Acompter du 1er mai et contrairement aux promesses gouvernementales sur le plafonnement, les prix des carburants ont enregistré une nouvelle hausse. Le prix du diesel a ainsi grimpé de 16 centimes, alors que le super sans plomb a connu une hausse de 22 centimes. Dans des stations-service à Rabat et Salé, par exemple, le gasoil se vend jusqu'à 9,66 DH le litre. Quant à l'essence, le prix de vente se situe aux alentours de 11,30 DH le litre. Rappelons, à cet égard, que le HCP avait déjà signalé que la flambée des prix des carburants avait dépassé la barre des 5,2% en mars dernier. Une chose est sûre : cette flambée des prix à la pompe ne manquera, certainement pas, d'avoir un impact négatif sur le panier de la ménagère. Pour les professionnels, cette hausse est due à l'augmentation à l'international des prix des produits raffinés et à la surévaluation du dollar. Plusieurs facteurs peuvent, en fait, expliquer ces augmentations des prix à la pompe. Les pays membres de l'OPEP se sont mis d'accord pour réduire la production de carburant afin de faire remonter les prix. L'embargo américain à l'égard du pétrole iranien et vénézuélien provoque également une hausse des prix du carburant. Le 25 avril dernier, le baril de Brent a d'ailleurs dépassé la barre des 75 dollars, pour la première fois depuis le mois d'octobre. Pour le reste de cette année 2019, les experts internationaux s'attendent à une tendance toujours haussière des prix à la pompe. Ce qui nous ramène au sujet de l'intervention du gouvernement sur le dossier, qualifié de chaud, du plafonnement des marges bénéficiaires des sociétés de distribution. Une mesure qui a été, d'ailleurs, déjà acceptée par ces sociétés en mars dernier. Et ce, pour une année à titre expérimental. « J'espère que nous mettrons en œuvre la résolution par la suite de manière permanente. Les compagnies pétrolières ont accepté de se conformer à la décision du gouvernement et il n'y a plus de problème entre nous », avait déclaré Lahcen Daoudi, ministre des Affaires Générales du gouvernement et de la Gouvernance, à un confrère de la presse électronique arabophone. Un mois est donc passé après l'aboutissement de cet accord entre les professionnels et le ministère de tutelle sans que cette mesure de plafonnement ne s'applique sur le terrain. Selon un confrère arabophone, le projet de plafonnement est placé, pendant plusieurs semaines, aux bureaux du Chef de gouvernement, sous prétexte que Sâadeddine El Othmani veut approfondir davantage ses consultations avec les professionnels du secteur avant d'appliquer cette mesure. De même, le Chef du gouvernement cherche à sonder les différents départements du gouvernement impliqués dans le domaine des hydrocarbures avant de prendre la décision de plafonner les marges bénéficiaires des sociétés pétrolières. Faut-il rappeler que c'est la flambée des prix à la pompe, observée depuis des mois au Maroc, malgré la baisse des cours de pétrole sur le marché international, qui a poussé le gouvernement, sur la demande de l'opposition, à insister sur l'impératif de s'orienter vers le plafonnement des marges bénéficiaires. Une mesure qui avait été refusée par le Conseil de la Concurrence. Pour cette institution, cette mesure reste provisoire dans le temps. "Cette mesure a déjà été expérimentée entre décembre 2014 et 2015 et elle n'a pas donné les résultats escomptés », avait précisé son président, Driss Guerraoui. Et d'ajouter, lors d'une conférence, que le plafonnement est une mesure conjoncturelle qui, légalement, ne dure que 6 mois et ne peut être prolongée que pour la même durée. Le président du Conseil de la Concurrence rappelle que le Maroc reste tributaire, dans ce secteur, à 93% de l'importation et le prix dans sa structure dépendra des fluctuations du prix de la matière première. Le plafonnement des marges des distributeurs de gros et de détails ne va pas changer la réalité des prix, estime le Conseil de la Concurrence, soulignant qu'il ne permettra pas non plus de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs. L'institution qualifie aussi cette mesure de plafonnement de discriminatoire qui s'applique indistinctement à tous les opérateurs quelles que soient leur taille et la structure de leurs coûts. Pour le Conseil, le gouvernement doit plutôt adopter une vision claire et accélérer sa stratégie énergétique en vue de promouvoir les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. A. CHANNAJE