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Sur fond de bras de fer entre le gouvernement et les pétroliers à propos du plafonnement des marges bénéficiaires Les prix à la pompe poursuivent leur trend haussier
Mauvaise nouvelle pour les automobilistes. Les prix à la pompe continuent d'enregistrer des hausses considérables. Pour la quatrième fois, depuis le mois de février, les tarifs du gasoil et de l'essence ont augmenté de 1.5 DH le litre environ. A Rabat et Salé, par exemple, les stations-services affichent des prix du diesel dépassant les 9,50 DH le litre, alors que ceux de l'essence affichent des tarifs supérieurs au seuil de 11 DH le litre. Ces augmentations vertigineuses, il est vrai, n'ont pas manqué de provoquer l'inquiétude des automobilistes. « C'est trop. Le carburant devient de plus en plus cher. Avec cette situation, mon revenu, déjà faible, sera encore une fois affaibli. 1000 DH de mon salaire vont pour le gasoil uniquement. C'est énorme, combien je gagne pour que je dépense une telle somme? Sérieusement, avec cette situation, je commence à réfléchir de me débarrasser de ma voiture, devenue pour moi un fardeau » s'inquiète un automobiliste de Rabat. « Depuis l'avènement de ce gouvernement, le pouvoir d'achat des Marocains ne cesse de se détériorer. Jusqu'à présent, il n'a rien fait pour améliorer la situation financière des Marocains", ajoute-t-il. Pour les professionnels, par contre, la hausse en cascade des prix des carburants est tout à fait normale. Pour eux, elle est liée à l'évolution des cours du pétrole sur le marché international. « La hausse des prix de gasoil et de l'essence, observée ces derniers jours, n'est pas étonnante. Elle est due, de toute évidence, à l'augmentation des cours de l'or noir sur le marché international », explique un gérant d'une station-service à Salé. Même avis partagé par le Groupement des Pétroliers du Maroc (GPM) qui estime que l'augmentation des prix à la pompe, observée ces derniers jours, est tout à fait raisonnable. « L'augmentation est liée au prix du baril mais aussi à la valeur du dollar, qui est passé de 9,3 à 9,6 dirhams », explique Adil Ziady, président du GPM, dans une déclaration à un confrère francophone de la presse électronique, ajoutant que « les variations de prix restent très faibles ». Il convient d'affirmer que la flambée des prix à la pompe a déjà alimenté le débat au sein des partis politiques, majorité et opposition, qui insistent sur l'impératif de s'orienter vers le plafonnement des prix des hydrocarbures. Un processus qui devrait concerner les marges des sociétés. Ainsi, selon le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Lahcen Daoudi, un projet de loi en cours d'élaboration sera présenté prochainement en vue de plafonner les marges bénéficiaires des carburants liquides. Les détails de ce projet, ainsi que le calendrier de sa mise en application, doivent être discutés prochainement avec les représentants du secteur, a promis le ministre, dans une déclaration à un autre confrère de la presse électronique. Le ministre menace même les sociétés qui ne respectent pas les modalités de cette loi à des amendes pouvant atteindre 600.000 dirhams pour celles qui n'appliquent pas les décisions du gouvernement. Pour leur mettre la pression, le département de Daoudi prévoit de publier tous les 15 jours un tableau récapitulatif des marges. « Le plafonnement, une mesure conjoncturelle" Faut-il rappeler, dans ce sens, que le Conseil de la Concurrence a déjà tranché sur cette question de plafonnement. De l'avis de cette institution, le plafonnement reste une mesure éphémère dans le temps et dont l'expérimentation au Maroc remonte à 2014. "Cette mesure a déjà été expérimentée entre décembre 2014 et 2015 et elle n'a pas donné les résultats escomptés », a précisé Driss Guerraoui, président du Conseil de la Concurrence. Et d'expliquer que le plafonnement est une mesure conjoncturelle qui, légalement, ne dure que 6 mois et ne peut être prolongée que pour la même durée. Le président du Conseil de la Concurrence rappelle que le Maroc reste tributaire, dans ce secteur, à 93% de l'importation et le prix dans sa structure dépendra des fluctuations du prix de la matière première. Le plafonnement des marges des distributeurs de gros et de détails ne va pas changer la réalité des prix, estime le Conseil de la Concurrence, soulignant qu'il ne permettra pas non plus de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs. L'institution qualifie aussi cette mesure de plafonnement de discriminatoire qui s'applique indistinctement à tous les opérateurs quelles que soient leur taille et la structure de leurs coûts. Pour le Conseil, le gouvernement doit plutôt adopter une vision claire et accélérer sa stratégie énergétique en vue de promouvoir les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. Dans cette vision, le gouvernement est appelé à pallier les lacunes de sa libéralisation en investissant dans le renforcement et la gestion du stockage et les outils concurrentiels permettant de développer le métier de stockiste indépendant. Cependant, cet avis du Conseil n'a pas été apprécié par le ministre de tutelle qui insiste sur l'application du plafonnement. Sur le marché international, les cours du pétrole montaient lundi en cours d'échanges européens. Vers 15H15 GMT (16H15 HEC), le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en mai valait 67,53 dollars à Londres, en hausse de 37 cents par rapport à la clôture de vendredi. A New York, le baril américain de WTI pour le contrat d'avril gagnait 62 cents à 59,14 dollars une heure après son ouverture. Vers 15H00 GMT, le WTI a poussé jusqu'à 59,23 dollars le baril, à son plus haut depuis quatre mois. A. CHANNAJE