Appelée généralement khamsa (littéralement "cinq" par allusion au nombre de doigts), la main est en Afrique du Nord, une amulette des plus répandues. Elle possède en elle-même un pouvoir, à savoir un rôle de protection contre le mauvais oeil. Elle protège et éloigne des mauvaises influences et des mauvais esprits. Dans la main si personnelle, il semble que se concentrent tous les pouvoirs: c'est la main que l'on serre et que l'on baise; c'est aussi elle, que l'on joint à la main de celui avec lequel on scelle une union, doigts entrecroisés (chebbak); c'est encore elle que l'on ouvre, les doigts brusquement écartés en lançant: "Cinq dans ton oeil" pour conjurer le mauvais sort; enfin, ce sont les mains que l'on impose et celles de celui qui prie, les paumes tournées vers le ciel pour implorer. En vérité, la main représente tout cela et sa simple évocation participe à sa vertu. Pour les musulmans, la main est aussi une représentation de la Loi. Elle possède cinq doigts, chacun d'entre eux ayant trois jointures, excepté le pouce qui n'en compte que deux. Tous les doigts sont soumis à l'unité de la main, qui leur sert de base. Or, la Loi contient cinq préceptes ou dogmes fondamentaux. Tous ces dogmes, puisent leur source dans l'unité de Dieu. Par conséquent, toute la Loi se trouve concentrée dans la main. Ce sont enfin les cinq doigts de la main de Fatima, la fille du Prophète. Pour les juifs, l'intervention divine, est représentée par une main qui descend du ciel: "Et la main de Yahvé fut sur moi et m'emmena par l'esprit de Yahvé et me déposa au milieu de la vallée..." Ezéchiel 37. La main de Dieu est aussi celle qui a donné à Moïse les Tables de Loi. On peut donc constater un phénomène de convergence des cultures et un parallélisme plutôt qu'une influence directe de l'une sur l'autre. On retrouve d'ailleurs cette croyance antique dans tout le bassin méditerranéen et il est bien difficile d'y démêler les apports berbères et musulmans des apports spécifiquement juifs. Bijoux berbères du Maroc dans la tradition judéo-arabe, David Rouach, ACR Edition, 1989, p. 206.