En ce qui concerne les dépenses, la forte croissance économique de l'Afrique en 2014 et 2015 a été largement soutenue par la consommation privée, l'augmentation des dépenses publiques dans le domaine de l'infrastructure et de l'investissement Les publications récentes sur l'Afrique soulignent qu'il est important de réussir la transformation structurelle si le continent veut soutenir la croissance enregistrée dans la première décennie du siècle en cours. Les économies africaines devraient se diversifier dans la production de services et marchandises à plus grande valeur ajoutée, tout en continuant à accroître la productivité agricole, même si la part de l'agriculture dans l'économie diminue (Badiane et Collins, 2014). Dans la transformation structurelle qu'a connue l'Afrique en 2000-2014, l'augmentation du PIB par habitant s'est accompagnée d'une baisse de la valeur ajoutée et des parts de l'emploi dans l'agriculture, même si le rythme du processus a été plus soutenu dans la relation entre l'emploi et le PIB par habitant, dénotant la sortie du secteur agricole d'une proportion importante de la main-d'œuvre. La transformation structurelle s'est également accompagnée, et c'est inquiétant, d'une diminution de la productivité agricole qui est passée de 9,9 % en 2000- 2008 à 4 % en 2009-2014. La valeur ajoutée manufacturière a augmenté graduellement en même temps que le PIB par habitant au début des années 2000, mais elle a diminué par la suite, ce qui montre que les pays africains ne parviennent pas à maintenir la dynamique de croissance du secteur. Cette baisse dans les années suivantes pourrait être attribuée au ralentissement de l'économie mondiale et à la baisse des prix des produits de base et des cours du pétrole, étant donné les difficultés éprouvées par les pays pour se remettre complètement de la crise financière mondiale. Elle pourrait également être attribuée à la baisse de la productivité manufacturière dont le taux de croissance moyen est passé de 7,3 % en 2000-2008 à 3,5 % en 2009-2014. La valeur ajoutée du secteur des services a grimpé au début des années 2000, en même temps que le PIB par habitant, avant de diminuer par la suit). Cependant, la part de l'emploi dans les services n'a cessé d'augmenter au cours de la période 2000-2008, une tendance qui pourrait renforcer l'hypothèse selon laquelle une plus grande partie de la main d'oeuvre agricole s'est reconvertie dans le secteur des services, mais sa productivité était faible. La productivité du secteur des services est passée d'un taux moyen de 7,5 % en 2000-2008 à 3 % en 2009-2014, soit le taux le plus bas des trois secteurs La productivité du travail est l'une des caractéristiques clés qui sous-tendent la transformation structurelle, pourtant elle reste faible en Afrique, principalement en raison de l'absence de diversification des activités économiques. La croissance de la production par travailleur a diminué, passant de 4 % en 2014 à 1,2 % en 2015 et devrait remonter à 2,3 % en 2016, bien en dessous de la moyenne mondiale de 2,7 % (tableau 1.1), et des projections pour l'Asie du Sud-Est et le Pacifique (3,8 %). Elle reste toutefois supérieure aux projections pour l'Amérique latine et les Caraïbes (1,4 %) en 2016. Pourtant, certains pays africains ont enregistré un taux de croissance de la productivité variant entre 4 et 4,7 % en 2016 ; il s'agit de la Côte d'Ivoire, de la République démocratique du Congo (RDC), de l'Éthiopie, du Ghana, du Nigéria, du Rwanda, du Libéria, de la Sierra Leone et de la Zambie. Bien qu'inférieurs à celui de la Chine figure (6,6 %), ces taux équivalent à celui de l'Inde (4,7 %) et dépassent ceux de l'Argentine (1,1 %) et du Brésil (0,8 %). Une diversification progressive des économies à partir des produits de base a contribué à développer de nouveaux secteurs dans l'industrie manufacturière et les services, bien que la croissance de la productivité y soit plus faible (OIT, 2015a). La productivité en Afrique devrait augmenter en moyenne de 2,8 % en 2016, reflétant la remontée des prix mondiaux des produits de base, l'augmentation des investissements dans les secteurs non pétroliers dans la plupart des économies et leur diversification économique (fig. 1.7). Cependant, ce sont les pays importateurs de pétrole et les pays exportateurs de produits agricoles, dont le taux de croissance est de 2,4 % en moyenne, qui devraient tirer la croissance de la production par travailleur dans les groupements de pays au cours de la période 2014- 2016. Les taux enregistrés par ces deux groupes en 2016 sont beaucoup plus élevés que ceux de 2000-2008 qui étaient de 1,8 % et 1,6 %, respectivement. Cela pourrait expliquer leur résistance à l'impact de la faiblesse des cours mondiaux des produits de base et de la croissance, subie par les pays exportateurs de pétrole et les pays riches en ressources minérales. En Afrique le taux d'activité et le taux de chômage ont reculé et tournent autour de 69,7 % et 9,2 % depuis 2014 (voir tableau 1.1). Le taux de chômage des hommes et des femmes s'est maintenu respectivement à 8 % et 11,1 % depuis 2014. Celui des femmes est plus élevé dans toutes les sous-régions, mais il est pire en Afrique du Nord. Le taux de chômage moyen des jeunes sur la période 2014- 2016 était de 16,8 % (OIT, 2015a). Au niveau sous-régional, malgré la forte dégradation en Afrique de l'Ouest, la tendance à la hausse du taux d'activité devrait se poursuivre. En Afrique australe, la population active continue de s'accroître. Les taux d'activité ne devraient pas beaucoup changer dans les autres régions au cours des prochaines années (OIT, 2015b). Cependant, ces taux présentent de fortes disparités de genre en Afrique du Nord, qui affiche à la fois les disparités de genre les plus importantes de toutes les sous-régions et des écarts de plus de 50 points de pourcentage dans la plupart des pays. À l'inverse, dans certains pays d'Afrique de l'Est et d'Afrique australe, le taux d'activité des femmes est plus élevé que celui des hommes, c'est le cas au Burundi, au Malawi, au Mozambique et au Rwanda, où ce taux est, respectivement, de 83,4 %, 84,7 %, 84,3 % et 85,8 %, contre 82,2 %, 82 %, 82,4 % et 84,9 %, respectivement pour les hommes (OIT, 2015a).