Tout en haut de l'Olympe: l'Américain Michael Phelps et le Jamaïcain Usain Bolt ont phagocyté les Jeux de Rio - comme ceux de Pékin et Londres auparavant - en icônes absolues de leur sport. Quel que soit l'endroit, la première semaine c'est toujours Phelps qui se jette à l'eau. Toujours, car le calendrier des JO en décide ainsi, avec la natation en ouverture. Mais cette fois, la piscine olympique de Rio est passée par toutes les couleurs - au sens propre comme au sens figuré - grâce notamment aux exploits du Kid de Baltimore. Champion, idole, père... Phelps a déroulé à Rio les visages de sa vie, riche et complexe, avec un degré d'intimité jamais atteint auparavant. «En arrivant à la piscine, je n'étais pas loin de craquer, le dernier échauffement, la dernière fois que j'enfilais une combinaison, que j'entrais devant un public, que je représentais mon pays», a-t-il reconnu après sa dernière course. «C'est fou, c'est un sentiment tellement meilleur qu'il y a quatre ans. Je me suis retenu sur le podium, mais il y a quelques larmes qui ont coulé. Je ne peux pas être plus heureux, ça se termine si bien». L'âge de la maturité peut-être ? Phelps a en tout cas gardé un joli secret durant la quinzaine: il s'était marié en toute discrétion deux mois avant les JO, avec sa petite amie Nicole Johnson - avec qui il a connu une relation tumultueuse depuis 2007 -, la mère de son fils Boomer, né le 5 mai dernier. Papa écrit l'Histoire Le bébé et la maman étaient bien présents à Rio, dans les travées, pour voir Michael écrire l'Histoire. En une semaine, le Roi Phelps a ajouté cinq médailles d'or et une d'argent à son palmarès record (28 médailles olympiques dont 23 en or). Parti à la retraite après Londres, il avait replongé pour échapper à l'alcool et à la dépression. Cette fois, il l'a juré: il ne sera pas à Tokyo en 2020. Dans la natation, Phelps est donc unique par sa longévité: premiers Jeux à Sydney en 2000 à l'âge de 15 ans -pas de médaille- suivis de quatre JO monstrueux: six ors à Athènes-2004, huit à Pékin-2008, quatre à Londres-2012 et cinq de plus à Rio-2016. La longévité, c'est aussi ce qu'il faudra retenir d'Usain Bolt, la superstar du sprint. Paradoxal pour un athlète qui n'aura eu besoin que de 200 secondes dans sa carrière pour collecter neuf médailles d'or, en neuf finales. Contrairement à Phelps, Bolt n'a pas encore raccroché. Mais 2017 sera sa dernière année, qui devrait ressembler à s'y méprendre à la tournée d'adieu d'une rock-star. La longévité comme étalon or «Ca ne va pas être aussi intense que les années précédentes (...) cette saison (2017) sera essentiellement destinée à mes fans», a d'ores et déjà expliqué «l'Eclair», même si l'année culminera avec les Mondiaux, du 5 au 13 août à Londres. En attendant, «ce gars est un génie», a lâché Sebastian Coe, président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) d'habitude plutôt avare de compliments lorsqu'il s'agit de sprint. «Il n'y avait eu personne comme lui depuis Mohammed Ali en termes de faculté à capter l'imagination des foules. Si vous m'aviez dit en 2008 que ce gars allait faire tout cela... La différence entre le bon et le super athlète, c'est la longévité. Et Bolt a cette longévité», a expliqué Coe, lui-même double champion olympique sur 1500m (1980, 1984). Avec neuf ors olympiques, Bolt a rejoint le Finlandais Paavo Nurmi, fondeur et crossman dans les années 1920, et l'Américain Carl Lewis, sprinteur et sauteur en longueur à la fin du XXe siècle, au rang d'athlète le plus titré de l'histoire des JO. Un +triple triple+ époustouflant: neuf médailles d'or qui vont toutefois se réduire à huit à cause du contrôle positif a posteriori de Nesta Carter dans le relais 4x100 m de Pékin-2008. Mais même cette perte programmée ne semble pas le rattraper: «Ca ne changera en rien mon héritage. Je serai déçu bien sûr de perdre cette médaille, mais c'est la vie. Que voulez-vous faire?»