Vers un consensus avec les distributeurs Après avoir menacé à plusieurs reprises de plafonner unilatéralement les marges bénéficiaires des carburants, au cas où les prix continueraient à flamber, Lahcen Daoudi ne passera finalement pas à l'acte avant d'avoir trouvé un accord avec les pétroliers. Les réunions tenues la semaine dernière avec les pétroliers et les représentants de stations de service ont permis de détendre l'atmosphère. Le ministre des Affaires générales dit maintenant privilégier un plafonnement concerté. Son ambition est de parvenir à un plafonnement durable. Daoudi souhaite que les marges n'augmentent pas, même après la fin du plafonnement dont la durée est fixée à six mois, renouvelable une seule fois (article 4 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence). Les négociations se poursuivront pour fixer le seuil de ce plafond. Le département de Daoudi veut réduire les bénéfices à moins de 70 centimes par litre tandis que le Groupement des pétroliers du Maroc (GPM) propose une marge minimale de 1,40 DH le litre (0,45 DH pour les détaillants et 0,65 DH pour les distributeurs). Les représentants de stations-services réclament quant à eux une marge de 70 centimes le litre. Le gouvernement est décidé d'agir depuis que la marge dépasse 2,13 DH par litre. Le plafonnement pourrait se faire selon le modèle belge. En Belgique, les prix maxima des produits pétroliers sont calculés par le département énergie du service public fédéral économie selon le contrat de programme. Celui-ci fixe une marge brute maximale de distribution par produit en valeur absolue (centime par litre). Elle ne varie donc pas en fonction des changements du prix produit ex-raffinerie. Sachant que le contrat-programme (belge) est conclu pour une durée de trois ans, reconductible pour des périodes de trois ans, sauf dénonciation avec préavis de douze mois. Il pourra être dénoncé à tout moment par une des parties moyennant un préavis d'un an, à partir de la date de dénonciation. Sur le plan technique, le flou persiste sur la mise en œuvre de ce plafonnement au Maroc. Le gouvernement se contentera-t-il d'une circulaire ou procèdera-t-il à l'adoption d'un décret. Le 2e scénario impliquerait une réforme de la loi sur la concurrence. Hajar Benezha 3 questions à Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la gouvernance Al Bayane : Où en êtes-vous dans les négociations avec les pétroliers ? A quand le plafonnement ? Lahcen Daoudi : Les pompistes sont pour le plafonnement, mais ils disent que la marge actuelle est insuffisance, ce qui est vrai. A priori, il n'y a aucun problème avec eux. Reste à trouver un consensus avec les sociétés de distribution, qui ont compris que le gouvernement peut appliquer le plafonnement de manière unilatérale indépendamment du Conseil de la concurrence. Ils ont commencé à assouplir leur position, je pense que nous arriverons à une solution avec eux. Notre objectif est de parvenir à un plafonnement négocié avant de passer à l'application. Les opérateurs craignent le retour de la structure des prix d'avant 1997. Y aura-t-il un changement au niveau du mode de calcul ? Nous garderons le même mode de calcul. A titre d'exemple, une hausse de la marge de 20 centimes sera répartie sur la structure des prix. Par conséquent, on augmentera automatiquement la marge des pompistes et négocierons avec les autres. Le Conseil de la concurrence considère que le plafonnement des marges n'aura pas d'impact significatif sur le consommateur. Qu'en pensez-vous ? Le Conseil de la concurrence peut dire ce qu'il veut. Si la marge est très élevée et que nous souhaitons la baisser de moitié, l'impact sera bien sûr visible. D'ailleurs, les prix ont baissé depuis que j'ai annoncé le plafonnement. Si demain je dis que nous avons renoncé au plafonnement, soyez sûrs que les marges vont s'envoler.