais de leurs domiciles de la Côte ouest en 1941 puis leur internement durant la Deuxième Guerre mondiale portèrent un dur coup à leur culture musicale, de même qu'à de nombreuses autres coutumes de la mère patrie encore vivaces chez eux. Leur rétablissement sur des terres après 1945, ajouté à l'immigration d'après-guerre, suscita d'importantes communautés japonaises en Alberta, au Manitoba et en Ontario. Ces familles qui retournèrent s'établir dans la région de Vancouver ont manifesté un intérêt particulier pour la reprise de leurs traditions musicales. Le Koto Ensemble de la région métropolitaine de Vancouver (jadis le Vancouver-Steveston Koto-no-kai), une association de 30 femmes, fut mis sur pied à la fin des années 1950 sous la direction de Miyoko Kobayashi, qui enseigna également le koto (cithare orientale à 13 cordes) à l'Université de la Colombie-Britannique (1967-68). Le Koto Ensemble effectua une tournée dans l'est du Canada en 1975, et s'est produit régulièrement dans les provinces de l'Ouest. Des cours de musique japonaise sont encore donnés à l'université. Teresa Kobayashi et Wendy Bross Stuart (koto) et Takeo Yamashiro et Elliot Weisgarber (shakuhachi, une flûte droite en bambou) furent également actifs à Vancouver durant les années 1970. L'ensemble de percussion Uzume Taiko, fondé à Vancouver en 1988, utilise les instruments de musique et les modulations rythmiques traditionnels des Japonais pour créer un nouveau répertoire. Il a effectué des tournées en France, en Allemagne, en Hollande et aux Etats-Unis.
Au cours des années 1970, Toronto possédait la plus importante communauté japonaise au Canada, et un centre culturel canadien-japonais qui fut un foyer pour les activités des nisei (seconde génération de Canadiens japonais), parraina le Sansei Choir formé en 1964 par Harry Kumano et présenta des concerts d'artistes japonais de passage (notamment l'Ensemble Nipponia, sous la direction du compositeur-interprète Ninoru Miki, en 1976 et 1978). Le centre a également aidé une troupe de danse locale et, de temps en temps, des professeurs de koto et de shakuhachi. Il existe aussi un centre culturel japonais à Hamilton, Ont. À l'Université de Toronto, David B. Waterhouse commença à donner des cours d'histoire de la musique japonaise en 1968. Kenneth L. Richard, de cette université, et Steven Otto, de l'Université York, sont des interprètes accomplis du koto. La Chorale japonaise de Montréal de 32 voix mixtes, fondée en 1977 et dirigée par Takashi Imaizumi, a donné plusieurs concerts au centre culturel japonais et dans des églises. D'autres musiciens japonais éminents sont venus au Canada : Kazuyoshi Akiyama, qui fut chef d'orchestre de l'Orchestre symphonique de Vancouver (1972-85); Seiji Ozawa, Japonais né en Manchourie, chef d'orchestre du TSO (1965-69); Kazuhiro Koizumi, natif de Tokyo et formé à Berlin, qui fut chef d'orchestre de l'Orchestre symphonique de Winnipeg (1983-89); le violoniste Hidetaro Suzuki; le violoncelliste Tsuyoshi Tsutsumi. Yoko Wong, née en Manchourie mais élevée au Japon où elle étudia avec Shinichi Suzuki (lui-même venu au Canada à plusieurs reprises), devint une importante protagoniste de la méthode d'enseignement Suzuki au Canada après son arrivée en 1965. Parmi les musiciens nés au Canada, on compte le saxophoniste Nobuo Kubota, le tromboniste Jiro « Butch » Watanabe, et les pianistes Jon Kimura et Jamie Parker.
Le compositeur japonais Toru Takemitsu a joui de rapports privilégiés avec le TS, grâce à Seiji Ozawa, et plusieurs de ses oeuvres ont été enregistrées par cet orchestre. Robert Aitken, flûte solo du TS durant ces années, fut influencé par le jeu de l'interprète du shakuhachi Katsuya Yokoyama qui fut soliste à des concerts du TS. Il en résulta pour le jeu d'Aitken une inflexion plus subtile et un registre sonore plus étendu. Aitken a enregistré des solos de flûte du compositeur japonais Kazuo Fukushima. John Wyre, percussionniste du TS, fit ses débuts comme soliste avec l'Orchestre philharmonique du Japon dirigé par Ozawa, en exécutant sa propre composition Bells, dédiée au chef d'orchestre et à Takemitsu; ce dernier reçut une commande de Carnegie Hall pour écrire une oeuvre à l'intention de Nexus, qui l'a créa en 1990 avec l'OS de Boston dirigé par Ozawa. En 1985, R. Murray Schafer reçut une commande de la banque de Kyoto pour écrire Listen to the Incense, dont Ozawa fit la création au Japon. L'oeuvre fut jouée de nouveau en 1988 par l'OS de Winnipeg accompagnée de la cérémonie rituelle de l'encens qui l'a inspirée. Le TS lui-même effectua des tournées au Japon, sous la direction d'Ozawa en 1969, sous celle d'Andrew Davis en 1978 avec Maureen Forrester et Louis Lortie comme solistes, et sous celle de Herbig en 1990 avec Jon Kimura Parker comme soliste. Ethel Stark visita le Japon en 1960 et devint alors, semble-t-il, la première femme à diriger l'OS de Tokyo Asahi et le Hoso Kyokai nippon. La Chorale Bach de Montréal, dirigée par Georges Little, donna six concerts au Japon en 1961. La distribution d'Anne of Green Gables, Edith Butler, Chilliwack, et l'OSM avec Maureen Forrester et Ronald Turini se sont tous produits à l'Expo 70 à Osaka. L'OSM joua de nouveau au Japon en 1989. Sous la direction d'Akiyama, l'OS de Vancouver effectua une tournée au Japon en 1974, puis en 1985 avec Jon Kimura Parker comme soliste. La violoncelliste Ofra Harnoy a joui d'un immense succès au Japon. Au nombre des autres Canadiens à se rendre au Japon, mentionnons Paul Bley, Bruce Cockburn et Murray McLauchlan, Hugh McLean, Anne Murray, les Nylons, Oscar Peterson, René Simard, Don (W.) Thompson et Terry Clarke accompagnant le guitariste amér. Jim Hall, et l'orchestre rock Teaze de Windsor, Ont. Le saxophoniste de jazz canadien Georgie Auld avait déjà effectué huit tournées au Japon en 1973.
Dorothy Swetnam Hare enseigna le piano à la Canadian Academy à Kôbe (1934-38, 1940). Arnold Walter donna des cours au Japon en 1961 et Victor Feldbrill (décoré de la médaille de la ville de Tokyo en 1978 pour son travail auprès des jeunes) dirigea et enseigna à la National University of Art and Music de Tokyo (1979-87), et il fut invité à diriger des orchestres partout au Japon. Roy Cox, Clifford Evens et Wilson Swift sont parmi les chefs d'orchestre canadiens qui ont étudié avec le professeur d'Ozawa et d'Akiyama, Hideo Saito; Alex Pauk a aussi étudié la direction au Japon. The Tokaido de Freedman (1964), basé sur des poèmes japonais, fut inspiré au compositeur lors d'une visite au Japon.
Les musiciens et groupes japonais qui se sont produits au Canada regroupent Tamaki Miura, réputée pour avoir été la première Japonaise à interpréter Cio-Cio-San dans Madama Butterfly, qui chanta ce rôle à Montréal avec le Boston Grand Opera en 1917 et avec le San Carlo Opera en 1922; l'Opéra Fujiwara (Toronto, Montréal, 1956); le compositeur et pianiste d'avant-garde Toshi Ichiyanagi (Semaine internationale de musique actuelle, Montréal 1961); le joueur de koto Kimio Eto (Toronto, 1961, 1962, 1966); les Petits chanteurs de Tokyo (1964, 1978); l'Orchestre philharmonique du Japon dirigé par Akeo Watanabe (PDA, 1964; Watanabe fut également chef invité de l'Orchestre philharmonique de Calgary en 1975); la Kwansei Gakuin Symphony Band (Toronto, 1964); la pianiste Kyoko Edo-Ozawa (TSO, 1964); l'interprète du shakuhachi Katsuya Yokoyama et le joueur de biwa Kinshi Tsuruta qui se produisirent et enregistrèrent avec le TS en 1968, et jouèrent avec l'OS de Vancouver en 1978; le compositeur et pianiste Yuji Takahashi qui joua avec le TS (1969) et exécuta sa composition Chromamorphe II à un concert de la SMCQ en 1969; le violoniste Masuko Ushioda (Toronto, 1969, 1972; Vancouver, 1971, 1975, 1976, 1978, et avec le pianiste Minoru Nojima à Toronto en 1977). Nojima joua également avec l'OS de Vancouver en 1974, à l'instar des violonistes Teiko Maehashi (1972, 1973, 1974, 1977) et Tsugio Tokunaga (1972). Hiroyuki Iwaki a dirigé le TS en 1973 et 1979 et l'OSM en 1976; le pianiste Takashi Hironake et le violoniste Yasushi Abe furent solistes avec l'OS de Vancouver (1975); le Quatuor à cordes de Tokyo s'est produit à maintes reprises au Canada à partir de 1976, et le violoniste originaire de Toronto Peter Oundjian s'est joint au groupe comme premier violon en 1981. L'ensemble Ondekoza a joué plusieurs fois au Japanese Canadian Cultural de Toronto à partir de 1976. Le violoncelliste Ko Iwasaki joua avec l'OS de Vancouver en 1973, le pianiste Etsuko Tazaki avec le TS en 1976 et le violoniste Hamao Fujiwara avec le TS en 1977 et 1978, et l'OS de Vancouver en 1977. Makoto Shinohara fut compositeur invité à l'Université de Montréal en 1977. L'OS de Tokyo et l'OS de Vancouver jouèrent à la télévision de la SRC lors d'un concert conjoint en 1978. Le trompettiste Toshinori Kondo se produisit et enregistra à Toronto en 1979. Le compositeur Joji Yuasa séjourna à Toronto en 1981 comme professeur invité de la faculté de musique de l'Université de Toronto. La soprano Yoko Watanabe interpréta Cio-Cio-San lors des deux présentations de Madama Butterfly par la COC, en 1985 et 1990, et la violoniste Midori est venue au Canada à de nombreuses reprises. Le percussionniste Eitetsu Hayashi et d'autres musiciens participèrent au festival des arts de la scène Close-up of Japan à Toronto, en 1990. L'ensemble de percussion Wasabi Daiko se produisit à Ottawa en 1991.
Le Fonds Japon-Canada fut créé en 1988 à partir d'un don (au montant de près de 1 000 000 $) du gouvernement japonais au CAC dans le but de renforcer les liens entre les communautés artistiques des deux pays. Ce fonds subventionne toutes les formes d'art et, au nombre de ses initiatives dans le domaine musical, on compte le parrainage de tournées d'artistes japonais au Canada, l'échange d'artistes entre les deux pays et l'appui financier de projets spécifiques. Il contribua à la venue au Canada de l'Orchestre philharmonique du Japon (1990 et 1991), du musicien pop Tenko Ueno lors de sa participation à Montréal au festival Montréal Musiques actuelles (1990) et du compositeur Ushio Torikai qui s'est produit à la Music Gallery en 1991. Des musiciens canadiens ont aussi bénéficié de l'appui du fonds pour se rendre au Japon, entre autres, le compositeur Sandy Moore de Halifax et l'artiste multidisciplinaire Peter Chin de Toronto
En 1991 eut lieu un festival de deux semaines, Great Canada '91, mettant en vedette plus de 160 artistes et 76 spectacles de musique, de danse et de cinéma à l'occasion de l'ouverture d'une nouvelle ambassade canadienne à Tokyo. Cette manifestation constituait le plus important échange culturel Japon-Canada à ce jour. Au nombre des attractions musicales figuraient le Calgary Boys' Choir, Anne of Green Gables dans sa mise en scène du Festival de Charlottetown, Ofra Harnoy, Louis Lortie, le Quatuor à cordes Orford et l'OS de Vancouver. Le festival fut suivi en septembre d'une présentation de l'exposition « Glenn Gould 1988 » de la Bibliothèque nationale du Canada.


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