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Duel Maroc / Tunisie suite à la finale de la Ligue des Champions africains Les coulisses de la réunion de la CAF qui a enflammé la guerre des tranchées entre Marocains et Tunisiens
C'était une "occasion historique", une "affaire décisive", une question de "justice divine", une bataille pour la "dignité". Il ne s'agissait ni d'un Sommet sur l'avenir du Maghreb, ni d'une négociation diplomatique tendue, mais d'une réunion du Comité exécutif de la CAF mercredi dernier à l'hôtel Hyatt Regency de Paris; et de la décision qui allait faire suite à la finale amputée du 31 mai dernier, arrêtée à la 59ème minute après le but de tête refusé de Walid El Karti, dont la validité était pourtant claire comme de l'eau de roche. Al'issue d'une réunion marathon scindée en deux sessions, le verdict de l'instance décisionnelle de la CAF est tombé: le match retour devra être rejoué en dehors du territoire tunisien, et le trophée ainsi que les médailles devront être restitués par l'EST au Secrétaire général de la CAF, qui n'est autre que le Marocain Mouad Hajji. Malices dans les coulisses L'histoire de la finale de la Champions League 2019 est celle de ces duels à suspens comme seul le football africain est capable d'en générer. Selon les informations recueillies par « L'Opinion » auprès d'une source autorisée à la CAF, le Comité exécutif était largement divisé avant sa réunion entre, d'un côté, les membres indignés contre la "mascarade de Radès", et de l'autre, ceux pour qui "il était hors de question que le match soit rejoué après le coup de sifflet final de l'arbitre". Mais aussitôt le rapport du Commissaire du match exposé et les témoignages des membres du Comité présents ce jour là rapportés, "les points de vue se rapprochaient". A en croire ce haut gradé de la CAF, le "témoignage du président Ahmad Ahmad à propos des menaces verbales qu'il a reçues des dirigeants de l'EST sur la pelouse a été décisif". Devant la "violence" de ces menaces portant atteinte à la sécurité des responsables de la CAF, même les membres du Comité les plus réticents ont fini par soutenir leur président. Et c'est ainsi que, contre toute attente, les débats auxquels a donné lieu cette réunion se sont concentrés sur le principe général de l'absence des conditions de sécurité indispensable à l'organisation de ce genre de rencontres internationales, plutôt que sur des considérations purement techniques tel que la panne de la vidéo-assistance (VAR). Principale preuve à l'appui: le rapport du très crédible commissaire du match Ahmed Yahya, président de la Fédération mauritanienne de football par ailleurs désigné par la CAF meilleur dirigeant de fédération africaine pour l'année 2017. Dans ce document, il est "écrit noir sur blanc que le Wydad ne s'est pas retiré du match (thèse défendue par les dirigeants de l'EST, ndlr), mais que l'arbitre a sifflé la fin après concertation avec les membres du Comité exécutif présents", confie notre source, poursuivant que "le commissaire a décrit comme lamentables les conditions de sécurité et d'organisation de ce match". Si la quasi totalité des membres s'accordaient sur la nécessité d'annuler le résultat du match retour et le besoin d'infliger des sanctions -certainement pécuniaires- aux dirigeants du Tarajji, le petit clan mené par le président de la Fédération nigériane insistait sur le passage au vote. Un scrutin qui va donner raison au Wydad "avec 90% de voix pour les décisions impulsées par Ahmad Ahmad", révèle notre interlocuteur. La suite on la connaît. La décision de la CAF entraînera au Maroc et surtout en Tunisie, une cascade de réactions et de contre-réactions avec des piques de débilité difficilement égalables. Réaction également prévisible, le club tunisien appuyé par sa fédération a décidé d'ester en justice devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Si cette plainte est jugée recevable, l'instance basée à Lausanne en Suisse accordera sans nul doute plus d'attention aux considérations d'ordre purement technique et légal. Affaire à suivre donc. Amine Derkaoui