Considéré comme forme d'organisation du travail, le télétravail a fait son apparition au début des années 1970 pour perdurer dans un flou et une pratique timide. Il s'est imposé avec le développement des outils technologiques et des moyens de communication à la faveur des possibilités d'adaptations et de facilitation qu'il procure aux télétravailleurs. Le télétravail pose de nombreuses interrogations et suscite des espoirs pour un renforcement de l'emploi, en particulier. Qu'en-est-il du télétravail au Maroc et des opportunités qu'il peut offrir ? Difficile de répondre à ces questions d'autant qu'aucune enquête n'a été jusqu'à présent menée sur ce sujet. La situation du télétravail dans d'autres pays et les avantages que ce mode d'organisation du travail doivent inciter à une appréhension accrue de ce phénomène et de l'intérêt qu'il présente sur le plan économique et social. A l'occasion de la tenue du Forum de dialogue mondial sur les difficultés et les avantages du télétravail pour les travailleurs et les employeurs dans les secteurs des TIC et des services financier (Genève, 24-26 octobre 2016), l'OIT (Organisation internationale du Travail) a publié un document sur le télétravail devant servir de base de discussion au Forum. L'objet du forum est de permettre aux participants tripartites de confronter leurs expériences du télétravail dans les secteurs des TIC et des services financiers afin qu'ils puissent approfondir cette question. Bien que ces avantages, inconvénients et difficultés valent pour l'ensemble de l'économie, certains aspects sont particulièrement importants dans le secteur des services financiers. Certains experts soulignent que le fait d'autoriser le télétravail augmente la probabilité que les employés utilisent leurs propres appareils pour communiquer via des réseaux publics non sécurisés, ce qui augmente la vulnérabilité de l'entreprise aux intrusions hostiles. Ils recommandent donc aux entreprises de rester attentives au matériel et aux logiciels que les employés utilisent lorsqu'ils travaillent hors de leurs locaux et de sécuriser leurs systèmes contre les attaques potentielles de pirates informatiques. Ils recommandent également: de protéger tous les appareils utilisés pour le travail par un mot de passe; de crypter toutes les données à destination et en provenance de ces appareils; de dresser un inventaire, complet et à jour, de tous les périphériques utilisés par les télétravailleurs, y compris ceux qui leur appartiennent personnellement; et d'activer la géolocalisation. En outre, tous les appareils utilisés pour le télétravail devraient comporter une fonction permettant d'effacer leurs données à distance en cas de perte ou de vol. Certains chercheurs ont tenté de chiffrer les gains monétaires résultant des avantages potentiels du télétravail; toutefois, ceux-ci étant fortement tributaires du lieu géographique considéré, il est impossible d'extrapoler ces estimations à différents pays, voire entre régions dans un même pays. Les résultats de cette étude concernant le Canada sont néanmoins présentés, en guise d'indication des économies potentielles, estimées à 53 milliards de dollars canadiens par année, que le télétravail peut apporter à tous‒ entreprises, personnes, société ‒ s'il est pleinement exploité grâce aux technologies existantes. Une étude semblable, réalisée pour les Etats-Unis en utilisant une méthodologie comparable, mais supposant que les employés concernés travaillent à domicile la moitié du temps, conclut que, si tous les employés des Etats-Unis exerçant des tâches compatibles avec le télétravail y recouraient à temps partiel, le bénéfice potentiel pour l'économie serait de 645 milliards de dollars E.-U. L'étude prend en compte une réduction des dépenses d'entretien du réseau routier comme avantage pour la collectivité, mais exclut les prestations de santé. Toutefois, le télétravail peut comporter autant d'avantages que d'inconvénients, et les avantages potentiels identifiés d'une part peuvent tout simplement se traduire en inconvénients de l'autre. Les employeurs ne peuvent réaliser des économies ‒ immobilier, énergie et autres frais ‒ que parce que les dépenses correspondantes sont transférées aux travailleurs, s'il n'est pas stipulé que l'employeur partage au moins une part proportionnelle des économies résultant du télétravail effectué par les employés. Il existe aussi un autre risque pour les télétravailleurs, à savoir une intensification de leur charge de travail, s'il n'est pas expressément prévu qu'ils ont le droit d'éteindre leurs appareils et de ne pas recevoir de communications de l'entreprise en dehors de leurs heures de travail et si ce droit n'est pas pleinement respecté. La flexibilité apparemment donnée aux télétravailleurs de fixer leurs horaires de travail en fonction de leurs préférences ou de leurs besoins particuliers peut facilement devenir un piège, l'employeur s'attendant à ce qu'ils soient disponibles en permanence.