Le Maroc est appelé à engager des réformes structurelles pour booster sa croissance économique et bénéficier pleinement de l'actuelle conjoncture internationale, a indiqué le Haut-commissaire au Plan (HCP), Ahmed Lahlimi Alami. "A défaut de réformes structurelles susceptibles d'engager le pays dans un processus profond de diversification de son tissu productif et de valoriser ainsi, la robustesse des options stratégiques adoptées par le Maroc, depuis 2000, nous risquons de réduire les profits que nous offre l'aubaine de la conjoncture internationale actuelle. Nous resterions, alors, dans cette configuration d'une croissance qui effleurerait 4,5 à 5% dans le cas d'une bonne année agricole et de ne guère dépasser 3% dans le cas contraire.", a précisé le Haut-commissaire au Plan lors de la présentation, mardi à Casablanca, du budget économique exploratoire 2016. M. Lahlimi, qui a passé au peigne fin la conjoncture économique nationale et internationale, a constaté que l'activité non agricole "peine aujourd'hui à consolider ses performances d'avant la crise économique internationale dans la mesure où sa croissance est passée de 5%, entre 2000 et 2007 à 3,2% depuis 2008 et à 2,1% au cours des trois dernières années". Revoir le mode de gestion de l'administration publique Selon lui, le secteur agricole n'a pas pu compenser le fléchissement de l'activité non agricole. Certes, sa croissance est en amélioration depuis le début des années 2000, passant de 7% en moyenne annuelle entre 2000 et 2007 à 9,5% entre 2008 et 2015, mais sa part dans le PIB total n'a cessé de baisser ces dernières années, passant de plus de 13% avant 2007 à 10% aujourd'hui, a fait observer le Haut-commissaire au Plan. M. Lahlimi a souligné l'impératif catégorique pour le Maroc de "consolider la réforme déjà engagée de la caisse de compensation, de prendre la mesure de l'urgence de la réforme du système des retraites et de revoir en profondeur le mode de gestion actuel de l'administration publique". Cette dernière dont le coût de fonctionnement absorbe plus de 20% du PIB, c'est-à-dire quatre fois plus que la Caisse de Compensation dans ses pires années, pourrait autrement devenir intolérable si ce mode de gestion était dupliqué dans le cadre de la régionalisation, a-t-il dit. Et de recommander également la nécessité d'une amélioration plus systématique du climat des affaires et d'un encouragement ciblé des capitaux privés nationaux et internationaux à s'engager dans l'investissement productif. Ceci, a-t-il affirmé, implique, de "rompre avec les hésitations à entreprendre une réforme profonde et durable du système fiscal national, aujourd'hui peu favorable à la productivité des facteurs de production et à l'inscrire dans une perspective d'avenir". Pour rappel, le HCP table sur une croissance économique de 4,3% en 2015 et de 2,6% en 2016. Dans ses prévisions, le HCP note que l'année 2015 bénéficierait des conditions climatiques favorables marquées par une bonne distribution spatio-temporelle de la pluviométrie. Ainsi, la campagne agricole 2014/2015 dégagerait une production céréalière d'environ 110 millions de quintaux, en augmentation de 62% par rapport à 2014. Pour ce qui est des hypothèses retenues pour l'année 2016, elles portent sur une production moyenne durant la campagne agricole 2015/2016 et une reconduction, sur l'année 2016, de la politique budgétaire en vigueur en 2015, notamment en matière des dépenses d'investissement et de fonctionnement et de compensation.