Quelque 100.000 personnes ont subi l'emprisonnement, le long de l'année 2016, dans le cadre de la détention préventive, selon l'Observatoire marocain des prisons. Quelques milliers ont été innocentés et sont sortis indemnes... sauf des séquelles. Pour sa part, the International Centre for Prison Studies (ICPR) a publié le mois dernier des statistiques fort inquiétantes, selon lesquelles le Maroc compte 76.000 prisonniers. Ce chiffre, rapporté à la population marocaine estimée à 34 millions d'habitants, représente un taux de 222 prisonniers pour chaque 100.000 Marocains, soit l'un des taux les plus élevés au monde. Ces chiffres classent notre pays au 19ème rang mondial, 3ème africain. Toujours selon ce rapport, il existe au Maroc 77 prisons d'une capacité consolidée de seulement 40.000 places, ce qui fait que les établissements pénitentiaires marocains sont en surpopulation, avec un taux d'occupation de 157.8%. La problématique du surpeuplement des établissements pénitenciers doit nous interpeller à plus d'un titre. Car qui dit surcharge dit désagréments, tracas et anicroches. La prison est un lieu où sont détenues les personnes frappées de peines privatives de liberté. En tant que tel, elle est censée être un espace où les aspects relatifs à la dignité humaine et à l'intégrité physique, sont préservés contre toute atteinte. Autrement, la personne incarcérée se trouve objet d'une double punition. Cela ne relève pas de la justice. Par ailleurs, autant les magistrats, par essence et au moyen de l'application des textes de loi, en se référant au pouvoir discrétionnaire que leur confère leur statut, sont chargés de l'assainissement de la société, en mettant tout individu convaincu d'un crime hors d'état de nuire, c'est-à-dire derrière les barreaux, autant ils ont la latitude d'agir indulgemment à l'égard de mis en cause pas encore jugés et donc pas encore convaincus ou non des faits qui leur sont reprochés. Ce étant donné l'état de surpeuplement des prisons. En clair, il s'agit de la liberté provisoire et de la détention préventive. Et si l'on soulève cette question, c'est parce que l'on apprend que la proportion des personnes incarcérées en attente de jugement est tragiquement élevée et que sa propension tend vers l'accroissement. En effet, l'ONG nationale avance dans son rapport que 40% des prisonniers au Maroc sont en détention préventive. En réaction audit rapport, la Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion se dit « parfaitement consciente de la problématique du surpeuplement que connaissent certains établissements pénitenciers, lequel est essentiellement causé par la hausse de la proportion des détenus préventifs dans ces établissements ».