Le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping se rencontrent pour la première fois jeudi, dans la somptueuse résidence du milliardaire républicain en Floride. De quoi vont-ils parler? La Corée du Nord Le dossier sera certainement en haut de la pile: Pyongyang vient de tirer un énième missile balistique, après avoir procédé en septembre à un essai nucléaire qui a entraîné de nouvelles sanctions internationales contre le régime de Kim Jong-Un. Mais Chinois et Américains divergent sur le moyen de convaincre le "pays ermite" d'abandonner son programme atomique. Aux yeux des Etats-Unis, la Chine est le principal soutien économique et diplomatique de la Corée du Nord. Elle a donc la puissance nécessaire pour faire revenir sa voisine à la raison. Mais la Chine nie avoir une telle influence et se dit opposée à des sanctions qui frapperaient la population nord-coréenne. Pour Pékin, un écroulement du régime de Pyongyang provoquerait un afflux de réfugiés et permettrait à l'armée américaine, déjà basée en Corée du Sud, de stationner à la frontière chinoise, dans une hypothétique Corée réunifiée. Donald Trump a accusé mi-mars la Chine d'avoir "peu fait" pour contrer la Corée du Nord. Et, dans un entretien publié dimanche, il a laissé planer la menace d'une opération militaire en se disant prêt à "régler" seul le problème si Pékin continue à tergiverser. La Chine quant à elle est vent debout contre le bouclier antimissile "Thaad" que les Américains ont commencé à déployer en Corée du Sud, estimant qu'il porte atteinte à sa force de dissuasion. Le commerce Durant sa campagne électorale, Donald Trump a accusé la Chine d'avoir des pratiques commerciales déloyales et de sous-évaluer sa devise pour favoriser ses exportations. M. Trump a également menacé Pékin de droits de douane prohibitifs si il ne facilite pas l'accès des Etats-Unis à son marché. Et dans un message sur Twitter la semaine passée, le président républicain a qualifié le déficit commercial avec la Chine (plus de 310 milliards de dollars) de grave problème qui rendra "très difficile" ses entretiens avec Xi Jinping. De son côté, Pékin assure ne pas rechercher d'excédent avec les Etats-Unis et appelé Washington à assouplir ses contrôles à l'exportation des produits de haute technologie. Taïwan En décembre, juste après son élection, Donald Trump a provoqué la colère de la Chine en prenant un appel téléphonique de la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen. Pékin considère Taïwan (territoire non reconnu par l'ONU et séparé politiquement de la Chine depuis 1949) comme l'une de ses provinces et interdit tout contact officiel entre l'île et des pays étrangers. Le président américain a rétropédalé en février, lors d'un entretien téléphonique avec Xi Jinping. Mais ce dossier ultra-sensible pourrait ressurgir, si M. Trump décidait de l'utiliser comme moyen de pression sur Pékin. La mer de Chine méridionale La Chine revendique la quasi-totalité de cette zone stratégique où elle agrandit artificiellement îlots et récifs, dont certains pourraient accueillir des armements. L'administration Trump a critiqué ces travaux, sans toutefois définir de politique claire dans la région, où l'administration Obama avait dépêché navires de guerre et avions au nom de la défense de la liberté de navigation. Les droits de l'homme C'est un sujet traditionnel de frictions entre Chinois et Américains. Mais, depuis sa prise de fonctions, Donald Trump n'a affiché qu'un intérêt limité pour la question. En 1990, il avait même loué la répression des manifestations de la place Tian'anmen à Pékin un an plus tôt. La Maison Blanche a promis que le sujet serait abordé en Floride mais certaines associations (Human Rights Watch, Amnesty International) se disent inquiètes du silence présidentiel et appellent à faire pression sur la Chine au moment où plusieurs avocats sont poursuivis pour leur défense des droits de l'homme.