Le Maroc a adopté lundi dernier un nouveau régime de change plus flexible où la parité du dirham est déterminée à l'intérieur d'une bande de fluctuation élargie à ±2,5%, contre ±0,3% auparavant. Le régime de change fixe qu'a adopté le Maroc conjugué aux politiques très vigilantes vis-à-vis des équilibres macro-économiques menées par les autorités depuis le PAS et à la politique monétaire conduite par la Banque Centrale ont permis une relative maîtrise de la dette publique, du déficit budgétaire et de l'inflation et le maintien d'un matelas de réserves de change approprié. C'est ce qu'a affirmé Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, mercredi á Rabat, au Parlement, ajoutant que, dans le cadre de l'article IV du FMI au titre des missions de consultation, le ministère de l'Economie et des Finances et Bank Al-Maghrib examinent annuellement avec les services de cette Institution si le Dirham est aligné ou pas aligné avec les fondamentaux. « Les rapports publiés par le FMI au cours des dix dernières années ont montré qu'il n'y a pas désalignement par rapport aux fondamentaux économiques du Maroc », a-t-il souligné. Motivations internes Côté motivations dictées par l'environnement Interne ayant incité le Maroc á adopter la flexibilité du dirham, M. Jouahri a évoqué le renforcement des équilibres macro-économiques dans toutes ses composantes sur les dix dernières années : maitrise de l'inflation à un niveau inferieur à 2%, déficit budgétaire à -3,6%, déficit du compte courant à -4,3%, augmentation du niveau des réserves de change à l'équivalent de 5 mois et 27jours d'importations en moyenne, résilience et solidité du système bancaire... Autre motivation soulevée : le choix du Maroc de s'inscrire dans la mondialisation : 56 Accords de libre échange, assouplissement de la réglementation des changes pour les résidents. Il s'agit également de la mise en place de politiques sectorielles de long terme Cette décision, qui s'inscrit dans le cadre de la réforme du régime de change, suscite certaines craintes tant chez les opérateurs économiques que les citoyens qui redoutent, en cas de dépréciation de la monnaie nationale, une volatilité plus élevée du taux de change et une hausse de l'inflation. L'Etat a–t-il mis en place des garde-fous pour protéger l'économie et le simple citoyen contre les risques inhérents à ce type de régime de change ? Cette question, parmi bien d'autres, revient dans la bouche de presque tous les Marocains qui s'interrogent également sur les implications éventuelles de cette réforme sur leur pouvoir d'achat. Les autorités marocaines rassurent. Dans le cadre de ce nouveau régime, Bank Al-Maghrib continuera d'intervenir sur le marché des changes en vue d'assurer sa liquidité, souligne le ministère de l'Economie et des Finances. Mais en quoi consiste l'intervention de la Banque centrale, quelles en sont les modalités et les conditions et quels outils dispose-elle pour réguler le marché des changes? La réponse à toutes ces questions se trouve dans les deux lettres circulaires publiées par Bank Al Maghrib à la veille de l'entrée en vigueur du nouveau régime. Les deux documents détaillent en effet les modalités des opérations sur le marché des changes ainsi que les modalités d'adjudications des devises qu'organise la Banque centrale. Bank Al Maghrib souligne à ce propos que c'est lui qui fixe le cours central du dirham contre le dollar américain ainsi que les cours limites de fluctuation correspondant au cours central, écarté de 2,5% de part et d'autre. C'est lui également qui intervient pour fixer les cours limites de la bande de fluctuation du dirham contre une autre devise. La Banque centrale explique en outre que le cours central du dirham contre le dollar américain est actualisé préalablement à chaque séance d'adjudication de devise qu'elle organise et en cas de variation significative des cours de change à l'international, actualisant ainsi les cours limites de la bande de fluctuation du dirham contre la devise américaine. Afin de déterminer les cours centraux et les cours limites des bandes de fluctuation du dirham contre les devises autres que le dollar américain, les banques doivent se référer aux cours limites de la bande de fluctuation du dirham contre le dollar américain, publiés par BAM ainsi qu'aux cours desdites devises contre le dollar américain en vigueur sur le marché des changes international. Aussi, Banque Al Maghrib détermine quotidiennement les cours de change de référence des devises contre le dirham sur la base des cotations des banques ayant le statut de teneur de marché et peut surseoir à la fixation des cours de change de référence d'une ou de plusieurs devises contre dirham en cas de survenance d'un événement majeur impactant lesdites devises. En ce qui concerne le marché des changes, Bank Al Maghrib intervient, à son initiative, à travers des opérations d'achat ou de vente de devises contre dirham par voie d'adjudication, en déterminant la devise de ses interventions sur le marché des changes ainsi que les conditions d'éligibilité aux opérations d'adjudication. Il peut également intervenir à travers d'autres instruments, notamment les achats ou ventes de devises contre dirham de gré à gré, les prêts et emprunts de devises et les swaps de change devises contre dirham. Du côté du change manuel, Bank Al Maghrib fixe la marge de fluctuation du cours de change des billets de banques étrangères contre le dirham à +/- 5% par rapport au cours central ainsi que les limites des bandes de fluctuation des cours de change manuel du dirham contre devises, et peut, en cas de survenance d'un événement majeur impactant une ou plusieurs devises, surseoir à la fixation des limites de la bande de fluctuation des cours de change manuel de ces devises. De même, il insiste que les banques pour leur part doivent appliquer à leurs opérations de change au comptant devises contre dirham ainsi qu'à leurs opérations de change manuel, libellées et effectuées obligatoirement dans les devises cotées par BAM, des cours à l'intérieur des bandes de fluctuation fixées par l'institution. Dans le cadre de sa mission de régulation, BAM communique également aux banques les cours de change des devises cotées contre le dollar américain applicables aux opérations sur billets de banque étrangers qu'elle réalise avec elles au moment de la publication des cours limites de +/-5%. Il note qu'à chaque date d'arrêté comptable, les banques doivent utiliser les cours de change de référence publiés par BAM pour la réévaluation de leurs avoirs et engagements libellés en devises et sont tenues aussi de communiquer à BAM l'ensemble des informations requises relatives aux opérations qu'elles effectuent sur le marché des changes, notamment celles réalisées avec la TPME et la clientèle des particuliers.