«La main au Maroc. Khamsa, art, symbole et tradition», tel est le nouveau beau livre de Khalid El Gharib, édité par Malika Editions. À travers ce nouvel ouvrage, El Gharib, spécialiste de la poterie et des bijoux citadins, propose une formidable collection. Il s'agit en effet de la première anthologie artistique et esthétique de la main. D'une beauté inédite, les différentes pièces de cette collection, sont «collectées dans toutes les aires culturelles du Maroc et donnent à voir des bijoux en métal noble, des imprimés, des lampes, des vêtements, des tissages, des manuscrits qui entourent aussi bien la vie quotidienne que les grandes cérémonies», souligne l'éditeur. Les différents chapitres du beau livre tentent d'élucider le mystère de la khamsa, ancrée dans l'imaginaire collectif des Marocains. «Dans cette étude chaleureuse et exhaustive, Khalid El Gharib nous invite à suivre le captivant voyage qu'il a fait autour de la khamsa. En amulette ou en décor, main ouverte ou fermée, anodine au premier regard, elle recèle un nombre infini de mystères. Khalid El Gharib décrypte pour nous quelques-uns de ces messages venus de mondes écroulés ou oubliés», précise l'historien Maurice Arama, auteur de la préface. C'est une démarche que l'on détecte dès les premières pages de l'ouvrage. Il faut dire que la philosophie de l'auteur est à la fois simple et profonde : «une journée heureuse commence par une découverte, se fortifie par des échanges et trouve harmonie et félicité quand le curieux, le passant et l'esthète accompagnent le soir vos passions». Protéger contre le mauvais œil Curieux, Khalid El Gharib, explore dans ce livre les origines de la khmasa. «Même si le sens réel de ces empreintes nous échappe toujours, les spécialistes penchent pour des signatures ou des marques identitaires laissées par les artistes préhistoriques, les chefs des clans ou des chamans. La khamsa avec sa main ouverte émane de ces croyances millénaires. Son influence s'est étendue à d'autres activités humaines», écrit l'auteur. D'ailleurs, qui d'entre nous n'a jamais aperçu une khamsa ornant l'entrée des maisons, décorant les objets les plus divers avec le souhait de protéger les gens et les lieux contre les menaces virtuelles ? Se présentant sous différentes formes et styles, contrairement à ce que l'on pense (colliers de tête, gourmettes, pendentifs, boucles de ceinture, bracelets...), la khamsa a toujours eu la même mission : protéger contre le mauvais œil. El Gharib, illustrations à l'appui partage avec nous ses découvertes. Il faut dire qu'après avoir sillonné les quatre coins du monde, la khamsa s'est choisie une terre d'élection, le Maroc. C'est ainsi que depuis des siècles, bijoutiers marocains (juifs et musulmans) ont façonné des formes et des styles d'une inventivité indescriptible. «Les bijoutiers se transmettaient de père en fils, depuis des générations, les techniques, les modèles ornementaux, les gabarits, les outils et le savoir-faire pour la pose de l'émail. Les articles étaient communs aux deux populations, à l'exception des objets de culte destinés aux seuls juifs», ajoute El Gharib. Etroitement liée aux croyances religieuses, la khamsa, est fortement présente dans les synagogues au Maroc. L'auteur a fait d'ailleurs une sélection de photographies où l'on peut décortiquer des lampes soutenues par des chaînes reliées à des khamsas. Ce beau livre (en français et en anglais), vient donc nous dévoiler une partie de notre identité culturelle et de nous rappeler que la khamsa est bel et bien une partie intrinsèque de la tradition marocaine.