Par A. Khouibaba , Montreal Oui, c'est comme ça qu'elle m'appelait, remarque qu'à mon arrivée au Canada, je me suis marié avec une petite québécoise. Cela m'a pris cinq ans pour comprendre que j'étais un salopard... Car elle était une femme exemplaire mais après cinq ans de mariage, moi je voulais rattraper ma vie d'adolescent que je n'avais pas vécu, un manque dans mon éducation. À trente ans, je voulais vivre comme à 18 ans, me payer une belle voiture, me trouver des belles femmes... J'ai abusé dans un sens de la confiance que ma femme me faisait. Et un jour, je suis rentré chez moi, la petite québécoise m'attendait avec un bloc note, m'invita à m'asseoir sur une chaise de la cuisine et pacifiquement me dit : -Tu sais qu'on s'entend plus alors qu'est-ce que tu veux garder et qu'est-ce que tu veux me laisser? Quelques mois plus tard, on s'est retrouvé devant un juge pour qu'il annonce notre divorce. Ma vie d'adolescent a duré environ 10 ans et chaque fois que je discutais avec des Marocains on me demandait pourquoi je n'étais pas marié? Je répondais que j'étais divorcé. Et toujours j'entendais la même réplique: " c'est parce qu'elle n'était pas marocaine ". J'avais beau leur dire que c'est moi et pas parce que j'étais Marocain mais par ma conduite, elle, elle était tout simplement la femme parfaite. Un jour, je rencontre lah...biba. Elle était tbiba. Ah! Oui, très instruite. Elle a même 2 jobs. Elle enseigne à l'Université au Maroc et en trois mois, les étudiants vont avoir dans leur tête ce qu'ils doivent avoir en neuf mois. Très rapide, efficace. Le ministère de l'Education lui demandera un jour la recette pour réduire l'année scolaire à trois mois. Après les trois mois, à son retour au Canada pour reprendre son autre job, le chronomètre des salaires au Maroc ne s'arrête pas et l'argent va directement dans le compte bancaire. Heureusement pour moi, mon copain Mohamed est président de l'Association des hommes battus, cela ne m'a pas coûté grand chose pour avoir ma carte de membre. Lah...biba voulait garder les avantages de la marocaine au Maroc et les avantages du Canada, les droits mais aucun devoir. Moi, lah...Mar, je dois toujours prendre la place du chef de la famille et je dois tout payer. " Ouais ", je suis l'homme et j'aime ça! Lah...biba, tbiba a un grand avantage sur moi, elle a vu tous les films de Farid Chaouki (je ne parle pas du directeur de Royal Air Maroc à Montréal) et les films de Fatin Hamama. Je me suis donc recyclé une autre fois, j'ai loué quelques films à ville St-Laurent, je n'ai rien compris. Ce qui est fait, est fait. Parfois lorsqu'elle m'appelait Lah...biba, je lui répondais en l'appelant Lah...bib. J'avais l'impression de parler au porteur d'eau qui était dans notre quartier au Maroc, c'était un bon gars mais l'image me déplaisait. Alors on m'a appris que je devais dire moi aussi Lah...biba c'est-à-dire que nous étions deux h...biba. Alors moi aussi je commençais à dire Lah...biba, mais entre nous, que voulez-vous je n'ai jamais vu mon père embrasser ma mère. C'était un grand choc pour moi. Je ne savais pas que la femme marocaine était rendue à ce point là. J'avais l'impression de vivre dans une pièce de théâtre. Je me suis trouvé dans un " vrai " mariage mixte et pas avec la petite québécoise, avec elle je n'ai jamais senti cette différence culturelle mais avec lah...biba. Avec elle, le mariage a duré quatre pas année mais mois. Quatre mois pour comprendre que le mariage mixte n'est pas nécessairement entre marocains et québécoises, il peut l'être aussi entre marocains vivants depuis 18 ans au Québec et qui décident d'épouser une marocaine dans son pays. Et croire que pour elle, l'évolution s'est arrêtée le jour où lui a quitté le Maroc. Il oublie que les divergences deviennent énormes c'est pour ça que plusieurs mariages maroco-québécoises et québécois/marocaines sont devenus une formule réussie.