1 - Pierre Tchernia : cinéaste et animateur français (1928 - 2016 La jeune génération se souvient de lui aux côtés d'Arthur dans "Les enfants de la télé", les plus cinéphiles ont encore en tête l'émission culte "Monsieur Cinéma", tout le monde connait la voix du narrateur des "Aventures de Astérix et Obélix" (version animée)... Pierre Tchernia nous a quittéslce samedi 8 octobre 2016. Il avait 88 ans. Pierre Tcherniakowski, dit Pierre Tchernia, est un réalisateur, un concepteur et un animateur d'émissions de télévision français, né le 29 janvier 1928 à Paris, et mort le 8 octobre 2016 dans la même ville. Surnommé « Monsieur Cinéma » en référence à l'émission de télévision homonyme qu'il présentait, ou encore « Pierre "Magic" Tchernia » par Arthur dans le cadre de l'émission "Les enfants de la télé", il est l'un des pionniers de la télévision française. Son père Isaac Tcherniakowski, un ingénieur en chauffage central d'origine juive ashkénaze né en 1874 à Odessa (Empire russe) a fui, en 1898, la misère ; sa mère Aimée Dufour est couturière. Pierre Tchernia est le frère cadet du futur océanographe Paul Tchernia (1905-1986). Élève au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, Pierre découvre le cinéma en fréquentant la salle de cinéma du Magic Ciné de Levallois-Perret où la famille s'est installée. Au terme de sa scolarité, il entre à l'École nationale de photographie et de cinématographie (ENPC) dite « école Vaugirard », puis intègre l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). Dans cet établissement, il se lie d'amitié avec Yves Robert, Jean-Marc Thibault et Jean Richard. Diplômé en 1948, il trouve son premier emploi comme régisseur d'une tournée théâtrale en Allemagne. En collaborant au Club d'essai de la radiodiffusion française, Pierre Tchernia fait la connaissance de Pierre Dumayet et participe à la création du tout premier journal télévisé français en 1949. Il anime l'émission "Les amoureux de la tour Eiffe"l en 1951, et crée une série d'émissions comme "Monsieur Muguet s'évade", "La boîte à sel" (1955-1960) et "La clé des champs" (1958-1959). Il produit et présente "L'ami public numéro un", émission constituée d'extraits des productions Disney, à partir de 1961, sur la première chaîne de la RTF pendant 17 ans. Il crée, en 1964, sur la deuxième chaîne de l'ORTF, "SVP Disney" qui va durer 14 ans. Il co-anime le magazine d'informations de l'ORTF "Cinq colonnes à la une" à partir de 1965, rejoignant ainsi l'équipe des journalistes Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet et Igor Barrère jusqu'en 1966. L'émission, créée en janvier 1959, s'arrête le 3 mai 1968. Il remporte la « Rose d'or » et le Prix du jury de la presse au Festival de la Rose d'Or à Montreux en 1966 pour "L'arroseur arrosé", un documentaire humoristique en hommage aux frères Lumière, écrit en collaboration avec Goscinny et Jean Marsan. Il commente en direct le concours Eurovision de la chanson pour la télévision française à douze reprises entre 1958 et 1974 : en 1958, 1960, 1962, 1963 pour la RTF ; puis pour l'ORTF en 1965, de 1967 à 1970, en 1972 et 1973. Le 6 avril 1974, la France ne participe pas au concours Eurovision à la suite du décès duprésident de la République Georges Pompidou, le concours sera tout de même diffusé par l'ORTF une semaine plus tard avec les commentaires en différé de Tchernia. À partir de novembre 1966, il présente "Septième art, septième case", le premier jeu télévisé consacré au cinéma. Il anime ensuite, de 1967 à 1980, "Monsieur Cinéma". Entre 1976 et 1995, il est plusieurs fois le maître de cérémonie des Césars retransmise sur Antenne 2, France 2 puis sur Canal+. Il présente seul la soirée en 1976, 1977, 1978, 1981, 1985, 1989, et est accompagné en 1979 et 1995 par Jean-Claude Brialy, par Peter Ustinov en 1980, en 1982 par Jacques Martin, par Michel Drucker en 1987. Il anime aux côtés de Jacques Rouland l'émission "Jeudi Cinéma" de 1980 à 1981, devenue "Mardi Cinéma" de 1982 à 1987, puis à partir de 1988 "Bonjour la télé" avec Frédéric Mitterrand. Dans les émissions de "Mardi Cinéma", "Monsieur Cinéma" reçoit les grands noms du 7e art français et internationaux : Jeanne Moreau, Gérard Depardieu, Anna Karina,Jacques Perrin, Jean Marais, Claude Jade, Stéphane Audran, Peter Ustinov, Annie Girardot, Robert Hossein, Jean-Pierre Cassel, Isabelle Adjani, Philippe Noiret, Marie-José Nat et Michel Piccoli entre autres. Il participe aux côtés de l'animateur Arthur à l'émission de divertissement "Les enfants de la télé" dès sa création, le 17 septembre 1994 sur France 2 (transférée sur TF1 en 1996). Il est présent jusqu'en juin 2006. L'émission se poursuit sans lui depuis lors mais est toutefois toujours crédité au générique. Il apparaît exceptionnellement dans l'émission en novembre 2007. Le 18 mai 2008, il fait sa dernière apparition télévisée, en tant qu'invité dans l'émission de France 2 "Vivement dimanche" présentée par Michel Drucker. En 1961, Pierre Tchernia écrit avec Robert Dhéry et Alfred Adam le scénario de "La belle Américaine", film joué par la troupe des Branquignols, dont Louis de Funès et Jean Carmet font partie. Le film est un succès et s'avère le début d'une belle collaboration avec Robert Dhéry. Avec son ami le scénariste René Goscinny, il écrit, en 1972, le scénario de son premier long-métrage de cinéma, "Le viager", avec Michel Serrault dans le rôle principal et une pléiade d'acteurs célèbres dont Michel Galabru, Odette Laure, Rosy Varte, Jean-Pierre Darras, Claude Brasseur, Yves Robert, Jean Carmet, Jean Richard, Gérard Depardieu à ses débuts. Le film est un tel succès que Tchernia tourne, en 1974, "Les Gaspards", toujours avec Serrault, Galabru, Depardieu et Carmet, mais aussi Philippe Noiret, Annie Cordy et Chantal Goya. Pierre Tchernia prendra le même acteur principal, Michel Serrault, pour la quasi-totalité de ses films et téléfilms. Pierre Tchernia fait quelques apparitions dans les films de ses amis (garde-champêtre dans "La guerre des boutons" d'Yves Robert, présentateur dans "La belle Américaine", président du jury dans "Le petit baigneur"), mais aussi dans les siens (journaliste dans "Le viager" et "La gueule de l'autre"). Il participe aussi en tant que narrateur (voix-off) comme par exemple "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre". Pierre Tchernia a participé à l'adaptation de plusieurs albums d'Astérix en animation, prêtant sa voix à la narration de plusieurs films de la série. Il fait une apparition dans le film "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre" où il tient le rôle d'un centurion romain et assure aussi la narration. Il a également participé avec Goscinny et Morris à la réalisation, au scénario et aux dialogues du long-métrage "Lucky Luke : Daisy Town". Sa collaboration de longue date avec les studios Disney le conduit à enregistrer pour le label "Le petit Ménestrel" la narration de plusieurs histoires tirées des films de Walt Disney tels que "Le livre de la jungle". En 1979, Pierre Tchernia remet au nom de la Walt Disney Company un Mickey d'honneur au dessinateur Hergé pour l'ensemble de son œuvre (distinction qui n'a pas été décernée depuis 1967). À partir de 1963, Pierre Tchernia et son épouse, Françoise Pépin, sont propriétaires d'une chaumière dans le village de Kercanic, près de Névez (Finistère). Il est père de quatre enfants. À la fin de sa vie, il habite dans une maison de repos en région parisienne. En 2014, il dément les rumeurs sur son entourage. Chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur depuis le 31 décembre 1992, Pierre Tchernia est promu officier le 31 décembre 2001 puis commandeur le 14 juillet 2011. La Médaille de vermeil de la Ville de Paris lui est remise par Bertrand Delanoë le 29 janvier 2008 — le jour de son quatre-vingtième anniversaire — pour ses services rendus à la présidence du Forum des Images. 2 - Andrzej Wajda : réalisateur polonais (1926 - 2016) Salué à Cannes, aux Oscars, aux César, à Berlin, à Venise, aux Bafta ou encore aux Golden Globes, le réalisateur polonais Andrzej Wajda s'est éteint le dimanche 9 octobre à Varsovie, succombant à une insuffisance pulmonaire. Cinéaste majeur, il a raconté l'histoire de son pays sur plus de six décennies de cinéma. Andrzej Wajda était un réalisateur et scénariste de cinéma, metteur en scène de théâtre polonais, né le 6 mars 1926 à Suwałki (Pologne) et mort le 9 octobre 2016 à Varsovie. Andrzej Wajda naît d'une mère institutrice et d'un père officier. Ce dernier est tué en 1940, lors du massacre de Katyń, commis par les Soviétiques et camouflé en crime de guerre allemand. Le jeune Andrzej s'engage deux ans plus tard, à 16 ans, dans la résistance contre l'occupant nazi, au sein de l'armée de l'intérieur polonaise,Armia Krajowa. À la fin de la guerre, il fait des études de cinéma à l'Académie des beaux-arts de Cracovie, puis à Łódź, dont il fréquente l'école de cinéma. Il passe à la réalisation avec "Une fille a parlé", en 1955, où il rompt déjà avec le ton partisan des productions de l'époque. En plus de ce film, Wajda se fait remarquer à cette époque par deux autres films qui mettent en avant la destinée de la génération des Colombs : "Ils aimaient la vie" (1957) et "Cendres et Diamant" (1958). En 1972, il est appelé à présider l'Union des cinéastes polonais. Il est aussi metteur en scène de théâtre. Proche des idées libérales de Solidarność, il se lie d'amitié avec Lech Wałęsa qui le nomme au comité des citoyens auprès du syndicat en 1988. Il a souvent été ennuyé par la censure pour sa critique virulente des méthodes utilisées sous le stalinisme et pour l'évocation d'une Pologne en crise, aspirant à la liberté et à la démocratie ; sujets qu'il traite notamment dans son diptyque, "L'homme de marbre" et "L'homme de fer", tourné durant les premiers événements provoqués par le syndicat Solidarność. Wajda n'en est pas moins resté une sommité artistique et une instance morale pour son pays, avant comme après l'ère communiste. Il a siégé au premier sénat élu librement en 1989. Son œuvre cinématographique a été récompensée au plus haut niveau : Andrzej Wajda a notamment reçu un Prix spécial du jury et une Palme d'or à Cannes, deux Ours d'argent à Berlin, deux Césars et un prix Louis-Delluc à Paris, trois BAFTA au Royaume-Uni et un Oscar d'honneur à Hollywood. Andrzej Wajda était marié à l'actrice Krystyna Zachwatowicz . Wajda incarne le renouveau du cinéma de son pays à partir des années 1950. Considéré comme le plus grand cinéaste polonais à son époque, il réalise plusieurs fresques aux accents épiques et au ton romantique, bien loin de l'exercice de propagande propre au réalisme socialiste. Par la beauté onirique et la crudité des images, "Une fille a parlé" évoque le cinéma de Luis Buñuel. Le réalisateur cherche à s'éloigner de la promotion du mode de vie communiste sur lequel il jette un regard lucide et acéré. Sa vision baroque du cinéma et de l'art, qui ne recule pas devant la représentation de la violence, côtoie les grands thèmes de l'histoire nationale dans laquelle il puise son inspiration. Jouant d'un certain symbolisme et traitant des mutations de la société polonaise d'après 1945, ses films sont généralement axés sur le conflit opposant aspirations individuelles et engagement politique. Ce dilemme moral sert par ailleurs à placarder le culte nationaliste de l'héroïsme et à dénoncer la bêtise, la haine, le mépris et la compromission politique. L'abnégation et le don de soi sont promus sur un plan personnel (Ils aimaient la vie, Cendres et Diamant, Le bois de bouleaux, La terre de la grande promesse, L'homme de marbre, L'homme de fer, Korczak, Pan Tadeusz). Cosmopolite, Wajda réalise en France une œuvre historique fiévreuse sur les derniers jours du Jacobin Georges Danton : "Danton" (1982) avec Gérard Depardieu dans le rôle-titre. En 1988, il adapte "Les possédés" de Dostoïevski dans lequel il dirige Isabelle Huppert et Lambert Wilson. Auparavant, il met en scène un drame sur les amours malheureuses d'une Allemande et d'un Polonais durant la Seconde Guerre mondiale : "Un amour en Allemagne" (1983) avec Hanna Schygulla. En 2007, il réalise "Katyń" qui revient sur le massacre qui a coûté la vie à son père. En 2013, il signe "L'homme du peuple", une biographie filmée de son ami Lech Wałęsa.