Un retrait des soldats étrangers d'Afghanistan aurait des «conséquences imprévisibles» sur la situation militaire dans le pays, alors que les forces afghanes ont du mal à résister aux jihadistes, a estimé jeudi un haut responsable russe. «Ce n'est pas le moment idéal pour retirer d'Afghanistan les soldats étrangers, y compris les soldats américains», a déclaré à l'agence publique TASS Zamir Kaboulov, représentant spécial du Kremlin pour l'Afghanistan. «La situation sécuritaire dans le pays se dégrade et les forces afghanes ne sont pas en mesure de résister seules à l'opposition armée», a poursuivi Kaboulov. «Compte tenu de la situation actuelle, un départ précipité des soldats étrangers aurait des conséquences imprévisibles et réduirait à néant le peu de progrès qui a été fait ces dernières années», a-t-il ajouté. La Russie s'inquiète de la progression des talibans et de l'organisation Etat islamique (EI) en Afghanistan, pays frontalier de plusieurs ex-républiques soviétiques en Asie centrale que Moscou considère comme faisant partie de sa sphère d'influence. «Le nombre total d'extrémistes se trouvant dans le nord de l'Afghanistan se chiffre à environ 15.000 personnes. Il y a un risque que ces combattants tentent de s'étendre sur le territoire de pays voisins en Asie centrale», a poursuivi M. Kaboulov. Kaboulov a répété jeudi que la Russie était prête à coopérer avec Washington et les pays membres de l'Otan en Afghanistan. Moscou a annoncé mardi qu'elle accueillerait mi-février une réunion internationale sur l'Afghanistan avec des représentants des pays de la région, mais a priori sans les Occidentaux. Ces commentaires interviennent alors que le général américain John Nicholson a estimé jeudi qu'il manquait «quelques milliers d'hommes» aux forces de l'Otan en Afghanistan pour qu'elles puissent accomplir pleinement leur mission de soutien aux forces afghanes. Plus de présence militaire en Afghanistan. C'est ce que réclame le commandant des forces de l'Otan sur place, le général John Nicholson. L'Otan maintient dans le pays 13 300 soldats, dont plus de la moitié sont Américains, mais seulement pour former et conseiller les forces de sécurité afghanes. Cela ne suffit pas pour faire face à talibans, a expliqué le général devant le Sénat américain. "Ces contributions pourraient venir de nos alliés et des Etats-Unis, a-t-il dit. Nous avons identifié le besoin d‘étendre le conseil, sans nous limiter au niveau le plus élevé. Ces soldats supplémentaires nous permettraient de muscler notre effort de conseil dans les ministères afghans et d'en faire plus à des échelons inférieurs." Durant cette audition, John Nicholson a aussi montré du doigt certaines puissances étrangères, accusées d‘être trop proches des talibans. "Je reste inquiet de l'influence de certains acteurs extérieurs, particulièrement le Pakistan, la Russie et l'Iran, qui continuent de donner légitimité et soutien aux talibans et d'affaiblir les efforts du gouvernement pour créer un Afghanistan stable." La Russie a, elle, estimé qu'un retrait des soldats étrangers d'Afghanistan aurait des conséquences imprévisibles sur la situation dans le pays au moment où les forces afghanes ont du mal à résister aux jihadistes, Etat islamique compris.