L'armée turque a bombardé dans la nuit de lundi à mardi des militants kurdes dans la région irakienne de Sinjar ainsi que dans le nord-est de la Syrie, élargissant ses opérations à des groupes affiliés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les frappes aériennes menées en Syrie ont visé les YPG (Unités de protection du peuple), qui sont une composante clé des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis et en lutte pour tenter de déloger l'organisation Etat islamique de la ville de Rakka. L'armée turque a affirmé que l'objectif de ses frappes était d'empêcher le PKK d'acheminer des armes et des explosifs vers le territoire turc en vue d'y mener des attaques. «Afin de détruire ces foyers de terrorisme qui menacent la sécurité, l'unité et l'intégrité de notre pays et de notre nation, et dans le cadre de nos droits fondés sur le droit international, des frappes aériennes ont été lancées(...) et des objectifs terroristes ont été atteints avec succès», a déclaré l'armée turque. Les YPG ont indiqué que leur QG sur le mont Karachok, près de Malikiya, avait été touché, notamment le centre de presse, la station de radio, les moyens de communication et les institutions militaires. «Cette attaque perfide a causé des victimes - des morts et des blessés - parmi nos camarades», a fait savoir le commandement général des YPG dans un communiqué. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a déclaré que trois combattants des YPG avaient été tués en Syrie dans les frappes aériennes turques. L'aviation turque a régulièrement bombardé la zone montagneuse frontalière située entre l'Irak et la Turquie, où les séparatistes du PKK sont basés depuis que la trêve a volé en éclats en juillet 2015, mais c'est la première fois qu'elle vise les YPG dans la zone de Sinjar. Le PKK a établi une présence à Sinjar après être venu en aide à la communauté des Yazidis, massacrée par les djihadistes de l'Etat islamique (EI). Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dit depuis des mois que le PKK s'est implanté dans la région de Sinjar, dans le nord-ouest de l'Irak, à 115 km environ de la frontière turque, et qu'Ankara ne permettra pas à l'organisation séparatiste d'étendre ses activités dans cette région. Selon le général Seme Bosali, l'un des chefs militaires kurdes à Sinjar, les frappes aériennes ont fait cinq morts dans les rangs des «peshmergas» (combattants kurdes irakiens). Il semble s'agir d'une erreur, a-t-il dit, les peshmergas n'étant pas hostiles à la Turquie. Le PKK, qui a pris les armes en 1984 pour obtenir l'autonomie des régions kurdes de Turquie, est considéré comme une organisation terroriste par Ankara, les Etats-Unis et l'Union européenne.