Avec les agréments qui donnent le feu vert au lancement des banques participatives, l'opinion publique se soucie de l'impact de la finance alternative sur l'économie marocaine et sa capacité à renforcer le système conventionnel dans le cadre d'une vision intégrée qui prend en considération la particularité du secteur et les défis auxquels il fait face. Cette décision, qui a mis fin à la polémique autour de l'autorisation et la préparation des mécanismes législatifs, organisationnels et fiscaux nécessaires, a été bien accueillie par les financiers et les économistes qui se demandent sur les retombées socio-économiques de ce chantier à ciel ouvert. La discussion autour de la finance participative passe en premier lieu par une analyse macroéconomique, se rapportant au volume de la liquidité que ce modèle économique va injecter sur le marché financier marocain, a déclaré à la le journaliste économiste, Youssef Saoud, rappelant que le total des actifs financiers de la finance participative a dépassé 2 trillions de dollars en 2015 et devrait atteindre 3 trillions de dollars d'ici 2020. En second lieu, l'analyse porte sur l'aspect microéconomique, à travers le ciblage d'une nouvelle clientèle qui refuse de bénéficier des services des banques conventionnelles et évite d'y placer son épargne, a souligné M.Saoud, notant que le taux de bancarisation ne dépasse guère les 70%, selon les derniers chiffres de Bank Al maghrib. "Cette expérience intervient lors d'une phase décisive, où le Maroc s'apprête à devenir un hub financier mondial, à travers notamment le pôle financier de Casablanca, et à jouer un rôle principal dans l'introduction de la finance participative à un marché africain prometteur, qui garantit une marge de manœuvre plus large", a-t-il ajouté. De son côté, l'expert économique, Omar El Kettani, a affirmé que les banques participatives dépendent de trois chantiers primordiaux, à savoir l'assurance islamique et le marché des Sukuks, et les caisses d'investissement. Cette expérience permettra de renforcer le positionnement financier du Maroc au sein de l'Afrique, de créer des fenêtres pour les opérations financières, d'attirer des opportunités d'investissements pour donner un nouveau souffle à l'économie marocaine, a souligné M. El Kettani, ajoutant que la finance participative contribuera à l'élargissement du paysage bancaire marocain et à la création de formules de développement qui combinent les facteurs "travail et capital". Pour sa part, Mohamed Ouardi, professeur à la faculté Chariaa de l'université Ibn Zohr d'agadir, a souligné que ce type de transactions financières répondra aux besoins d'une frange importante de la société qui est à la recherche d'un financement en ligne avec ses convictions religieuses, estimant que, sur le plan économique, la disponibilité d'une liquidité suffisante peut contribuer à la mobilisation de l'épargne intérieure et à encourager l'injection de nouveaux fonds. Selon M.Ouardi, la finance participative dispose de trois mécanismes de financement visant à relancer l'économie islamique. Le premier est basé sur "Mourabaha" et "Ijara", tandis que le deuxième repose sur "Moudaraba" et "Moucharaka" et le troisième concerne la solidarité sociale. Il a fait savoir que Mourabaha et Ijara s'adressent à une catégorie d'employés, qui n'ont pas la possibilité de financer leurs logements, en plus d'autres formats liés à contracter tels que les contrats istisna'a, et des services associés aux domaines agricole et industriel. Dans ce contexte, le professeur de la finance participative à l'université Mohammed V à Rabat, Moncef Ben Taybi, a indiqué que les banques participatives offre une diversité des produits de financement, basés sur une relation de coopération entre le bailleur de fonds et le bénéficiaire, ainsi que sur le partage du gain et de la perte entre les deux parties. Ces banques offrent des produits qui encourageront les jeunes diplômés, ayant des connaissances scientifique et technique mais en manque de capital, à investir et s'ouvrir sur plusieurs domaines pour contribuer au développement économique du Maroc, a-t-il noté, ajoutant qu'ils ne peuvent s'engager que dans les transactions appartenant à un marché régularisé et à des risques limités. Le Comité des établissements de crédit a récemment émis un avis favorable à cinq demandes d'agrément pour la création de banques participatives, ainsi qu'à trois banques pour les autoriser à offrir des produits participatifs. Le comité, composé de deux représentants de Bank Al-Maghrib, dont le Wali en sa qualité de président, et de deux représentants du ministère chargé des Finances, dont la directrice du Trésor et des Finances extérieures, a émis cet avis favorable après étude et analyse de ces dossiers, notamment au plan de l'actionnariat, de la valeur ajoutée au marché marocain, de la gouvernance et des risques. Dans le cadre de cette activité, le Dahir régissant le Conseil Supérieur des Oulémas a été modifié et complété pour créer en son sein un Comité Charia pour la finance participative.