Trente quatre ans après la visite mémorable du Pape Jean Paul II à Casablanca, son successeur le Pape François est parmi nous à Rabat où il effectue une visite de deux jours sur invitation de S.M. le Roi Mohammed VI. Programmée depuis plusieurs mois, cette deuxième visite d'un Pape au Royaume revêt aujourd'hui une importance particulière de par son timing et sa nature. Zoom sur les implications d'une visite déjà historique. La visite que le pape François commence aujourd'hui à Rabat ressemble certes à celle de son prédécesseur Jean Paul II en 1985, sur invitation du défunt Roi Hassan II. Cette visite revêt toutefois une certaine particularité de par sa chronologie. II s'agit en effet de la première visite effectuée par le souverain pontife dans un pays musulman après le massacre de triste mémoire, perpétré à Christchurch en Nouvelle Zélande, lors duquel 50 innocents de confession musulmane ont été assassinés. Deux semaines donc après cet attentat survenu le 15 mars et trois mois après le double homicide d'Imlil où deux jeunes touristes scandinaves ont été sauvagement assassinées par des terroristes marocains, le Pape François débarque au Maroc pour y prêcher les vertus de l'humanisme et du vivre ensemble. C'est dire la charge symbolique et émotionnelle que revêt cette visite à l'issue de laquelle le Maroc sortira certainement renforcé et confirmé dans son statut de terre de tolérance. Un statut pour le renforcement duquel SM le Roi Mohammed VI, en Sa qualité d'Amir Al Mouminine, n'a eu de cesse d'œuvrer en jouant un rôle avant-gardiste dans la propagation d'un Islam modéré et de son idéal du juste milieu, dans la lutte contre l'extrémisme, la diffusion des pratiques et valeurs de tolérance, ainsi que dans le renforcement de la coopération avec les pays frères et amis. A cet effet, le Maroc focalise ses efforts sur l'encouragement et la création d'espaces communs d'action et de réflexion en faveur de la paix, de l'harmonie et du développement humain, le règlement des conflits par les voies pacifiques, la préservation de l'unité des pays et la sauvegarde de leur identité culturelle et cultuelle. Deux jours avant sa visite, le Pape François, conscient du rôle du Maroc et de son Roi, a justement tenu à souligner cet aspect dans un message vidéo adressé aux Marocains en déclarant : «Je suis reconnaissant à Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour Son invitation bienveillante et aux autorités marocaines pour leur coopération généreuse. Sur les pas de mon prédécesseur le Pape Jean Paul II, je viendrai comme un pèlerin de la paix et de la fraternité dans un monde qui a grandement besoin de ces valeurs». Événement politique et religieux certes, la visite du Pape est également un véritable show médiatique. Selon les dernières informations recueillies vendredi auprès des organisateurs qui apportaient les ultimes retouches au programme protocolaire de cette visite, ce ne sont en effet pas moins de 300 journalistes venus des cinq continents qui assureront une couverture internationale à cet événement. 80 qui font partie des médias accrédités à longueur d'année par le Vatican arrivent littéralement dans les valises du pape, puisqu'ils débarquent au Maroc dans le même avion que lui. Parmi eux et à titre exceptionnel, une équipe de 2M et une autre de la RTM spécialement accréditées font également partie du voyage. En plus de ces journalistes «Embedded», 220 représentants de médias internationaux spécialisés et généralistes ont manifesté leur intérêt pour la couverture de la visite papale en terre d'islam et sur invitation du commandeur des croyants. Outre l'impact médiatique, la visite papale a des conséquences directes sur le quotidien des habitants de Rabat et région. En effet, et en plus des travaux d'embellissement entamés depuis plusieurs semaines qui donnent aujourd'hui à Rabat ses allures de « sou neuf », la visite papale met la Capitale du Maroc au centre d'un impressionnant dispositif sécuritaire. Selon des informations recueillies auprès de la DGSN, les effectifs policiers déjà imposants de la Capitale ont été renforcés par l'afflux de centaines d'agents supplémentaires issus des villes environnantes. Conséquence directe de ce dispositif, la Wilaya de Rabat a publié le 26 mars, soit quatre jours avant l'événement, une circulaire où elle annonce l'interdiction de stationnement dans les principales artères et avenues de la ville. En énumérant les noms des avenues et des rues concernées, cette circulaire signée par le nouveau Wali Mohamed Yacoubi, ne fait pas qu'interdire le stationnement, elle annonce en fait le parcours du cortège papal et de sa fameuse Papamobile à travers les rues et avenues de Rabat. Ce qui augure d'un accueil populaire triomphal qui accompagnera le Pape François depuis son arrivée à l'Aéroport de RabatSalé, jusqu'à son arrivée au Mausolée Mohammed V et la tour Hassan où il sera officiellement accueilli par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cet accueil sera clôturé par un discours des deux souverains prononcé sur l'esplanade de la Tour Hassan et suivi par un tête-à-tête au Cabinet Royal. Autre clou de la visite papale, le souverain pontife se rend samedi en fin de journée à l'Institut Mohammed VI de formation des Imams Morchidines et des Morchidates qui abritera un concert de l'orchestre philharmonique du Maroc. Ultime étape de cette visite dominée par les messages de paix et de tolérance, la Messe organisée en présence du Pape François dans la salle couverte du Complexe Sportif Moulay Abdellah interviendra dimanche juste avant son départ vers l'aéroport de Rabat-Salé à destination de Rome. Rabat aura entretemps vécu deux journées mémorables qui feront certainement date. Ahmed NAJI