La valorisation du statut des cadres et personnels issus de l'immigration et la question de l'intégration dans son rapport avec le marché de travail ont suscité un débat houleux le long d'une année au Canada et alimenté la polémique sur les moyens de mettre fin au "gaspillage de talents et de compétences" et d'accompagner les travailleurs étrangers dans leur recherche d'emploi. -Par Mohamed Farhane-. Pour répondre aux exigences de l'économie du 21è siècle, le Canada a opté, même en période de crise économique mondiale, pour une politique de migration déclarée à la quête d'une main-d'oeuvre étrangère très qualifiée, l'objectif étant d'augmenter la capacité concurrentielle axée sur le savoir et les compétences de la population. Les autorités canadiennes ont toujours appelé à ce que les villes et les collectivités nationales qui peuvent attirer les personnes les plus talentueuses, y compris les migrants hautement qualifiés, doivent mettre en avant des opportunités d'investissement en matière de ressources humaines en vue de maintenir une économie forte. Le gouvernement canadien a veillé à ce que les travailleurs étrangers qualifiés occupent des emplois intéressants et productifs, en agissant sur plusieurs créneaux, notamment la mise à jour des compétences de la main-d'oeuvre de telle sorte que les travailleurs formés à l'étranger puissent participer pleinement au marché du travail et s'intégrer au sein de la société canadienne.
+Croissance nette de la main-d'oeuvre liée à l'immigration+
Durant la dernière décennie, 70 pc de la croissance nette de la main-d'oeuvre canadienne est attribuée à l'immigration récente. Parmi les plus grandes communautés immigrantes, il y a les Marocains, les Algériens, les Tunisiens, les Chinois, les Ukrainiens, les Italiens et les Haïtiens. "Même si d'autres pays ont réduit leurs niveaux d'immigration pour faire face à court terme à la conjoncture économique difficile à l'échelle mondiale, le gouvernement canadien maintient ses niveaux d'immigration pour répondre aux besoins économiques à moyen et à long terme du pays", a déclaré récemment le ministre fédéral de l'immigration et de la Citoyenneté Jason Kenney. Le ministre a également affirmé que "le Canada compte accueillir entre 240 000 et 265 000 nouveaux résidents permanents en 2010, soit le même nombre d'immigrants que les dernières années", ajoutant que "le plan de 2010 met l'accent sur l'immigration économique afin de soutenir l'économie du Canada pendant et après la reprise économique actuelle ". Selon des chercheurs canadiens, en tout état de cause, un grand nombre d'immigrants qualifiés ne sont pas capables de décrocher un emploi dans leur domaine, malgré le fait qu'ils possèdent plus de qualifications que leurs prédecesseurs en arrivant au Canada. Il leur faut en outre plus de temps pour rattraper leurs semblables canadiens dont les revenus sont plus élevés. Dans le but d'améliorer l'intégration au marché du travail et dans la société des travailleurs formés à l'étranger, les autorités compétentes ont mis en oeuvre des mesures de soutien, notamment l'accélération de l'évaluation et de la reconnaissance des titres de compétences étrangers et la mise en place de cours de langue de niveau avancé et de projets d'aide à la transition vers le marché du travail. Un "cadre pancanadien pour l'évaluation et la reconnaissance des titres de compétences étrangers", présenté récemment par la ministre des ressources humaines, Diane Finley, doit permettre à plusieurs groupes professionnels, des mécaniciens aux architectes, en passant par les pharmaciens, d'obtenir rapidement une décision.
Le plan qui doit entrer en vigueur dans un an, s'insère dans la stratégie d'immigration du Canada qui vise à attirer "la main d'oeuvre la mieux instruite, la plus compétente et la plus souple du monde". Les professions d'architecte, de mécanicien, de vérificateur financier et comptable, de technicien de laboratoire médical, d'ergothérapeute, de pharmacien, de physiothérapeute et d'infirmière diplômée sont les professions prioritaires qui pourront bénéficier de ces mesures. Fait surprenant, les médecins et les enseignants, eux, ne devraient pas figurer dans ce plan avant la fin de 2012. Devant le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes, le ministre fédéral de l'immigration, M. Jason Kenney avait déploré que la profession médicale "se montre réticente à être partie prenante au plan, malgré la pénurie de médecins observée au pays".
+La reconnaissance des titres de compétences étrangers face à une lourdeur des procédures+ La lourdeur des procédures actuelles conduit de nombreux immigrés diplômés à accepter des emplois de simple chauffeur de taxi ou de manutentionnaire. Les pertes que subit l'économie du pays en raison de la non-utilisation de ses compétences atteindraient plusieurs milliards de dollars par an, selon les autorités canadiennes. Parmi ces compétences, figurent les membres de la communauté marocaine établis au Canada estimés à quelque 65.000 âmes et qui opèrent dans des domaines variés tels l'enseignement et la recherche, la restauration et l'hôtellerie, les affaires, les transports et la fonction publique. Ils résident pour environ 90 pc dans la province francophone du Québec, dont 60 pc dans la région de Montréal métropolitain. Près de 87 pc des Marocains de plus de 15 ans résidant au Canada sont diplômés, dont plus du tiers de nveau universitaire supérieur. Selon l'Institut fédéral de la Statistique du Canada, six immigrés sur dix travaillent dans un domaine qui n'était pas le leur dans leur pays d'origine et 42 pc d'entre eux ont un niveau de formation plus élevé que les exigences normales de leurs postes au Canada, contre 28 pc des travailleurs nés dans ce pays. Plus de 1,1 million de travailleurs de 25 à 54 ans titulaires d'un diplôme universitaire occupaient, en 2008, des professions dont les exigences normales étaient tout au plus un diplôme d'études collégiales ou une formation d'apprenti. Au cours du deuxième trimestre de 2009, la population canadienne, estimée à 33 739 900, a affiché une croissance de 121.200 (+0,36 pc). Cette augmentation a été principalement attribuée au solde de migration internationale, qui a atteint 84.800, soit le deuxième nombre le plus élevé pour un deuxième trimestre depuis 1972. La sensibilisation de la population à l'apport positif des immigrants dans la société est une approche louable, mais il faut aussi convaincre les employeurs de les embaucher à des postes à la mesure de leur compétence. En attendant, dénicher un emploi au Canada quand on vient d'ailleurs, ce n'est pas une sinécure quant bien même on est qualifié.