Depuis l'assassinat le 2 novembre 2004 du réalisateur néerlandais Theo Van Gogh, la Hollande n'est plus la même face à ses ressortissants Maroco-néerlandais. Etant donné que le meurtrier du réalisateur est d'origine marocaine, les médias projettent une image négative de la communauté marocaine, évaluée à 300 000 personnes (sur 16 millions d'habitants). L'extrême droite monopolise de plus en plus l'attention par diverses actions contre les différentes communautés.?xml:namespace prefix = o / Qu'en est-il de la situation que vivent au quotidien les jeunes de cette communauté ? On peut penser qu'il ne doit pas être facile de s'intégrer à la société néerlandaise. C'est dans ce contexte qu'en juin 2007, Erik Molnar, professeur d'histoire au Collège Carboon, a proposé au Gouverneur dans le cadre d'un concours, un projet visant au rapprochement des cultures. Leur école fait partie de l'ensemble Carboon College, mais elle est unique. Elle est en effet multiethnique et parmi les 25 nationalités qui y sont représentées, les Marocains forment le groupe culturel le plus important.
Le projet regroupe 9 activités, l'une d'entre elles étant un voyage au Maroc dans le but de démontrer qu'il est possible de vivre ensemble et de faire fi des préjugés. L'ensemble des activités fera ensuite l'objet d'articles rédigés par les jeunes pour l'édition du 14 avril du magazine à orientation positive multiculturelle MCP, qui sera lancée lors d'une soirée.
Le projet est composé d'un voyage au Maroc, d'interviews avec des représentants de différentes communautés dont Najib Amhali, Sylvana Simons et Pamouk Kah, de la présentation de la pièce de théâtre « Ibrahim et les fleurs du Coran », d'un échange entre 16 jeunes : russes, finlandais, éthiopiens, allemands et sri lankais sur ce qu'ils vivent, d'un dîner offrant diverses spécialités provenant de différents pays et d'un défilé de mode avec Nadia El Harouach et Samira Chmourk, qui présentaient des caftans marocains avec des gâteaux et du thé à la menthe.
J'ai eu la chance de participer au volet voyage au Maroc. Nous sommes partis de Marrakech vers le sud du Maroc pour un périple de 6 jours. Notre groupe comptait sept jeunes, deux professeurs accompagnateurs, un guide-accompagnateur, un médecin et moi-même.
Nous avons visité Ouarzazate, la casbah d'Aît Ben Haddou, Zagora et Merzouga d'où nous avons pris des dromadaires pour rejoindre un bivouac de nomades en plein désert dans la nuit. C'était hallucinant !!! Nous avions 3 guides et chacun avait la tâche de s'occuper de 4 ou 5 d'entre nous. Comme les bédouins, nous arborions tous sur nos têtes des foulards pour nous protéger en cas de tempête de sable. Les dromadaires étaient reliés entre eux par une bride. Notre guide, un homme grand, mince et élancé vêtu d'une gandoura bleue, tenait la bride du premier dromadaire de notre petit groupe. Nous avions pour consignes de nous projeter en avant lorsque nous montions une côte et l'inverse lorsque nous descendions. Nous rêvions au film de Laurence d'Arabie… Et nous avons continué notre chemin dans la nuit et le silence quand soudain la sonnerie d'un cellulaire retentit en plein désert. Notre guide recevait un appel, ce qui nous a rappelé à la modernité. C'était une expérience unique que personne n'oubliera. Etant donné que nous accompagnions des étudiants, nous avons eu la chance de visiter une école secondaire aux environs de Rissani : le Collège Bnimhamed. Nous avons été accueillis très chaleureusement. On nous a offert du thé à la menthe et nous avons pu apprécier un petit spectacle présenté par des élèves. Cette école compte 300 élèves dont un tiers sont des filles. La plupart des élèves viennent à bicyclette et certains habitent à plus de 8 km de l'école. Ils ont la chance d'avoir une salle multimédia équipée d'une vingtaine d'ordinateurs, d'écrans, d'une imprimante et sont en attente d'une connexion internet. Le professeur de français, M. Hafid Tahiri, a lancé un club de presse avec quelques élèves. On peut lire leur prose sur leur site internet : www.bnimhamed.site.tc. Ce club regroupant 20 élèves issus de chaque niveau se compose d'un comité de rédaction, de correction et de mise en page. Il a pour objectif de faire aimer le métier de journaliste et de développer la curiosité, le travail autonome et le travail d'équipe. Nos amis hollandais ont été enchantés de cette rencontre et projettent même de faire un jumelage avec cette école l'année prochaine pour un projet de commandite. Nous avons rencontré un géologue, M. Mohand Ihmadi dans la région d'Alnif, bien connue pour ses fossiles, ses minéraux et surtout ses trilobites.
Alors que bien des jeunes quittent la région, M. Ihmadi lui est revenu après ses études pour vivre de sa passion en organisant des excursions sur les sites de fossiles et minéraux, avec une belle variété de spécimens exposés dans sa boutique. Notre guide accompagnateur, M. Larbi Khouyibaba a tenu son pari. Il nous a fait découvrir et aimer son pays, le Maroc. Au terme de ce séjour, je peux dire que l'image du Maroc et des Marocains était beaucoup plus flatteuse. Les jeunes ont apprécié l'hospitalité, les paysages, les gens, la nourriture. Parmi les jeunes, certains souhaitent revenir avec leur famille. En marge de la polémique entourant le film anti-islam FITNA réalisé par le député néerlandais Geert Wilders, chef du parti néerlandais liberté PVV, on peut dire que cette initiative offre un autre regard et appelle les gens de bonnes volontés à réagir contre toute la haine des extrémistes. Il faut aussi souligner que l'ensemble du projet a comme but ultime de ramasser des fonds pour financer la reconstruction d'une école de musique brûlée au Surinam. Quelle belle leçon d'entraide !