Les Etats-Unis viennent de révéler les vrais desseins de leur « Deal du siècle » comme ils le nomment. Dans leur rapport annuel sur les droits humains, il n'est plus question de « Israël et les Territoires occupés » mais d'"Israël, Golan, Cisjordanie et Gaza". Le mot occupé est comme par enchantement occulté de leur lexique. De là à reconnaître l'annexion de tous ces territoires par Tel-Aviv il n'y a qu'un pas que Washington a déjà franchi avec la reconnaissance de tout Al Qods comme capitale israélienne et qui donne plusieurs signes allant vers la reconnaissance de la souveraineté d'Israël sur les hauteurs du Golan. En visite au Golan, accompagné par Benjamin Netanyahu et l'ambassadeur des USA à Tel-Aviv David Friedman, le sénateur américain Lindsey Graham a promis au Premier ministre israélien d'oeuvrer, dès son retour à Washington, pour faire adopter un projet de loi sur la reconnaissance de la souveraineté d'Israël sur les hauteurs du Golan. Netanyahu se rendra prochainement à Washington afin de prendre part à la Conférence annuelle de l'AIPAC, prévue le 26 mars, et ne manquera pas de solliciter et de compter sur le plus puissant lobby sioniste pour qu'une telle reconnaissance se fasse au plus vite. Les Israéliens sont optimistes pour soutirer une reconnaissance américaine de la souveraineté d'Israël sur les hauteurs du Golan lors du séjour de Netanyahu à Washington qui rencontrera aussi Donald Trump. Le cas échéant, cela pourrait renforcer considérablement les chances du Premier ministre israélien pour briguer un nouveau mandat. Sauf que l'enjeu est loin d'être réduit à une simple ambition électorale. L'eau et le pétrole L'enjeu réel de l'annexion du Golan syrien occupé par Israël se résume à : l'Eau et le Pétrole. Territoire syrien de quelque 750 kms carrés environ, le Golan revêt une grande importance stratégique pour plusieurs raisons. Ce qui est le plus souvent avancé par les responsables israéliens est qu'il offre un rempart du Nord pour la sécurité d'Israël en raison de sa géographie accidentée. Sornettes ! Ce que le plateau du Golan syrien occupé recèle en ressources en eau douce est beaucoup plus important pour la "sécurité nationale" d'Israël que l'avantage souvent mentionné de la barrière sécuritaire. Sous l'occupation, le Golan est l'une des trois sources d'eau douce de l'État israélien - la plus vaste et la plus abondante, et fournit plus d'un tiers de toute l'eau douce mise à la disposition des Israéliens. Une ressource qui disparaîtrait inéluctablement avec la récupération du Golan par Damas. Voilà pourquoi Tel-Aviv cherche à s'accaparer le Golan occupé en 1967 et annexé en 1981. Et entre l'année de l'occupation et celle de l'annexion, Israël a expulsé la quasi-totalité des habitants d'origine de la région et démoli leurs villages. En 2010, le journal israélien Haaretz avait révélé que plus de 100 000 Syriens avaient perdu leurs maisons et leurs biens à la suite de l'occupation. Et comme il en est pour les réfugiés palestiniens, Israël n'a aucune intention de laisser revenir les habitants originaires du Golan où il a implanté 20.000 colons et un plan est en cours pour en installer 100.000 de plus au cours des prochaines années afin de renforcer ses revendications sur la région. Mais autre que l'importance de l'abondance d'eau douce dans les hauteurs du Golan, la découverte d'une importante réserve de pétrole dans la région, estimée à des "milliards de barils" de pétrole brut, attise encore plus les convoitises des Israéliens qui voient en une annexion définitive du Golan l'occasion de passer de pays importateur de pétrole à celui d'exportateur. Sauf que problème il y a. L'annexion des Hauteurs du Golan, à l'instar de celle d'Al Qods (Jérusalem-Est) n'a jamais été reconnue par la communauté internationale et par conséquent le plateau du Golan ne fait pas partie de manière officielle d'Israël, qui ne peut, le cas échéant, ni procéder à l'extraction commerciale ni à l'exportation de cette vaste réserve pétrolière. Pour l'instant, seuls des puits d'exploration ont été forés, par une succursale de la société pétrolière américaine Genie Energy Co, appartenant, entre autres à Rupert Murdoch, Jacob Rothschild et l'ancien vice-président US Dick Cheney. Américains et Israéliens savent désormais que le régime, actuellement en place en Syrie, ne cessera jamais de revendiquer sa souveraineté sur le Golan occupé par Tel-Aviv. Par conséquent, pour pouvoir atteindre cette richesse à portée de la main, il faudrait remplacer le régime Assad par un autre plus conciliant avec Israël qui consentirait à reconnaître l'annexion du Golan par Israël moyennant quelques aumônes. D'où le conflit syrien déclenché vainement il y a de cela 8 années avec l'objectif de renverser Bachar Assad. Et qui est toujours au pouvoir et plus renforcé. Faudrait-il alors qu'Israël déclenche une guerre directe avec la Syrie pour réaliser ses desseins ? Ou alors une simple reconnaissance par la Maison Blanche ou le Congrès américains de l'annexion du Golan suffirait-elle pour que Tel-Aviv exerce pleinement son pouvoir sur le plateau ? Ce serait sans compter sur la réaction de Damas pour qui sa souveraineté sur les hauteurs du Golan occupé par Israël est indiscutable et ne peut aucunement faire l'objet d'un quelconque marchandage. Un communiqué récent du ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé sans équivoque la promesse faite par Lindsey Graham à Benjamin Netanyahu et qualifiant l'attitude du sénateur américain de la pire forme d'arrogance américaine. Fayçal Meqdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères, a averti que « si Israël ne se retire pas du Golan, la Syrie n'hésitera pas à recourir à la force pour libérer son territoire ». Dans la foulée, Martin Indyk, ancien secrétaire d'État adjoint des États-Unis et ancien ambassadeur américain à Tel-Aviv, a écrit, sur son compte Twitter, que les hauteurs du Golan faisaient partie intégrante du territoire syrien et que « ceux qui menacent de les annexer à Israël jouent avec le feu ». Ce que Benjamin Netanyahu et tous les autres responsables israéliens ne comprennent pas est que la Syrie est sortie d'une crise de huit ans avec de nombreuses expériences de combat et de défense et que ce pays fait partie de l'axe de la Résistance qui est sorti gagnant de tous les conflits dans lesquels il s'est engagé, dont toutes les guerres qu'il a menées depuis 1973 contre le régime israélien. De plus, secondée par l'aviation russe et les combattants du Hezbollah, l'armée syrienne a réussi à reprendre le contrôle du Sud de la Syrie et à y rétablir sa souveraineté. Sans oublier l'apport et l'assistance de Téhéran, bête noire des Washington et Tel-Aviv. De là à lorgner vers la récupération de son Golan… Larbi BILAM