Les taliban disent n'avoir aucune confiance dans l'issue d'un procès du sergent Robert Bales, le militaire américain accusé d'avoir tué 17 civils dans la province de Kandahar, et ont réaffirmé qu'ils se vengeraient sur les Américains. Zabihullah Mujahid, un porte-parole du mouvement insurgé afghan, a affirmé vendredi que la tuerie du 11 mars avait été «planifiée». «Nous nous vengerons sur toutes les forces américaines en Afghanistan et n'avons aucune confiance dans de tels procès», a-t-il dit par téléphone à Reuters. Le sergent Bales, transféré d'Afghanistan et détenu à l'isolement dans la prison militaire de Leavenworth, au Kansas, va être poursuivi aux Etats-Unis pour 17 chefs d'inculpation de meurtre, a déclaré jeudi un responsable américain. Robert Bales va aussi être poursuivi pour des tentatives de meurtre, a ajouté ce responsable, sans en préciser le nombre. Son avocat, John Henry Browne, qui n'a pas pu être joint, a affirmé en début de semaine que les autorités américaines ne disposaient d'aucune preuve sur le déroulement de la soirée au cours de laquelle a eu lieu la fusillade et que Robert Bales n'avait aucun souvenir des faits. Pour les taliban, comme pour de nombreux Afghans, Bales n'a pas pu agir seul. Les Etats-Unis et le commandement des forces de l'Otan en Afghanistan rejettent cette thèse et assurent qu'aucun autre soldat n'a été impliqué dans cette fusillade qui a tendu encore plus les relations entre Washington et Kaboul. «Aujourd'hui, l'Amérique tente de tromper le peuple et tente d'imputer cet acte à un seul soldat. C'est un crime commis par le gouvernement américain. Recourir à une telle ruse, à une telle tromperie constitue un crime énorme», a poursuivi Mujahid. Le massacre de Kandahar a tendu des relations entre Washington et Kaboul déjà mises à mal par la diffusion d'une vidéo montrant des Marines urinant sur les corps de plusieurs combattants insurgés et par l'incinération d'exemplaires du Coran dans la base américaine de Bagram. Les Etats-Unis, qui entendent retirer progressivement leurs troupes combattantes d'ici fin 2014, ont cependant estimé que la tuerie ne remettait pas en cause leur stratégie. Washington espère parallèlement favoriser des pourparlers de paix avec les taliban mais leur décision de suspendre les discussions exploratoires au Qatar avec les Américains a brouillé cette perspective. Ces derniers ont expliqué que les Etats-Unis n'avaient répondu à leurs exigences, parmi lesquelles la libération des prisonniers taliban de Guantanamo, qu'en y ajoutant une série de conditions. Des responsables américains estiment que la suspension des pourparlers n'est qu'un geste tactique qui reflète des tensions internes et veulent croire qu'il ne s'agit pas d'un arrêt définitif de discussions qui pourraient, espère Washington, déboucher sur la fin de la guerre.