L'Institut James Baker avait publié, en l'an 2000, une étude portant sur les négociations, à l'époque, entre la Syrie et Israël. Ces transactions qui étaient sur le point d'aboutir si le Premier ministre israélien, l'actuel ministre de la Défense, Ehud Barak, n'avait pas fait marche arrière pour plusieurs raisons. Entre autres, la compétitition aux élections qui prévalait alors avec son concurrent, Benyamin Netanyahu, et son incapacité de commercialiser l'éventuel accord avec Damas, aussi bien auprès de la droite israélienne qu'auprès des colons. Celui qui avait établi l'étude, est l'ancien dirigeant de l'équipe des négociateurs, le général Uri Sagui, alors que la présentation avait été faite par l'ancien ambassadeur des Etats-Unis en Syrie, Edward Djerdjian originaire de la ville d'Alep. Aujourd'hui, les Syriens affirment que 80% des obstacles avaient été levés devant la concrétisation de l'accord et qu'ils étaient, il y a quelques mois, en train de demander la reprise des négociations là où elles s'étaient arrêtées, il y a environ huit ans. Le général Sagui estimait que les circonstances étaient mûres pour la signature d'un accord avec Damas. Ce, du fait que les Syriens étaient convaincus qu'une guerre globale entre Arabes et Israéliens, n'est plus réaliste. Surtout, après la sortie de l'Egypte et de la Jordanie, -deux pays frontaliers avec l'Etat hébreu- de l'équation. De plus, la Syrie reconnaît la suprématie militaire d'Israël. Pis encore, force est de constater qu'il y a désormais des intérêts communs avec les Arabes, dont celui, d'endiguer les radicaux, notamment « islamistes ». Dans son étude, le général israélien, à la fois stratège et politisé, voit la nécessité de signer cet accord de paix en vertu duquel, Tel-Aviv rendra le plateau du Golan annexé aux Syriens. Ce, à condition que cette dernière garde le contrôle des sources des eaux. Pour réaliser ce scénario, le général israélien propose le retour aux frontières de 1923, tracées du temps du mandat franco-britannique au lieu de celles de 1967. Car ce dernier tracé est, d'après lui, «inconcevable». Sagui croyait que la Syrie accepterait cette formule contre la reconnaissance par son pays et par les Etats-Unis de sa main mise sur le Liban. Néanmoins, beaucoup de choses ont changé depuis les négociations de l'an 2000. D'abord, la Syrie a poursuivi son soutien à la résistance palestinienne qui avait changé la donne. Al-Assad père, qui était le seul capable de franchir le pas et signer l'accord de paix avec l'ennemi israélien, est parti. Le Liban, qui était jadis une carte importante entre les mains du régime syrien, risque de lui échapper. D'autant plus qu'Israël s'était retiré du Liban et a perdu la première guerre contre une « milice» résistante, qui est le Hezbollah, allié de la Syrie et de l'Iran. Ce dernier, est devenu incontournable dans le jeu de guerre. La République islamique d'Iran, qui veut rayer Israël de la carte, possède aujourd'hui une influence sans précédent aussi bien en Irak, au Liban qu'en Palestine. D'autre part, Washington qui parranait les négociations syro-israéliennes, est maintenant contre tout dialogue entre Damas et Tel-Aviv. Dans cette foulée, on se demande pourquoi le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, aurait accepté la nouvelle intermédiation des Turcs pour relancer les négociations gelées ? La majorité des analystes politiques israéliens et certains généraux, estiment que leur gouvernement est aujourd'hui capable d'arracher des concessions significatives des Syriens, contre un retrait global du Golan. Certaines de ces concessions sont compatibles avec les exigences américaines dont, celle entre autres, de briser l'axe syro-iranien, qui constitue un véritable danger pour les intérêts stratégiques des Etats-Unis dans la région. La deuxième guerre du Liban, l'été 2006, a démontré qu'une guerre sans les Arabes est possible si l'Iran et la Syrie interviennent aux côtés du mouvement palestinien Hamas et le Hezbollah libanais. En 2000, Ehud Barak avait préféré le retrait du Liban à la paix avec Damas. Ce, dans l'objectif de la mettre face aux Libanais si elle ne confrontait pas la résistance, en d'autres termes, le Hezbollah. La Syrie avait choisi de se ranger aux côtés de ce mouvement. Maintenant, Ehud Olmert tente d'utiliser la carte des négociations avec la Syrie, dans le but de briser ses alliances au niveau de la région. En dépit des déclarations du président, Bachar al-Assad, les tractations en cours à travers les Turcs, la situation interne de la Syrie, en plus de son analyse des changements intervenant dans la région, le pouvoir syrien ne semble pas prêt à franchir le pas.