«L'agriculture sera la locomotive de la croissance cette année. Au moment où le secteur secondaire connaîtra un ralentissement identique à celui observé depuis le début de la crise économique», apprend-on de Ahmed Lahlimi, haut commissaire au Plan, en marge de la présentation de la situation économique en 2015 et ses perspectives en 2016. En effet, l'année 2015 bénéficierait des conditions climatiques favorables marquées par une bonne récolte agricole et une évolution significative des activités de la pêche maritime. Ainsi, l'économie nationale devrait boucler l'année sous une croissance avoisinant les 4,3%, tandis que les perspectives tablent sur un taux de 2,6% en 2016. Le secteur primaire dégagerait à lui seul une valeur ajoutée en hausse de 13,2%, soit une contribution de 1,5 point à la croissance du PIB. La valeur ajoutée du secteur secondaire se situerait autour de 2,5% en 2015 contre 2% une année auparavant. Cependant, sa croissance resterait en deçà de la moyenne enregistrée sur la période 2007-2014 ( 4,2%). «La croissance de la valeur ajoutée du secteur secondaire serait attribuable à la poursuite de la reprise des industries de transformation, notamment les secteurs de l'agroalimentaire, de l'automobile et de la chimie parachimie», souligne M. Lahlimi. La croissance en 2015 sera également soutenue par la demande intérieure. La contribution de la demande extérieure nette au PIB devrait rester, selon le HCP, positive en 2015 suite au redressement des exportations. Le rythme de la consommation des ménages résidents observerait également un rythme en légère amélioration par rapport à 2014. Il en est de même pour la consommation publique qui atteindrait une hausse de 4,2% à fin 2015 contre 1,4% une année auparavant. De ce fait la consommation finale nationale devrait progresser de 3,5% contre 2,9% en 2014 , contribuant à hauteur de 2,8 points au PIB. En dépit des prévisions positives, Ahmed Lahlimi appelle à une vigilance méthodologique. «Dans ce contexte, à défaut des réformes structurelles susceptibles d'engager le pays dans un processus profond de diversification de son tissu productif et de valoriser ainsi la robustesse des options stratégiques adoptées par le Maroc, depuis 2000, nous risquons de réduire les profits que nous offre l‘aubaine de la conjoncture internationale actuelle», explique le Haut commissaire au Plan. A cet égard, M. Lahlimi recommande la consolidation de la réforme déjà engagée de la Caisse de compensation. Il appelle, également, à prendre pour impératif la réforme du système des retraites ainsi que de revoir en profondeur le mode de gestion actuel de l'administration publique. L'urgence étant également d'améliorer le climat des affaires et d'encourager les capitaux privés nationaux et internationaux à s'engager dans l'investissement productif. Prévisions 2016 : Quand la demande intérieure sauve la croissance… La croissance économique devrait continuer à être tirée en 2016 par la demande intérieure, pour atteindre un taux de 2,6%. Dans ce cadre, la consommation des ménages devrait s'accroître de 2,9% en volume, au lieu de 3,2% en 2015. Sa contribution à la croissance du PIB passerait de 1,9 point en 2015 à 1,7 en 2016. Globalement, la consommation finale nationale devrait être en ralentissement, avec une hausse de 2,8% (au lieu de 3,5% en 2015 !). Sa contribution à la croissance serait donc de 2,2 points (contre 2,8 points en 2015). Pour sa part, la demande intérieure devrait s'accroître de 2,3% en volume, au lieu de 2,8% en 2015, et sa contribution à la croissance se stabiliserait à 3,1 points en 2016. Quant à la demande extérieure nette, sa contribution à la croissance économique nationale serait à nouveau négative, d'environ 0,5 point au lieu d'une contribution positive en 2014 et 2015. Ce résultat serait dû à la hausse de 3,2% des importations de biens et services en volume, au lieu d'une baisse de 1% en 2015 et du léger accroissement des exportations de 2,6% au lieu de 1,9% en 2015. Avec une progression plus rapide de la consommation finale nationale par rapport à celle du PIB (respectivement 4,2% et 3,9% aux prix courants), l'épargne intérieure devra connaître une légère baisse pour se situer à 20,6%, au lieu de 20,8% du PIB en 2015. Après 5,5% du PIB en 2015, les revenus nets en provenance du reste du monde devraient représenter 5,3% du PIB en 2016. Ce sera alors le niveau le plus bas atteint depuis l'année 2007, en raison de la baisse prévisible de recettes de voyage. L'épargne nationale devrait par conséquent s'amenuiser. Elle devrait passer de 26,3% du PIB en 2015 à seulement 25,9%.