Des membres de plusieurs communautés immigrantes historiquement ciblées par des lois d'exclusion font front commun pour sonner l'alarme au sujet du potentiel raciste des changements à la Loi d'immigration dissimulés au sein de la "Loi sur l'exécution du budget", ou Projet de Loi C-50. Des représentants des communautés Chinoise, Noire, Arabe, Sud-Asiatique et Juive à Montréal, toutes visées par des lois d'immigration racistes dans la première partie du 20ème siècle, lancent un avertissement au sujet du Projet de Loi C-50, affirmant que celui-ci reproduirait des schémas d'exclusion de communautés entières, à l'image de la Loi sur l'Exclusion de l'Immigration Chinoise de 1923, du décret de 1911 prohibant l'immigration de toute personne de « race noire », de celui de 1930 interdisant l'entrée au Canada à « tout immigrant appartenant à la race asiatique » , de la règle du voyage continu de 1908, ou de la règle « Aucun est déjà trop », appliquée aux réfugiés Juifs fuyant l'Europe sous occupation Nazie pendant la Seconde Guerre. Parmi les changements proposés à la Loi d'immigration dans le cadre du projet de Loi, la Ministre aurait le pouvoir discrétionnaire de rejeter une demande d'immigration de manière arbitraire, et ce même si le demandeur satisfait aux critères de sélection. De plus, la Ministre serait autorisée à émettre des « instructions » fixant des quotas sur la « catégorie » et sur le « pays d'origine » des immigrants potentiels. De tels pouvoirs arbitraires verraient la réintroduction d'une politique d'immigration raciste au sein de la Loi canadienne. "Nous avons lutté et luttons encore au nom des milliers de familles chinoises qui demandent toujours une réparation de la part du gouvernement canadien et qui ont subi plus de 63 ans de racisme légalisé. Malgré ce passé historique, le gouvernement introduit un projet de Loi qui menace de reproduire les mêmes politiques d'exclusion racistes» a dit Walter Chi-Yan Tom, de l'Alliance des Sino-Canadiens pour la réparation. Des membres de la communauté Juive se rappellent des années 30 et 40, ou des réfugiés Juifs fuyant la persécution Nazie ont été empêchés d'entrer au Canada. Ils constatent que les mêmes pouvoirs qui étaient alors octroyés au directeur de l'Immigration Frederick Charles Blair sont maintenant donnés à Diane Finley. « C-50 donne à la Ministre Finley le même pouvoir de refuser l 'entrée à toute personne qu'elle seule ne juge pas bienvenue », a affirmé Freda Guttman, artiste et activiste montréalaise. « La lutte contre les lois d'immigration discriminatoires - interdisant l' entrée sur la base de critères de race et de culture - et pour la justice en matière d'immigration, menée par les communautés migrantes au Canada durant la première moitié du 20ème siècle ne devrait pas être effacée par la réémergence aujourd'hui de critères d'origine nationale et culturelle dans la détermination de l'éligibilité des immigrants » a affirmé Brian Aboud, sociologue spécialisé dans l'étude des premières vagues de migration Arabe au Canada. Il est ironique qu'un projet de loi anti-immigrant comme C-50 soit introduit en même temps que le gouvernement conservateur multiplie les communiqués annonçant des « programmes de reconnaissance historique » commémorant des incidents comme le Komagata Maru ou le St-Louis. « Même s'il crée un tintamarre autour des excuses faites pour des erreurs abjectes du passé, le gouvernement s'engage à répéter les mêmes erreurs historiques» a dit Dolores Chew, Vice-Présidente du Centre Communautaire des Femmes Sud-Asiatiques. Source: Solidarité sans frontières