Suite au grand succès rencontré par la deuxième édition de l'exposition internationale « les mains qui voient » dédiée au parcours de l'artiste plasticien Abdelkrim Ghattas l'association « Création et Communication » envisage l'organisation de la troisième édition de cet événement avec la participation de 30 artistes (peinture , photographie artistique, sculpture et design ), et ce du 2 au 10 décembre 2016 à l'espace artistique La Coupole de Casablanca. Après cette belle expérience initiée en partenariat avec l'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Casablanca et la Mondial Art Académia présidée par l'artiste de renommé mondiale Pierrick Here, cette année encore l'événement sera étalé sur une semaine pour permettre aux passionnés d'art de mieux apprécier les œuvres exposées et d'accompagner tous les actes programmés en hommage à l'artiste plasticien de renom Ahmed Cherkaoui ( (Boujaad, 2 octobre 1934 -Casablanca, 17 août 1967) , précurseur de 'art moderne au Maroc. Cet événement se présente comme un forum interculturel à travers des visites guidées, des signatures des livres d'art, des ateliers thématiques et des débats ouverts in situ ou à l'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Casablanca. Sur l'esprit de cette exposition, Zahra Algo présidente de l'Association organisatrice, nous a confié : « Cette exposition offre un espace de partage d'idées et d'expériences dans les domaines des beaux arts entre les participants d'ici et d'ailleurs et permet aussi aux visiteurs de découvrir la dynamique de développement socioculturel que connaît le Maroc et l'évolution qui marque le secteur créatif contemporain. Formant une plate-forme promotionnelle présentant tout ce qu'il y a de plus récent dans le domaine des arts plastiques, ce rendez vous fournit l'occasion propice pour faire connaître les productions artistiques et répond au souci de s ́ouvrir sur toutes les expériences d ́ici et d ́ailleurs. Par ailleurs, ce rendez-vous est destiné aux participants et passionnés d'art afin de multiplier les opportunités de rencontres et cibler au mieux les possibilités d'échange et de partenariat. Cette exposition se veut un libre champ qui offre ainsi de nouvelles opportunités de savoir, de recherche et connaissance et accentue aussi la création et l'interaction. ». Il est à rappeler que l'artiste Ahmed Cherkaoui (Boujad, 2 octobre 1934 - Casablanca, 7 Août 1967) est considéré comme l'un des précurseurs de la peinture moderne au Maroc. Issu par son père de la grande famille Cherkaoui dont un des aïeux, Mohamed Cherki, est un soufi célèbre, et par sa mère, qui meurt alors qu'il est encore jeune, d'un village berbère du Moyen Atlas, Ahmed Cherkaoui passe son enfance à Beni-Mellal. Il s'initie à la calligraphie et étudie le Coran puis poursuit ses études secondaires à Casablanca, approfondissant auprès d'un maître réputé son apprentissage de la calligraphie. Désirant partir pour Paris, il exécute différents travaux, panneaux publicitaires, affiches et peintures d'enseigne. Arrivé à Paris en 1956, Cherkaoui s'inscrit à l'École des Métiers d'Art dans la section arts graphiques où il étudie les techniques de la lettre, de la décoration et de l'affiche. Son diplôme obtenu en 1959, il dessine pour la maison Pathé Marconi les maquettes des pochettes de disques du département oriental. Ses premières peintures, figuratives, sont des paysages marocains. Il éprouve un choc lorsqu'il découvre la peinture de Bissière au Musée d'Art Moderne de Paris : « Lorsque j'ai vu Bissière pour la première fois, j'ai été tellement ému que j'ai pleuré. J'ai éprouvé un choc terrible devant ses œuvres. J'avais devant moi la beauté incarnée », confiera-t- il. La même année, il expose pour la première fois ses peintures, faisant le choix de la toile de jute comme support. En 1960 Cherkaoui entre à l'École des Beaux Arts de Paris. Associé aux peintres de l'École de Paris, il tente la synthèse entre les traditions artistiques populaires marocaines et la modernité artistique européenne. Il expose pour la première fois au Maroc, au « Salon de la jeune Peinture » de Rabat. Ayant reçu en 1961 une bourse d'un an pour étudier à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie, sa peinture évolue au contact des recherches graphiques polonaises et son vocabulaire de signes s'enrichit. En juin, juste à la fin de son séjour polonais, il expose ses nouvelles œuvres à Varsovie. De retour au Maroc en août 1961, Ahmed Cherkaoui traverse une période de doute et d'interrogations. Il s'intéresse alors au monde des signes, étudiant les graphisme des tatouages, des poteries. Bientôt il brise la structure de ces signes en les intégrant, en marge de toute allusion figurative, à ses compositions et se constitue son langage personnel. Participant à plusieurs expositions collectives, à Paris comme à Casablanca, il est encouragé par Gaston Diehl, président fondateur duSalon de Mai et alors attaché culturel auprès de l'Ambassade de France au Maroc. La même année Cherkaoui s'installe pour l'hiver à Paris où il travaille à une série de gouaches. En 1962 il présente une exposition personnelle et il participe à l'exposition « Peintres de l'École de Paris et Peintres Marocains » organisée par Gaston Diehl à Rabat. Invité au Salon de Mai il y rencontre Ludmilla qu'il épousera l'année suivante. Il fait également partie des expositions « École de Paris 1962 », à la Galerie Charpentier, et « Dix peintres du Maghreb », présentée en 1964 par Pierre Gaudibert à la galerie Le Gouvernail, avec Benanteur, Bouqueton, Guermaz et Khadda. Cherkaoui est par la suite présent dans de nombreuses expositions collectives notamment en France et au Maroc, mais aussi en Algérie, en Espagne, au Japon et en Suède. En mai 1965 il prend un poste de professeur de dessin d'art au collège d'enseignement technique de Beaumont-sur- Oise. Il participe en 1966 au « Festival International des Arts Nègres » de Dakar et à l'exposition « Six Peintres du Maghreb » à Paris, présentée en 1967 à Tunis, avec notamment Benanteur et Guermaz. Il envisage alors de rentrer au Maroc : « Je cherchais à Paris la célébrité, j'y renonce, je rentre au Maroc, je veux former les enfants de chez nous ; si nous voulons sortir du sous-développement, il nous faut tous mettre la main à la pâte ». À moins de trentetrois ans il meurt à Casablanca des complications d'une crise d'appendicite. De nombreux hommages à Cherkaoui sont organisés dans les années suivantes. En 1991 une exposition « Peintres du Maroc : Belkahia, Bellamine, Cherkaoui, Kacimi », est présentée à l'Institut du monde arabe de Paris, qui réalise en 1986 une rétrospective « Cherkaoui ou la passion du signe ». « Enfant, ces signes l'intriguaient chez sa mère qui les portait sous forme de tatouages au visage et sur les mains. Il a fait des recherches à travers l'Atlas et dans différentes régions du Maroc (...). Il les admirés sur les poteries anciennes, les bijoux, les tapis, les cuirs des régions sahariennes (...). Il n'a pas reproduit le signe tel qu'il existait dans l'art traditionnel marocain, mais il l'a transposé par les moyens plastiques qui lui sont propres. (...) Il en a fait un langage pictural personnel, par la luminosité de la couleur, sa richesse, sa densité ».